C’est l’histoire d’un éveil à la nature sacrée de la montagne et d’un engagement tant spirituel qu’écologique, d’une jeune femme destinée à gravir des sommets pour nous guider dans la progression vers notre potentiel de transformation. Née, au cœur de la vallée de Chamonix, dans une famille d’alpinistes chevronnés qui l’a initiée, enfant, à l’escalade sur des parois rocheuses, Marion Chaygneaud-Dupuy a grandi reliée par une corde et un baudrier, grimpant sur des falaises dès l’âge de six ans. « Je n’étais pas particulièrement douée. Par contre, j’ai tout simplement appris à faire face à ma peur et à la traverser », commente l’auteure.

Ses études dans un monastère tibétain de 18 à 22 ans à Darjeeling en Inde vont l’amener sur les contreforts de l’Himalaya. Là, de sa fenêtre, l’imposant massif du Kanchenjunga devient son support de méditation, point d’ancrage pour recentrer son attention et demeurer, instant après instant, dans le moment présent, précise Marion. Cette nature sauvage, dénuée de tout artifice, va nourrir la force intérieure de la jeune femme et son goût pour la solitude de la vie dans les ermitages. La montagne va venir réveiller des zones de son être jusqu’alors inexplorées, de manière radicale et douce à la fois ! « J’étais inspirée par les ermites, qui se laissent modeler par elle et par la nature qui les entoure. »

Des années plus tard, la révélation de la nature sacrée de la montagne aura lieu à Lhassa, sur les terres du Tibet, et la cueille à la sortie de l’avion. Là, alors qu’elle se trouve encerclée par ces montagnes majestueuses, le sentiment de ne faire qu’un avec ce qui l’environne s’impose : une puissante connexion au sacré. « Mon corps s’est soudain allégé, mon esprit est devenu aussi vaste que le ciel et la terre… », se souvient-elle. Sur cet immense plateau, les montagnes se sont élevées vers le ciel, jaillissant du fond de l’océan, il y a cinquante-cinq millions d’années. Pour les Tibétains, la montagne est sacrée.

Au Tibet, les montagnes sont considérées comme des déesses, des guides sur la Voie ; tous n’ont pas des formes humaines. « La montagne, avec sa forte présence symbolique, nous enseigne. Elle incarne les qualités essentielles qui sont déjà en nous. Si nous apprenons à méditer en sa compagnie, nous entendons le message qu’elle est toujours prête à partager : bonté, courage, générosité, joie du contentement et émerveillement. » Il suffit de l’écouter pour prendre progressivement le chemin du retour à la maison, celui de notre nature originelle. Si la montagne permet ce retour à soi, le voyage, tout comme l’ascension vers des sommets plus élevés, est loin d’être une simple balade : « À l’image des nuages qui créent des jeux d’ombre et de lumière sur le sol, la proposition est bel et bien d’apprivoiser notre rapport à l’ombre en toute honnêteté », rappelle l’alpiniste. La fameuse allégorie « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » prend ici tout son sens.

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