Guérisseuse, dépositaire d’un héritage ancestral hawaïen, Morrnah Nalamaku Simeona a transformé un ancien rituel de pardon, appelé Ho’oponopono, en un puissant outil de développement personnel et spirituel. Retour sur la vision inspirante de sa créatrice, le succès mondial de cette méthode, et ses nombreuses variations.
Utilisé autrefois par les guérisseurs hawaïens pour réconcilier les membres d’une tribu,
Ho’oponopono est devenu au XX
e siècle un outil d’évolution personnelle et de guérison très populaire, pour la libération des mémoires erronées responsables des disharmonies dans nos vies. Ho’oponopono signifie « corriger une erreur » ou « faire ce qui est juste », dans la langue originelle des Hawaïens. À l’origine de la version « moderne », qui va rencontrer au fil des ans de nombreuses transformations, une chamane nommée Morrnah Nalamaku Simeona, qui voyagera dans le monde entier pour transmettre sa méthode.
Une chamane kahuna lapa’au
Née en 1913 à Honolulu, capitale et épicentre de l’île d’Hawaï, Morrnah Nalamaku Simeona est fille d’un membre de la cour de la reine Lili’uokalani. C’était une chamane, une
kahuna la’au lapa’au, de
kahuna qui signifie « gardien du secret » et
lapa’au « guérisseuse » ; elle aurait reçu ce don à l’âge de trois ans. Elle était aussi appelée « grande tante », une expression hawaïenne qui reflétait sa grande popularité, due à la considération qu’elle suscitait. Le secret des guérisseuses réside dans leurs connaissances de la médecine traditionnelle des plantes, un art où elle excellait, notamment avec le
noni, ou pomme-chien, un extraordinaire remède pour le rééquilibrage de l’organisme. D’autres plantes comme les feuilles de thé, la cordyline et la citronnelle avaient également une place de choix dans sa médecine. Par ailleurs, comme l’exigeait la tradition des
kahuna lapa’au, Morrnah utilisait les prières et les massages
lomilomi, réalisés avec de l’huile de monoï. Elle dirigea durant une dizaine d’années son cabinet dans les prestigieux hôtels Kahala Hilton et Royal Hawaiian Hotel. En 1983, elle reçut le titre honorifique de Trésor vivant d’Hawaï (
Living Treasure of Hawaii) par une école bouddhiste de l’archipel, Honpa Hongwanji Mission of Hawaii.
Une technique ancestrale de guérison
C’est en 1976 que la chamane Morrnah Nalamaku Simeona commence à développer Ho’oponopono, ce rituel ancestral hawaïen qui se transmettait oralement, d’où l’absence d’écrits à son sujet. «
Il était utilisé autrefois au sein des familles et des groupes, pour résoudre les problèmes de la communauté, et ramener la paix dans le village », rapporte la spécialiste Maria-Elisa Hurtado-Graciet
(1). Ce rituel, qui nécessitait l’intervention d’un
kahuna comme Morrnah, rassemblait ceux qui présentaient des problèmes relationnels, des désaccords, ou bien avaient des relations conflictuelles. Réunis dans un endroit clos, les protagonistes exposaient les problèmes qu’ils rencontraient. Y étaient partagés peurs, jugements, interprétations ou croyances erronées pouvant être à l’origine de conflits ou de maladies. Ces échanges permettaient une compréhension des griefs, et la possibilité d’un pardon mutuel. Des temps de prière et de silence rythmaient ces rencontres. En clôture avait lieu un repas de réconciliation appelé
pani, pour célébrer l’harmonie retrouvée. Selon la nature du conflit, ce rituel pouvait prendre quelques heures ou parfois plusieurs jours.
Morrnah a fait évoluer en son temps cette technique de réconciliation.
Vers une vision moderne
«
Morrnah a fait évoluer en son temps cette technique de réconciliation réalisée au sein des tribus, en un outil individuel que chacun peut utiliser », commente Luc Bodin
(2), praticien de la méthode. Alors qu’à l’origine, le processus de guérison Ho’oponopono est interpersonnel et requiert la participation de tous en vue d’une réconciliation, la chamane développe une nouvelle approche, appelée « Ho’oponopono auto-identité », où chacun est en communication avec la Divinité. Son processus unique de résolution des problèmes repose sur la tradition hawaïenne avec des prières au créateur divin, il s’enrichit d’autres cultures, et notamment de la notion du karma. Sa version mêle différentes influences, que ce soit son éducation catholique, ses études philosophiques sur l’Inde, la Chine, et également la vision d’Edgar Cayce. Praticienne de la première heure, Maria-Elisa Hurtado-Graciet pointe un élément fondateur de sa vision : «
Pour Morrnah Simeona, chaque mémoire liée à chaque expérience, depuis le premier moment de notre création, il y a des temps immémoriaux, est enregistrée et stockée dans le règne éthérique. » De ce point de vue, la purification des mémoires est nécessaire pour l’évolution de la conscience, tant individuelle que collective.
«
Le but principal de ce procédé est de découvrir la Divinité en nous », avait pour habitude de dire Morrnah, pour « résumer » son approche. Dans sa pratique, vous demandez à Dieu de nettoyer et purifier l’origine de vos problèmes qui sont des souvenirs, des mémoires. Cette énergie est alors libérée et transmuée en lumière pure par la divinité. Ainsi, son approche de Ho’oponopono constituerait un puissant processus de nettoyage. D’après Maria-Elisa Hurtado-Graciet qui cite la chamane : «
Ho’oponopono est un don plein de profondeur qui permet à chacun de développer une relation de coopération avec la Divinité à l’intérieur de soi pour apprendre comment demander qu’à chaque instant, nos erreurs en pensées, paroles et actions soient nettoyées. » Une des raisons de l’immense succès de la méthode est sans doute l’ambition de sa promesse ; le procédé vise avant tout la liberté, par une complète libération du passé.
Au-delà du simple pardon, la chamane ne cherchait rien de moins que la dissolution des causes à l’origine du problème, pour un retour à l’harmonie et la paix. Ceux qui l’ont côtoyée sont unanimes : la paix est centrale dans sa vision. Dans son ouvrage dédié à Ho’oponopono, Luc Bodin rapporte les phrases fétiches de Morrnah Nalamaku Simeona : «
La paix commence avec moi » ou «
Nous sommes ici et seulement ici pour apporter la paix. Et si nous apportons la paix dans notre vie, tout autour de nous retrouve sa place, son rythme. » Pour la chamane, il est essentiel que la paix intérieure puisse vivre en chaque individu afin de se refléter sur la communauté, la société, la nation, et l’Univers. Son credo : «
Alors, les portes de la nouvelle ère peuvent s’ouvrir toutes grandes à l’équilibre, la sagesse, et l’amour pour toute la création. »
Le but principal de ce procédé est de découvrir la Divinité en nous.
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