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Cachez
cette
mort
que
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voir

La mort, légèrement taboue dans nos sociétés occidentales, s’est invitée à la une des journaux depuis une année. Les soignants, confrontés à elle au quotidien, sont à mi-chemin entre cette difficulté à la voir en face et l’ouverture d’esprit qui serait pourtant nécessaire pour le monde d’après.
Cachez cette mort que je ne saurais voir
Fin de vie
La crise de la Covid-19 aura mis au premier plan de notre actualité un nombre de morts quotidien, rendant quelque peu mortifère l’ambiance générale. La société s’est soudainement suspendue. Le grand paradoxe qui apparaît est l’importance soudaine que revêt cette mort, dans une société, la civilisation occidentale, qui prend soin de la cacher depuis l’ère industrielle. En effet, avec les progrès grandissants de la médecine, le recul de l’âge moyen des décès ainsi que la mortalité infantile qui a radicalement diminué, nous y sommes de moins en moins confrontés. De ce fait, elle est devenue taboue.

On cache la mort, on regroupe les personnes âgées dans des Ehpad, les familles ne s’en occupent plus... Comme un ironique « retour du refoulé », aujourd’hui notre société est totalement suspendue au nombre de morts quotidien et à la phobie hystérique de contaminer nos aînés, les mettant au premier plan de nos vies. Comment cela se passe-t-il dans les couloirs des hôpitaux ou dans les maisons de retraite ? Le regard sur la mort a-t-il changé, s’est-il ouvert à de nouvelles perspectives chez les soignants, les médecins ? Même si, grâce à François Mitterrand, des unités de soins palliatifs ont été créées dans les années 1990 en France, permettant un meilleur accompagnement de la fin de vie, il semblerait que la vision demeure très matérialiste, technique. Les aspects psychologiques et humains commencent à être pris en compte et ceux relevant du spirituel et du subtil peinent à se frayer un chemin, ce qui n’aide pas à désangoisser notre rapport à la mort. Puisque la crise de la Covid-19 ouvre les esprits de certains sur nos modes de vie, va-t-elle également le faire sur la fin de la vie ?


Une très lente évolution


Le psychologue clinicien Éric Dudoit travaille en soins palliatifs depuis vingt-cinq ans à l’hôpital de la Timone à Marseille. Il enseigne à la faculté de psychologie auprès de futurs psychologues et futurs médecins et il témoigne d’une très lente ouverture d’esprit sur les sujets de la fin de vie et de la mort dans le corps médical. Les médecins restent assez hermétiques aux questions relatives à l’existence de l’âme, ou à la survie de la conscience après la mort. Leur corde sensible ne se mettrait à vibrer que dans la sphère privée, lorsque la mort les touche personnellement, ou s’ils ont eux-mêmes une spiritualité. Alors que paradoxalement, une partie de la société semble s’intéresser de plus en plus à ces questionnements, l’hôpital présente des difficultés, voire des réticences à sortir des sentiers battus de la science. Éric Dudoit explique que cela amplifie les tensions : « Justement, comme on en parle de plus en plus, les défenses psychiques sont de plus en plus fortes, et cela crée une véritable dissonance cognitive chez les médecins. »

Face à une médecine de plus en plus « statisticienne », l’éloignement de l’aspect humain se fait sentir, particulièrement lorsque l’on remonte dans la hiérarchie, ajoute le docteur. « Nous avons travaillé en psychologie sociale sur les représentations. On demande aux patients les cinq mots les plus importants pour eux, et dedans, il y aura presque toujours le mot “guérison”. On pose la même question au médecin, il n’y a pas du tout la guérison, mais “la mort”. Il n’y a pas la même représentation d’un traitement possible. En cancéro, ce que souhaitent les patients, c’est guérir, alors que ce que le médecin souhaite, c’est que l’autre meure le moins vite possible. Pour eux, il s’agit de taux de survie et non pas de taux de vie », raconte Éric Dudoit. Alors, comment gérer ces deux pôles qui peinent à se rencontrer ? Éric Dudoit pense qu’à un moment cela se fera : « Le médecin d’aujourd’hui est un peu “psychotique”, coupé en deux : d’un côté, il veut tout maîtriser par un savoir appris à la fac avec des modèles mathématiques, qu’il pense fondamental et sûr, et en même temps, en vivant comme tout un chacun, il s’aperçoit que ce n’est pas si “sûr” du tout et qu’il faudrait faire un pont entre les deux. En attendant, cela peut créer de l’angoisse », constate-t-il. Une forme de schizoïdie régnerait-elle dans le corps médical ? Lorsque l’on observe les discordances chez les médecins qui s’expriment dans les médias, on n’est pas vraiment surpris que le système semble sur le point de craquer.

Des avancées qui viendront aussi de l’ouverture des patients.


L’importance du « prendre soin »


Parce que, fondamentalement, tout cela est lié : la manière dont on appréhende le patient, dont on conçoit le soin et le bien-être, l’importance qu’on donne aux « à-côtés » (comme la présence des proches : nous verrons plus loin comment la crise actuelle a exacerbé tout cela), la prise en compte de l’espoir... l’humanité ou la déshumanité que l’on s’emploie à mettre dans son approche du mourant en dit long sur son regard sur la mort. C’est auprès des infirmièr(e)s et des aides-soignant(e)s qu’il est possible de sentir une légère évolution. Ces équipes médicales là, plus proches des patients, pratiquent ou conseillent parfois des médecines naturelles ou des soins énergétiques en accompagnement des traitements lourds.

Devant de réels résultats, au mieux les médecins « ferment les yeux » ou acceptent des escapades en dehors de la rigidité scientifique. Des avancées qui viendront aussi de l’ouverture des patients. C’est grâce à eux que des unités psychologiques ont commencé à être montées dans les hôpitaux ou les Ehpad. « Comme souvent, la vérité vient du bas, donc ça ne viendra pas des élites, mais plutôt des patients. De plus en plus, ils me demandent après une radiothérapie si je connais un coupeur de feu, ou quand je leur propose, ils ne sont pas étonnés. Alors qu’il y a 25 ans, oui », témoigne Éric Dudoit. C’est une ouverture à des champs subtils qui peuvent apporter un regard moins figé sur le vivant, et peut-être une conception qui ouvrirait les yeux sur autre chose que la finitude matérialiste. « Je dis : ce qui nous guérit, c’est l’amour. Une chimiothérapie sans amour, ça ne va pas marcher », souligne Éric Dudoit, car fondamentalement, pouvons-nous aborder le thème de la fin de la vie sans parler d’amour ?


Des angoisses de toutes parts


La psychologue Marie de Hennezel, première à avoir monté, sous la présidence de François Mitterrand, une unité dédiée aux soins palliatifs à l’hôpital, mais aussi dans les résidences de fin de vie, rappelle que l’accompagnement ne doit pas être uniquement technique, mais aussi humain. « Ce tabou de la mort est omniprésent dans notre société. (...)

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auteur

  • Mélanie Chereau

    Journaliste et rédactrice en chef adjointe d'Inexploré magazine
    Melanie Chereau est journaliste et auteur de plusieurs ouvrages. Ses thèmes de prédilection sont la spiritualité, la naturopathie et les médecines douces. Elle pratique le bouddhisme depuis plus de 17 ans, est formée en Reiki et en aromathérapie. ...
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