Le virus COVID-19 a remis en exergue notre rapport à la vie et à la mort
dans une société divisée par les polémiques engendrant la peur.
Il est aussi venu interroger ce que pourrait être la médecine du futur.
Plus qu’à une crise sanitaire,
nous assistons à une véritable
crise de conscience qui remet en
question notre rapport à la santé et
les liens étroits qui peuvent se tisser
entre les pouvoirs scientifique,
politique et économique. Sur fond
de suspicion de conflits d’intérêts,
elle est aussi une crise de confiance
envers nos dirigeants. La peur a
surgi et pas n’importe laquelle,
la plus profonde, celle de mourir
et en plus, pour certains, celle
d’avoir été trompés. Quels sont les
dommages d’une telle crise sur la
psyché des individus ? Comment
envisager la médecine du futur ?
Pour le D
r Yann Rougier, neuroscientifique,
«
les virus surgissent
comme un marqueur divin de la
folie des hommes, comme un test
de conscience ». Ils existent depuis
toujours : «
Au contraire des bactéries,
ils appartiennent au monde du
non-vivant et ne s’activent que si le
terrain biologique est propice, donc
si on leur en donne la possibilité. Ils
se transforment et mutent non pas
par intelligence, mais en fonction des
influences extérieures. »
Des polémiques parmi
les experts
Les polémiques autour de la santé
ont fusé depuis le début et la communauté
scientifique s’est largement
divisée, tout comme la population.
Encore aujourd’hui, sur bien des
points, nul ne sait vraiment qui a
raison. Aussi, la division autour de
l’hydroxychloroquine, traitement
prometteur contre le virus déjà
recommandé dans de nombreux
pays, a remis en question le paradigme
scientifique. Au cœur de la
crise qui décomptait chaque jour
les morts, le P
r Raoult, infectiologue
marseillais, et surtout, rappelons-le, l’un des chercheurs européens
les plus cités par la communauté
scientifique internationale,
incitait à ne pas attendre : «
Quand
vous avez un traitement qui marche
contre zéro autre disponible, c’est
celui-ci qui devrait devenir la référence.
» Ses détracteurs lui ont reproché
de ne pas avoir respecté la
« méthode scientifique » et en ont
appelé au principe de précaution,
en attendant le résultat d’autres
études. Mais en temps de crise, a-t-on vraiment le temps d’attendre ?
Ou bien est-il préférable d’expérimenter
au plus vite toute piste
prometteuse ?
Affichant un look décalé et un
caractère rebelle, le P
r Raoult a
été érigé sur les réseaux sociaux
en une sorte de sauveur universel.
Il est apparu aussi comme
une victime du système des lobbies
pharmaceutiques. L’essayiste
Idriss Aberkane, spécialiste en
neurosciences, pousse un véritable
coup de gueule en affirmant
: «
La corruption académique
tue.(1) » Il dénonce l’absence d’intérêt
pour l’hydroxychloroquine
qui ne coûte rien. La peur qu’on
nous mente surgit çà et là. D’après
Jean-Dominique Michel, anthropologue
médical et expert en santé
publique à Genève, c’est toute la
recherche médicale qui est en crise
depuis une quinzaine d’années. Le
D
r Relman, ancien rédacteur en
chef démissionnaire du
New England
Medical Journal, avait d’ailleurs
déjà souligné en 2002 que
«
la profession médicale est achetée
par l’industrie pharmaceutique, non seulement en termes de pratique
de la médecine, mais aussi d’enseignement
et de recherche ». Toujours
est-il que pour de nombreux médecins,
l’hydroxychloroquine est une
substance présentant peu d’effets
secondaires. Elle est prise par des
centaines de millions de personnes
depuis des décennies pour traiter
ou prévenir le paludisme.
Face à la pénurie de masques, alors
même que le gouvernement faisait
volte-face sur la nécessité d’en
porter, des villes comme Cannes se
sont appuyées sur un réseau local
de couturiers pour en fabriquer des
réutilisables en tissu. Aussi, à Nice,
le maire, lui-même contaminé par
la COVID-19, n’a pas attendu
pour approvisionner les établissements
hospitaliers de sa commune
en hydroxychloroquine.
Cette crise inédite a poussé
chacun à s’interroger sur sa
responsabilité individuelle
et à prendre des initiatives
locales. Le D
r Yann
Rougier encourage d’ailleurs
largement chacun à
reprendre la main sur sa
santé et, en cas de crise, à
adopter le « confinement
individuel » : mettre un
masque et des gants et
respecter un mètre de distance
entre chacun. «
La
médecine de demain nous
impose de réfléchir sur ce
que nous vivons, à réaliser
qu’une partie de notre santé
nous appartient et qu’aucune
médecine au monde ne pourra
s’y substituer. Elle va replacer
l’humain au centre. Tous
les processus d’autoguérison
nous appartiennent : manger
mieux, respirer mieux, bien
gérer ses émotions… Il en
va de notre responsabilité de
comprendre qu’il ne faut pas
couper la fièvre, boire beaucoup
de liquides chauds et ne
pas manger le premier jour
où l’on tombe malade… » Pour lui, ce virus nous
pousse à faire un choix,
celui de la conscience
pour ouvrir la porte d’un nouveau
monde, dans lequel on n’attend pas
tout de l’extérieur.
L’impact mondial de la COVID-19 en chiffres
360 000 morts à ce jour de la
COVID-19 (début juin)
contre 400 000 du
paludisme chaque année
700 millions de masques
disparus ou revendus
11/1000 11 tests pour 1 000
habitants entre le début
de l’épidémie et le 28 avril
(Santé publique France)
14 demandes de divorce
par jour dans la ville de
Xi’an en Chine, limite
quotidienne fixée par
les autorités.
(...)