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Plonger
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l’ombre
pour
faire
émerger
la
lumière

Et si nous apprenions à connaître, aimer et travailler nos parts d’ombre ? Car sans elles, pas de lumière ! Dans son nouvel ouvrage, Le Shadow Work d'Isabelle Cerf, publié aux éditions Trédaniel, l’auteure propose un journal dédié à cette pratique de connaissance de soi, avec douceur et bienveillance. Un outil idéal pour identifier nos besoins véritables et nos limites.
Plonger dans l’ombre pour faire émerger la lumière
Santé corps-esprit

Qu’est-ce que le shadow work ?


Le shadow work, terme anglais qui signifie littéralement « travail de l’ombre », est le fait de regarder, de comprendre et d’accepter tout ce que l’on considère comme négatif en soi-même. Nous ne sommes pas qu’amour et lumière.

Nous sommes beaucoup plus complexes que cela.

Pratiquer le shadow work, c’est découvrir toutes les parties de son être et les aimer pour ce qu’elles sont. C’est arrêter de se fuir et faire une pause pour regarder en face la réalité de notre être. C’est prendre conscience que vouloir libérer, gommer ou nier tout le négatif en nous est impossible, et que ce n’est pas le chemin qui mène au bonheur.

Car le bonheur se trouve dans l’équilibre intérieur. C’est le principe du yin et du yang, une des bases du taoïsme. Composer avec deux forces opposées mais indispensables l’une à l’autre pour créer l’équilibre. Pour bâtir notre bien-être, nous avons besoin de regarder et de travailler notre partie sombre.

Nous avons besoin de faire ce travail de l’ombre, ce shadow work.

Carl Jung, un éminent psychanalyste suisse, est à l’origine du concept de shadow work. Selon Jung, notre psyché est composée de divers archétypes et aspects, dont certains sont souvent négligés ou refoulés dans l’inconscient. Le shadow work consiste en l’exploration consciente de ces parties sombres ou moins connues de soi-même. Jung croyait que cette confrontation avec le shadow, ou l’ombre, était cruciale pour une croissance psychologique et spirituelle. En faisant face à nos aspects refoulés, en les comprenant et en les intégrant, on peut accéder à une plus grande authenticité et à un équilibre intérieur. Ainsi, le concept de shadow work de Carl Jung a profondément influencé la psychologie contemporaine en encourageant l’individu à explorer les profondeurs de son être pour une transformation personnelle significative.


De quoi notre partie sombre est-elle constituée ?


Notre partie sombre est unique, et différente selon chaque personne. Mais pour chacun d’entre nous, elle est constituée de :

nos blessures,
nos émotions négatives qui nous conseillent, nos blocages,
nos schémas relationnels négatifs,
nos mécanismes de fonctionnement figeants.


Comment notre partie sombre se crée-t-elle ?


Tout le monde a une partie sombre, mais elle ne se crée pas de la même façon pour chaque personne.

• Elle peut se créer au cours de notre enfance. Ce sont alors des expériences douloureuses vécues ou des traumatismes subis qui peuvent générer des poids intérieurs et affecter notre quotidien en tant qu’adultes.
• Elle peut également se créer à cause de notre karma familial. Ce sont alors des mémoires transgénérationnelles qui sont transmises de génération en génération, et dont nous héritons, des poids qui influencent négativement des personnes d’une même famille.
• Elle peut enfin se créer avec notre karma personnel. Mais pour comprendre ce concept, il est important d’être sensible à celui de réincarnation. C’est‑à‑dire à l’idée que notre âme se réincarne de vie en vie dans différents corps, auprès de différentes personnes et dans différentes situations pour vivre des expériences. Le but de ces réincarnations est d’atteindre la sagesse de l’âme. Au cours de celles‑ci, notre âme peut donc porter en elle des poids issus de ses vies antérieures. Cela peut influencer négativement nos actions, nos réactions, nos relations et notre quotidien.

Mais il n’est pas tant important de comprendre d’où viennent nos parts d’ombre que d’accepter de travailler sur elles lors du shadow work.


L’impact de notre partie sombre dans notre quotidien


Notre partie sombre (comprendre donc nos blessures, nos émotions négatives qui agissent en tant que conseillères, nos blocages, nos schémas relationnels négatifs et nos mécanismes de fonctionnement figeants) occupe la place que nous lui donnons.

Sans nous sentir coupables, il est très important de prendre conscience de notre propre part de responsabilité dans le pouvoir de notre partie sombre dans notre quotidien. Plus on va l’écouter comme conseillère, et plus on va chercher à la fuir et ainsi lui donner du pouvoir.

À l’inverse, plus on la regarde, plus on l’écoute comme une alerte et plus on cherche à la comprendre, plus on va créer un équilibre avec elle.

Écouter sa partie sombre comme une conseillère, c’est lui accorder une crédibilité qui nous empêche d’avancer, alors que l’écouter comme une alerte permet d’avoir juste le déclic nécessaire à la mise en action.

Notre partie sombre dans sa pleine puissance peut :

nous bloquer dans une zone de confort figeante,
nous bloquer dans des schémas relationnels dysfonctionnels,
nous bloquer dans une fuite de nous-mêmes,
nous bloquer dans des situations inconfortables,
nous bloquer dans la création de notre propre bonheur.


