Et si la spiritualité était un apprentissage comme un autre ? Maître, guru, mentor, instructeur, nombreux sont les noms que l’on donne à celui ou celle qui peut éclairer notre chemin, et plus encore à notre époque en crise, où le sens semble faire défaut. Qu’est-ce
qu’un véritable maître spirituel, quel est son rôle, comment le choisir et pourquoi le suivre ?
Art de vivre
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Qu’est-ce qu’un maître spirituel ? Une vaste question aux réponses multiples, sans aucun doute. Et si nous revenions à l’origine, pour commencer ? « En sanskrit, le maître se dit guru, celui qui a du poids, celui dont la parole a de la valeur », répond spontanément Sandy Hinzelin, docteure en philosophie(1).
Du point de vue de l’hindouisme, c’est dans les Upanishads, textes sacrés issus du Veda, contenant la vérité ultime, que l’on peut en retrouver la trace. L’éminent spécialiste et philosophe indien Swami Prabhavananda (1893-1976) en parle ainsi : « La direction d’un enseignant compétent, ou guru, est essentielle pour parvenir à la connaissance de Dieu, car la religion est une science pratique que ni les livres ni les écrits ne peuvent éclairer complètement. » Une direction est donnée.
Allons voir du côté des textes anciens du bouddhisme tibétain, avec notre experte : le « maître spirituel » est un ami de bien, celui qui sait comment guider, écouter… tandis que Marc de Smedt(2), écrivain, éditeur en spiritualités, qui a suivi l’enseignement du maître zen Taisen Deshimaru (1914-1982), lui préfère le terme de « mentor » :
« Un maître est un mentor, un vieux mot français pour désigner un être qui a une autorité intellectuelle et spirituelle, qui fait qu’on a envie de le suivre. » Toujours selon ce dernier, « c’est un instructeur, quelqu’un qui instruit, qui partage sa recherche et nous permet d’avancer nous-mêmes sur le chemin ». La fonction du maître spirituel est à la fois essentielle et étonnamment variable selon le prisme de chacun. Par exemple, la notion d’éducation peut y être associée. C’est le cas pour Sandy Hinzelin : « Un maître va éduquer la personne à entrer en relation avec son esprit différemment : c’est une préparation à l’éveil. » En d’autres termes, il serait chargé de nous faire comprendre la nature de l’esprit pour une élévation spirituelle. Rappelons que le Bouddha lui-même a d’abord étudié auprès de maîtres pour apprendre la méditation et trouver sa propre voie. Selon le prêtre orthodoxe Jean-Yves Leloup(3), « le maître nous invite à rentrer en contact avec le Soi qui est en nous ». Son rôle est d’enlever les voiles pour révéler cet être éveillé qui est en chacun, en contribuant, la plupart du temps, à l’effondrement de notre faux moi. Son message : « Retourne-toi vers toi-même, à ton cœur, à ton centre. »
Un besoin ou un appel ?
Si on se réfère à la notion première du guru, il semblerait que nous ne puissions comprendre seuls les vérités spirituelles, et à ce titre, un bon instructeur nous aiderait sur cette voie. Pour Sandy Hinzelin, notre recherche d’un maître spirituel est tout simplement dans l’ordre des choses pour notre évolution :
« Tout comme nous avons eu nos parents et des maîtres d’école, par exemple, pour nos différents apprentissages, la marche, la parole, la lecture, l’écriture… un maître spirituel nous apprend comment faire face aux épreuves auxquelles nous sommes immanquablement confrontés, et à répondre aux grandes questions existentielles. » En écho à ces propos, Jean-Yves Leloup nous livre ses observations : « Beaucoup d’entre nous ont sans doute manqué d’un père ou d’une mère “véritables”. Même si ceux-ci ont sans doute fait du mieux qu’ils pouvaient. » Un manque qui pourrait justifier la recherche d’un maître spirituel pour garder notre cap au quotidien, et plus encore dans les tempêtes que nous traversons… Toutefois, peut-être plus encore qu’un besoin, la quête d’un maître spirituel se situerait sur un autre plan : celui de l’âme. « Ce serait un appel : c’est la source qui a soif d’être bue en nous ! » commente le prêtre orthodoxe. Notre soif de vérité, d’amour, révèle qu’il y a une source quelque part, que l’on cherche, et dont on a perdu l’accès. Alors, nous appelons le Sourcier, en quelque sorte, le maître spirituel qui va nous guider sur la voie, « celui qui nous relie à la source même de la vie, qui nous garde libres au meilleur de nous-mêmes, au bonheur d’être soi », ajoute notre expert. Une soif dont peut témoigner également Marc de Smedt, qui dans les années 1970 a eu besoin de conforter, ou confronter peut-être, ce qu’il avait découvert dans les textes, en allant à la rencontre de maîtres, en Inde, au Tibet… Jusqu’à ce qu’il découvre qu’il y en avait un à Paris, Taisen Deshimaru, qui est devenu le sien pendant plus de dix ans ! Si les raisons pour lesquelles le recours à un maître spirituel sont différentes pour chacun selon les époques, reste que sa présence sur notre chemin, aujourd’hui encore, pourrait bien être une aide salutaire.
Directrice de la collection l’Éveil du féminin et créatrice du blog uneaura4étoiles dédié à ce mouvement, elle suit des enseignements chamaniques et participe à des cercles de femmes depuis une quinzaine d’années. Catherine contribue au magazine Inexploré depuis plusieurs années en tant que journaliste. ...
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