«
Le plus grand des pièges est de confondre pressentiment et intuition. Le pressentiment provient de la dimension affective et se révèle faux une fois sur deux, tandis que l’intuition relève de la dimension spirituelle et se révèle toujours juste », avertit Olivier Clerc, écrivain, conférencier et formateur, spécialisé dans la spiritualité et le développement personnel. Et de l’intuition à la prémonition, il n’y a qu’un pas, car il s’agit toujours de reconnaître une information qui va pouvoir nous aider à mieux orienter notre futur. Malheureusement, il y a souvent confusion entre les différentes informations qui nous parviennent chaque jour. «
Une information vécue dans mon corps est différente d’une autre à laquelle je crois, qui est encore différente d’un savoir intellectuel. L’enseignement que j’ai reçu à l’école touche le mental, mais la plupart du temps n’a jamais été vérifié. Ces trois niveaux sont encore différents du plan spirituel dont les informations proviennent des intuitions, des rêves prémonitoires, des expériences mystiques... », résume Olivier Clerc en soulignant que c’est surtout la dimension intuitive qui nous fait défaut.
Pour y voir plus clair, il s’agit de reprendre contact avec son être intérieur, même si notre éducation ne nous a pas encouragés à cela. Enfants, nous ne mangeons pas toujours parce que nous avons faim, mais parce que l’on nous dit de passer à table, et nous ne mangeons pas forcément ce qui est bon pour nous, mais ce que l’on nous suggère de manger. «
Plus on prend le temps d’observer en soi ce qu’il se passe, plus on arrive à distinguer la nature des signaux qui nous sont donnés. Tantôt c’est le cœur qui parle, tantôt le corps qui m’envoie un signal fort, tantôt mon mental qui me suggère des hypothèses, tantôt mon intuition qui me guide. » C’est ainsi qu’Olivier Clerc a mis au point une méthode particulièrement utile et judicieuse, le « Tamis à 4 étages »
(1), reposant sur les quatre dimensions de notre être : physique, affective, mentale, spirituelle. Son but est de mettre en conscience les différents plans afin d’améliorer notre discernement à travers la connaissance de soi et de l’autre. De cette manière, nous pourrons renforcer la dimension intuitive de notre être, à travers une pratique assidue, et éventuellement à l’aide d’un guide.
Plus on prend le temps d’observer en soi ce qu’il se passe, plus on arrive à distinguer la nature des signaux qui nous sont donnés.
1 – Trier et reconnaître l’information
Pour Olivier Clerc, l’une de nos plus grandes richesses est notre « vécu », soit tout ce que nous avons vérifié ou expérimenté personnellement dans notre vie. C’est le premier niveau du « Tamis à 4 étages » qui correspond à ce que l’on plante dans son potager et que l’on incarne. «
Plus les gens sont déconnectés de leur vécu et de ce qui passe par leur corps, plus ils sont manipulables car ils fonctionnent à un niveau de croyance ou de savoir intellectuel, livresque et médiatique. Nous l’avons bien vu lors de la pandémie de la Covid-19. La peur est d’autant plus présente chez eux », explique l’écrivain. Ce qui nous amène au deuxième plan, celui du cœur qui relève du sentiment, de l’émotion, des croyances et des superstitions. Derrière toute croyance, il y a de l’affect.
Une croyance est fondée sur un élan du cœur avant d’être justifiée au moyen de l’intellect et du mental. «
On adhère à une idée, un programme politique, un régime alimentaire... Puis on rajoute un vernis intellectuel dessus, comme des arguments pour être végan... Le mental chez la plupart d’entre nous ne sert qu’à justifier nos adhésions affectives. »
On arrive au troisième niveau du « Tamis à 4 étages », le savoir qui nous provient du mental, en lien avec le souffle. C’est ce que nous avons appris (idées, concepts, hypothèses...), mais que nous n’avons pas vérifié nous-mêmes. En cela, le savoir est différent de la connaissance. Comme disent les soufis, «
il y a une grande différence entre celui qui sait le nom du fruit et celui qui en a goûté le nectar ». Le problème intervient quand nous prenons un savoir pour une vérité, sachant qu’il est plus facile de se défaire d’un savoir par la démonstration intellectuelle que d’une croyance, car il n’y a pas d’affect. Quatrième niveau, la dimension spirituelle symbolisée par le feu dans toutes les traditions religieuses. Ceux qui ont une pratique régulière des états modifiés de conscience, via la méditation, la prière, la transe chamanique, etc. ou ont vécu une expérience de mort imminente (NDE) ont une connexion plus forte à leur intuition, à ces messages qui nous viennent d’on ne sait où... Pour Olivier Clerc, elles peuvent venir de l’inconscient, mais aussi du supraconscient qui révèle un niveau de conscience supérieur.
2 – Pratiquer intensément
Pour ramener les individus dans leur corps, leur vécu, et favoriser leur expérience personnelle, il existe plusieurs pratiques, dont celle du yoga, issue de la tradition indienne. Par la méditation, l’ascèse, la maîtrise du souffle et les exercices corporels, elle apprend d’abord à diriger les activités du psychisme. Une pratique assidue va permettre de contacter les
siddhis (pouvoirs). «
Alors sont conquises les facultés de prémonition, de clairaudience, de toucher subtil, de clairvoyance, de goût affiné, d’odorat sensible »
(2), trouve-t-on écrit dans le
Yoga-sûtra. Mais encore faut-il ne pas s’y attacher. Car c’est dans le détachement que l’on atteint le
samadhi, que l’on fait un avec le grand Tout. Le développement de ces capacités nous permet de faire naître en nous suffisamment de discernement pour être dans l’action juste, autrement dit savoir faire les bons choix au bon moment. Comme la méditation, la prière est une autre façon de déconnecter notre mental et de renforcer notre connexion spirituelle, et donc notre intuition. Grâce à la répétition et à la concentration sur les mots, elle peut être une voie d’ouverture vers une autre dimension. Quand certains vont puiser dans leur religion des prières comme le « Notre Père », d’autres préféreront des mantras empruntés à la tradition indienne, par exemple par la répétition de la syllabe sacrée « Om ».
3 – Développer une « spiritualité vivante » avec un guide
Pour aiguiser son intuition, il s’agit de développer une forme de spiritualité vivante, comme celles précédemment citées (lire article
Préparer son futur grâce au Yi Jing), mais elle ne doit pas relever de la croyance et de la superstition. C’est en intégrant pleinement la dimension intuitive que l’on pourra acquérir du discernement, nous rapprochant de ce qui pourrait être une forme de vérité. «
La vérité ne peut être que vécue, validée, éprouvée personnellement. Les choses ont besoin de passer par l’expérience personnelle », selon Olivier Clerc qui insiste sur l’importance de s’entraîner comme pour une activité physique. Quels que soient la voie spirituelle ou l’outil employé, l’intervention d’un guide bien choisi peut aider et faire gagner un temps précieux, du moins au début. Car nous manquons de recul sur nous-mêmes. Nous nous faisons souvent piéger par notre ego qui, pour le créateur du « Tamis à 4 étages », est une alliance d’un cœur et d’un mental inconscients. C’est ainsi seulement que nous pourrons gagner en liberté et vivre plus sereinement.
Comme la méditation, la prière est une autre façon de déconnecter notre mental et de renforcer notre connexion spirituelle, et donc notre intuition.
(1)
Mettre de l’ordre en soi, Olivier Clerc, éd. Guy Trédaniel, 2012.
(2)
Yoga-sûtra de Patanjali, Bernard Bouanchaud, éd. Agamat, 2011.