Nous sommes nombreux à ressentir l’appel à bâtir un nouveau monde, fondé sur l’entraide, la collaboration, l’égalité, le soin à la terre... Il semble particulièrement crucial aujourd’hui de se relier à ceux qui avancent dans la même direction que nous et d’ouvrir la voie à des formes de collaboration singulières.
Isolement social, précarité financière, recul des libertés, augmentation des dépressions... La crise de la Covid-19 aura sans nul doute contribué à entériner les inégalités et à fragiliser une large frange de la population.
Le constat est sans appel : en 2020, les troubles dépressifs majeurs et troubles anxieux ont bondi respectivement de 28 et 26 % (étude :
The Lancet). Que faire alors pour retrouver du sens, du lien, renouer avec notre souveraineté et voir fleurir nos aspirations profondes ? Et si l’espoir résidait dans la collaboration ?
Le seuil de partageabilité
De l’habitat partagé à la consommation collaborative, en passant par le
coworking et la mutualisation d’outils et de compétences, les philosophies du
share (« partage ») prennent de l’ampleur depuis quelques années. En changeant nos modes de vie à notre niveau, nous avons l’opportunité d’insuffler à plus large échelle un nouveau modèle socio-économique.
Si, pour l’enfant, partager va de soi, en devenant adulte et en gagnant notre propre argent, sous l’influence de notre société individualiste, s’installe la notion de propriété, plus ou moins exclusive. L’acte de partage n’est plus aussi naturel... Comme nous pouvons tous le constater, les biens que nous possédons (logement, place de parking, jardin, voiture, outils, objets divers et variés, etc.) restent inutilisés la plupart du temps. Pourquoi alors ne pas les prêter ? «
Partager signifie à la fois “diviser” et “mettre en commun”. Mais l’enjeu principal est de partager sans se déposséder. Mais se dépossède-t-on réellement lorsqu’on partage ? Ne serait-ce pas plutôt nos biens – matériels ou immatériels – qui finissent par nous posséder ? », questionne Hélène Pouille, accompagnatrice de porteurs de projets et membre du collectif Ouishare (dans
La vie share, Anne-Sophie Novel, éd. Manifestô). Moins on accorde de valeur affective à un objet et plus on est prêt à le prêter ! Le désinvestissement affectif accompagne donc la croissance de l’économie du partage. Aussi, pour faire société différemment, chacun doit s’interroger sur son « seuil de partageabilité ». Il ne s’agit pas de se contraindre à un mode de vie qui ne nous convient pas, mais d’être suffisamment dans cette dynamique pour en tirer du bien-être... et du lien !
Essentiellement portées par l’évolution des usages d’Internet et de la crise sociétale, les possibilités ouvertes aujourd’hui par ces nouveaux modes de consommation trouvent un public de plus en plus large. Si la consommation collaborative n’a rien de nouveau (se rendre des services entre voisins, vider son grenier lors d’une brocante, prêter ou donner des affaires à des amis...), le numérique a permis un changement d’échelle grâce aux plateformes de partage sur Internet et via des applications, qui favorisent l’économie locale et le circuit court. Depuis le début de l’épidémie de la Covid-19, de nombreux Français ont ainsi revu leur mode de consommation pour s’engager dans ce que l’on nomme « l’économie collaborative ». Elle repose sur le partage ou l’échange entre particuliers de biens, de services ou de connaissances, avec ou sans contrepartie monétaire, et répond au problème de sous-utilisation de biens et d’infrastructures, favorisant l’usage commun des biens plutôt que leur possession. Son développement touche tous les secteurs d’activité : logement (échange d’appartements, habitat participatif...), transport (covoiturage, location de voiture...), alimentation (groupements de consommateurs, AMAP...), équipements divers (don, prêt...), services d’aide entre particuliers (courses, cours, bricolage, ménage...).
Si tout le monde vivait comme les Français,
2,7 planètes seraient nécessaires. Il nous faut revenir à 1, voire 0,6 pour permettre à la nature de se régénérer.
(...)