S’immerger au cœur d’un cercle d’hommes concernés par la violence faite aux femmes, c’est l’expérience qu’a menée le journaliste Mathieu Palain. Rencontre.
Art de vivre
Shutterstock/Monkey Business Images/Marjan Apostolovi
La violence des hommes à l’égard des femmes est un sujet qui nous concerne tous, et qui en aucun cas ne doit être banalisé et encore moins considéré comme une fatalité ! Si nous voulons vraiment faire bouger les lignes, nous devons questionner ce point aveugle de notre société. C’est le défi qu’a choisi de relever le journaliste Mathieu Palain(1) en s’immergeant pendant six mois dans des groupes de parole d’hommes en fin de détention pour violence conjugale. Un voyage qui va bouleverser son rapport au masculin, à la violence. Ses propos, entre intimité et réflexions sociales, nous impliquent tous, et sont autant de balises pour tenter de comprendre, cesser de répéter, et emprunter de nouveaux sentiers ensemble, ceux de la résilience.
En quoi vous êtes-vous senti concerné personnellement
par la violence des hommes ?
Le mouvement #MeToo le 5 octobre 2017 a été le déclencheur. D’un point de vue professionnel, tout d’abord. J’ai réalisé que je n’avais jamais traité ce sujet en tant que journaliste. Et puis je me suis posé des questions plus personnelles. C’est lors d’échanges avec mes sœurs, ma mère et mon entourage féminin que je réalise avec effroi que toutes avaient vécu un épisode de violence masculine ; que ce soit un rapport non consenti, une agression dans la rue, des gestes déplacés, au bureau, dans la sphère publique ou intime. J’ai pris conscience, alors, que je faisais partie du clan des hommes, et la question de cette violence, de cette domination s’est imposée !
Lectures d’articles de presse, témoignages, livres... pendant plus d’un an, j’ai fait des recherches, et j’ai été troublé par les points communs qui « rassemblaient » ces hommes, quels que soient leur statut social, leur âge, leur profil. Puis, en 2018, le service de probation et d’insertion pour les violents conjugaux à Lyon m’appelle pour me proposer d’intégrer un groupe de parole d’hommes. J’ai dit oui !
Qu’avez-vous découvert,
en premier lieu ?
Le plus effrayant était que j’aurais pu être l’un d’eux ! J’ai pris conscience que je pouvais leur ressembler, dans le sens où finalement, ce ne sont pas les monstres que je m’étais imaginés. Frapper sa femme jusqu’à la défigurer, lui fracturer des côtes est tout à fait inimaginable
pour moi, comme pour eux d’ailleurs… Et pourtant, ils l’ont fait ! Quel est ce « facteur » sous-jacent qui les réunit tous ? En premier lieu me viennent bien sûr les injonctions de virilité toujours véhiculées par notre société, transmises dans les familles dès le plus jeune âge. Être un homme, toujours aujourd’hui, c’est être fort, ne pas pleurer, ne pas se laisser marcher dessus. C’est dominer finalement, répondre à toutes les situations par la démonstration de sa force. Si les mouvements féministes nous en rappellent les conséquences mortifères, ce n’est pas une évidence pour tous.
Alors, qui sont ces hommes ? Avez-vous trouvé un début de réponse ?
Je ne vais pas vous mentir, j’avais une vision « cliché » de ces hommes – pas éduqués, alcooliques – et en réalité c’est monsieur tout-le-monde, un voisin, le boulanger, un pote. Avec ces hommes rencontrés à Lyon et qui sortaient de prison, se dessinait la violence d’une France essentiellement populaire, laborieuse. Mais le spectre est tellement plus large… La diffusion de la parole a ouvert les portes de foyers plus aisés, là où les conjoints violents sont médecins, avocats, traders, enseignants, cadres supérieurs… et peu sont condamnés.
Directrice de la collection l’Éveil du féminin et créatrice du blog uneaura4étoiles dédié à ce mouvement, elle suit des enseignements chamaniques et participe à des cercles de femmes depuis une quinzaine d’années. Catherine contribue au magazine Inexploré depuis plusieurs années en tant que journaliste. ...
À
retrouver
dans
Inexploré n°60
Nos illusions
Il est temps de sortir de la Matrice… D’ailleurs, y en a-t-il vraiment une ? Et si le monde qui nous entoure n’était que la projection de notre esprit ? Illusions biologiques, temporelles, intellectuelles : notre cerveau nous joue des tours ! Les spiritualités d’Orient et d’Occident l’enseignent depuis des millénaires, les sciences cognitives, la physique quantique et la psychologie apportent de nouvelles perspectives pour comprendre le réel et vivre mieux. Pour le soixantième numéro d’Inexploré, la rédaction dresse un état des lieux ambitieux de notre réalité, pour changer notre rapport à l’autre et au temps, mais aussi pour faire face à la dualité qui nous questionne tant. Bonne lecture !
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