Les bénéfices secondaires de l’ombre


Même si notre partie sombre peut nous sembler terrifiante, elle nous apporte de nombreux bénéfices secondaires. Un bénéfice secondaire est un effet positif dans une situation négative.

Quand nous laissons notre partie sombre éteindre notre lumière, nous pouvons nous sentir rassurés.

Je sais que c’est paradoxal, mais je vais vous expliquer pourquoi.

Quand nous sommes dans l’ombre, nous demeurons cachés.

Nous ne prenons pas de risques car nous restons figés dans notre zone de confort.

Nous n’avançons pas et nous ne prenons pas de décisions. Nous nous protégeons de potentiels échecs ou erreurs (qui n’en sont pas, car tout est expérience).

Nous nous cachons des autres et nous ne prenons donc pas le risque de ressentir des sentiments négatifs à leur contact. Nous nous protégeons d’une potentielle déception ou douleur à la suite d’éventuels conflits ou séparations.

Notre partie sombre comme conseillère est séduisante car elle nous empêche de prendre des risques ; elle est sécurisante car elle nous bloque dans une zone de confort. Et même si celle‑ci peut être inconfortable, elle est rassurante car elle nous est familière.

Nous la connaissons par cœur. Nous nous sentons en sécurité et cela nous donne l’impression de contrôler tous les éléments de notre vie.

Comment travailler notre partie sombre ?


Nous pouvons être tentés de faire appel à une méthode miracle, rapide et efficace pour travailler sur notre partie sombre. Mais ce sera inefficace sur le long terme.

Le shadow work demande en effet de se mettre en action. Il nécessite du temps et de l’engagement envers soi.

Plus nous allons nous concentrer sur nos besoins véritables et sur nos limites, et plus nous allons travailler notre partie sombre. Plus nous essaierons, plus nous expérimenterons et plus nous avancerons. Car le shadow work est tout sauf un travail passif.

Il est une vraie invitation à nous mettre en action dans notre quotidien, dans notre relation avec nous‑mêmes et avec les autres, dans notre routine, dans nos projets.

C’est vraiment un travail d’action.


Les étapes du travail de l’ombre


Il y a différentes étapes qui sont très importantes pour travailler notre partie sombre.

Chaque étape a une durée variable, qui est fonction de chaque personne. Ce n’est pas une course.

Le but, je le redis, est de travailler ses ombres en fonction de ses ressources et de ses limites.

Regarder
Très souvent, quand on parle d’ombres, on peut chercher à fuir. On va alors courir jusqu’à en avoir la respiration coupée et les jambes endolories. Nous ne pouvons pas nous fuir. Même à l’autre bout de la Terre, nous sommes toujours avec nous‑mêmes. La première étape du shadow work est de regarder notre partie sombre. D’arrêter de la fuir et de la regarder en face.

Comprendre
Après avoir regardé notre partie sombre, le vrai travail de l’ombre se révèle. Nous allons comprendre pourquoi nos ombres sont présentes, comment elles nous influencent, le rôle que nous leur donnons, la place de notre libre arbitre dans leur pleine puissance. La compréhension ouvre la porte à de vrais trésors intérieurs. Elle permet de découvrir de nombreuses facettes de notre être. C’est passionnant et bouleversant.

Accepter
Après avoir compris notre partie sombre, notre but est de ne pas laisser la peur nous donner envie de nous fuir de nouveau. Il est très important d’accepter nos ombres, c’est‑à‑dire d’avoir conscience qu’elles sont et seront toujours là. L’acceptation est fondamentale, car elle nous aide à faire une pause et à trouver notre propre rythme. Elle nous permet d’être honnêtes et sincères avec nous‑mêmes.

Aimer
Après avoir accepté nos ombres, nous allons les aimer car nous avons conscience que ce sont des parties de nous qui sont en souffrance. Nous allons les apaiser par un amour véritable. Nous allons avoir envie d’écouter nos vrais besoins et de respecter nos limites. C’est à ce moment‑là que l’amour s’éveille et que le bien‑être se crée.

Agir
Après l’amour, ce sont les actions qui se mettent en place. Des actions concrètes qui vont transformer en profondeur notre quotidien. Des actions qui vont être en accord avec notre personnalité, notre cadre de référence, nos passions et nos projets.


Les limites du travail de l’ombre


Il est très important d’avoir conscience que le shadow work n’est pas miraculeux et qu’il a ses limites. Nos traumatismes peuvent gravement impacter notre psyché, et cela peut créer des troubles et des pathologies physiques et/ou mentales.

Au‑delà de notre bonne volonté, au‑delà de notre envie de créer un équilibre avec notre partie sombre, nous pouvons ne pas en être capables.

Ce n’est pas un échec et ce n’est pas une fatalité.

Nous sommes des êtres complexes avec des ressources limitées, mais nous pouvons être aidés par des professionnels de santé, par des ressources médicales, par des soutiens médicamenteux, etc. Tout cela est une perception personnelle, mais il est important de le rappeler.

Le but n’est pas de se culpabiliser ou de croire qu’aucune solution n’est à notre portée.
Chaque chose a ses limites, et le travail de l’ombre a les siennes. Il est important d’en prendre conscience pour créer un travail sur soi qui respecte nos ressources et nos limites. [...]


Le Shadow Work d’Isabelle Cerf, éd. Trédaniel, 2024, p. 9 à 15.
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