De nombreux troubles intestinaux empoisonnent l’existence. Brûlures, ballonnements, coliques... ces douleurs importantes peuvent être un véritable handicap dans la vie quotidienne. Un régime contrôlant
les Fodmaps peut être conseillé.
Des symptômes comme les gaz, les flatulences impactent parfois fortement la vie quotidienne : irritabilité, fatigue, arrêts maladie, vie sexuelle. Les patients n’osent pas en parler, ressentent de la honte, s’isolent. Beaucoup témoignent de leur quotidien sur le site de l’association APSSII, qui permet d’échanger, parfois avec humour, sur ces désagréments.
Le besoin impérieux d’uriner ou de déféquer a même un nom : « syndrome de recherche des toilettes ». Dès son arrivée dans un lieu inconnu, le patient recherche les sanitaires les plus proches par peur de ne pas arriver à temps, ce qui peut entraîner un TOC, la peur de sortir, de voyager, une vie sociale très impactée. L’association François Aupetit, consacrée aux patients souffrant d’une maladie inflammatoire intestinale, a mis en place une « carte toilettes », justifiant un accès privilégié aux sanitaires, en cas d’affluence.
Lorsqu’ils apparaissent durant l’enfance ou l’adolescence, ces troubles ont des répercussions sur la scolarité (en raison des jours d’absence) et sur la socialisation et la confiance en soi. Julie, maman d’une petite Nina, six ans, décrit le parcours difficile de sa fille : «
À chaque repas, ma fille a commencé à avoir des plaques rouges sur le corps et des remontées acides. Cela lui brûlait la gorge. Elle a commencé à ne plus beaucoup s’alimenter. J’étais perdue. Puis, accompagnées par un médecin nutritionniste, nous avons limité les Fodmaps et identifié ce qu’elle pouvait manger. Elle a réussi à se détendre, et les repas sont enfin devenus un moment de plaisir et non pas une torture. »
Nous avons limité les Fodmaps et identifié ce qu’elle pouvait manger. Ma fille a réussi à se détendre, et les repas sont enfin devenus un moment de plaisir et non pas une torture.
Que signifie Fodmaps ?
L’acronyme Fodmaps provient des mots anglais :
Fermentable by colonic bacteria Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides And Polyols. On peut le traduire par : oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentables par la flore intestinale.
F :
Fermentable. Les Fodmaps ne sont pas digérés dans l’intestin grêle, comme le sont les autres aliments, et engendrent la fermentation intestinale.
O :
Oligosaccharides (fructanes – FO –, galactanes – GOS –), présents dans les légumes et légumes secs.
D :
Disaccharides, dans le lait et les produits laitiers.
M :
Monosaccharides, contenus dans certains fruits.
A :
And, « et » en anglais.
P :
Polyols, contenus principalement dans les confiseries dites « sans sucre », ils ne sont jamais digérés correctement par l’organisme humain.
Majoritairement présents dans les légumineuses, les légumes, les fruits, les fruits secs, les céréales, on les trouve dans les jus de pomme, le lait, la ricotta, les poireaux, les betteraves, les mangues, les amandes, les haricots... Toutes les catégories, excepté les viandes, le poisson et les œufs.
Ces aliments ne sont pas néfastes puisqu’ils servent de superaliments au microbiote ; mais les Fodmaps sont riches en sucres qui stagnent dans l’intestin. Ils provoquent alors une augmentation de liquide, ce qui donne une sensation de ballonnement. Dans le côlon, les Fodmaps fermentent grâce aux bactéries et produisent des gaz importants, évacués sous forme de flatulences, de diarrhées. L’impossibilité d’évacuer ces gaz et leur fréquence peut entraîner des hémorroïdes, des mycoses et des douleurs importantes. Dans son ouvrage
(1), le docteur Pierre Nys, nutritionniste, précise que limiter ces aliments sur une courte durée permet une « pause digestive » uniquement provisoire : «
On met au repos les intestins en leur fournissant des aliments simples à digérer, qui ne provoquent que peu de gaz, peu de réactions inflammatoires, rien qui puisse les agresser. [...] Il faudra réapprendre à intégrer ces aliments, à votre rythme. »
En cause : les émotions et l’alimentation
Le D
r Pierre Nys reçoit de nombreux patients présentant ces symptômes. «
Dans notre culture, on a tôt fait le lien entre les émotions et le ventre, lieu de tensions : la peur au ventre, se faire de la bile, digérer une mauvaise nouvelle, avoir des tripes... Quand le ventre et les émotions se rejoignent, c’est souvent violent », précise le spécialiste.
Le médecin expose le lien entre l’hypersensibilité intestinale et les émotions. «
Par exemple, concernant nos organes digestifs, le côlon est associé à la tristesse et à la nostalgie. Aussi, en cas de déprime, le praticien commence-t-il en se penchant sur... le côlon. L’estomac est lié à la réflexion et l’intériorisation, l’intestin grêle à la joie, le foie à la colère... » Via le système nerveux central, le cerveau envoie des messages de stress aux différents organes digestifs, à l’origine des crampes, des sensations d’oppression, des migraines.
On ne peut supprimer les émotions, bien sûr, mais agir sur l’absorption des Fodmaps qui interagissent négativement est un des leviers possibles. (...)