Quatre tomes. Près de quatre heures de film. Un tournage
étalé sur quatre ans. Une vingtaine d’experts qui
détricotent pour mieux expliquer la trame du monde,
visible et invisible. Mais aussi l’équilibre qui se crée
au sein de la nature, et la manière dont l’être humain
peut se glisser agilement dans cette danse.
Du chaos à
l’harmonie a le souffle des grands mythes et tire des fils
inédits, nous permettant de faire des liens de sens entre
tout ce qui fonde notre monde, notre société, notre être.
À l’issue des quatre tomes, qui vont crescendo, j’ai eu
la sensation d’être reliée, unifiée. Pacifiée. Réenchantée
surtout, avec l’envie profonde d’agir et de prendre ma
part dans ce monde à venir. Ce n’est pas tous les jours
que l’on interviewe le rédacteur en chef du magazine auquel
on contribue... Nous avons partagé cet entretien en
toute authenticité. Dans ce lien joyeux d’être à être qui
participe à l’harmonie du monde.
Quelle est l’origine de ce film, colossale
somme de travail et de rencontres, et d’où
vient l’idée d’évoquer la trame du vivant, au
lieu de tirer un seul fil ?
D’un brin de folie, sans doute ! Ce projet a émergé
autour du lancement d’INREES TV, alors que je me
questionnais sur la coopération au sein du vivant. J’ai
senti, par le biais de rêves notamment, un appel pressant
à m’intéresser à la manière dont la nature a trouvé
des solutions pour créer les conditions de l’harmonie.
C’est une façon aussi de résumer tout ce que j’ai découvert
depuis la cocréation de l’INREES, avec Stéphane
Allix, il y a treize ans. Derrière la vision souvent
romantique que l’on prête à la nature, j’avais à cœur de
comprendre quel est l’aboutissement de ces milliards
d’années d’évolution. J’ai consacré les années suivantes
à essayer de rendre compte d’un maximum de lois qui
régissent le monde minéral, végétal, animal... Des lois
que l’être humain a oubliées, et qui gouvernent pourtant
sa propre condition.
À quand remonte cet intérêt pour
les mystères du monde ?
J’ai pris conscience de ma relation à l’invisible à l’adolescence.
Ça a été une période extrêmement chaotique
pour moi ; j’ai vécu ce que d’aucuns appellent une nuit
noire de l’âme. Dans ces moments-là, on touche du
doigt les réalités ultimes. Quelques années avant de rejoindre
Stéphane à 20 ans, j’ai commencé à vivre un certain
nombre d’expériences extraordinaires, intuitives, de
sortie hors du corps, de rêves lucides ou prémonitoires,
qui débordaient ma compréhension des choses et des
phénomènes. Ma vie est devenue une vaste quête existentielle.
Au final, ce chaos m’a permis de coconstruire
l’INREES, puis de créer ce film... C’est cela aussi que
je souhaite partager dans le documentaire : l’harmonie
n’est pas le contraire du chaos. Le titre, d’ailleurs, peut
être trompeur... L’harmonie est l’intégration du chaos au
coeur de nos expériences, afin de trouver un juste équilibre.
Partant de là, le sens du chaos que nous vivons en
2020 peut se révéler et nous permettre d’aller chercher
le meilleur de nous-mêmes !
En ce sens, le film est prémonitoire,
car le chaos est devenu total...
Prémonitoire, je ne sais pas ? Il tombe étonnement à
point nommé, mais au-delà de l’anecdote, il a du sens,
car il est clair que nous vivons la fin d’un cycle, d’une
civilisation, donc l’émergence d’une nouvelle société.
Si on ressent le besoin d’en redéfinir le socle, c’est bien
parce qu’elle est déséquilibrée ! La moindre catastrophe
peut ébranler ses fondements. On le voit avec cette crise
du coronavirus, venue éclabousser l’ensemble de nos
systèmes. Si on a toujours été en crise, on commence
à employer le terme de chaos parce que nos modèles de
croyances se sont révélés extrêmement fragiles, et tous
nos repères se sont effondrés, du jour au lendemain. Dès
lors, dans un monde aussi interconnecté, la folie nous
guette parce que l’on ne sait pas de quoi l’avenir sera
fait ni quelles sont réellement nos valeurs, ce pour quoi
nous vivons, les motivations et perspectives qui fondent
notre tissu collectif. Depuis le début, ma motivation est
de créer un film racontant une histoire qui puisse nous
rassembler, qui permette une redéfinition des choses qui
paraissent évidentes, mais qui ne le sont pas. Quel est
notre rapport au temps, à l’espace, à la nature, à l’énergie...
voire même à toutes les questions existentielles :
quel est le sens de la vie, quelle est la juste place de l’être
humain sur cette planète ?
Du Chaos à l'Harmonie - Vers l’éveil d’une
nouvelle humanité
Un film de Sébastien Lilli, création originale
INREES TV. Ce documentaire en 4 tomes sera
diffusé sur INREES TV à partir du
6 janvier 2021, avec un tome par semaine, chaque
mercredi. En intervenant(e)s : Jeanne Ayache,
Frédéric Lenoir, Matthieu Ricard, Pablo Servigne,
Thierry Janssen, Philippe Bobola, Stéphane Allix,
Serge Augier, Emmanuelle Soni-Dessaigne,
Romuald Leterrier, Idriss J. Aberkane, Paul
Watson, Gauthier Chapelle, Jeremy Rifkin,
Perrine Hervé-Gruyer, Charles Hervé-Gruyer,
Pierre Rabhi, Jean Staune, Bernard Lietaer,
Patrick Burensteinas...
Plus d’informations : duchaosalharmonie-lefilm.com
Dans le film, on découvre que le chaos total,
c’est la folie, mais que l’ordre total, c’est la
mort. Les injonctions actuelles qui rognent
notre liberté ne nous tirent-elles pas vers
une mort symbolique, rendant difficile notre
quête d’équilibre ?
Nous vivons surtout dans une société verrouillée par
deux illusions. La première tient dans la quête d’une
croissance infinie, qui sous-entend que tous nos désirs
matériels pourraient être comblés indéfiniment. La
seconde illusion relève du besoin de contrôle sur tous
les phénomènes, comme la mort, la santé et l’ensemble
des comportements des uns et des autres. Cette soif de
contrôle nous montre que nous avons peur de l’inconnu.
Or, la base même du vivant est l’impermanence, sujet
au mouvement, à une danse vers le mystère ! Voilà donc
deux illusions responsables de l’extinction de la vie. Et
nos institutions aux hiérarchies pyramidales, qui vivent
dans ce besoin de contrôle excessif, se retrouvent paralysées
dès qu’un imprévu survient. Le système se replie
alors sur son propre dogme, favorisant les inégalités et
la peur, mais est-il encore représentatif de ses communautés
? Respecte-t-il les grandes lois de la vie ? Et qu’en
est-il de notre responsabilité individuelle, de notre libre
arbitre, dans toutes ces actions collectives ? En cela, nous
avons quelques deuils à effectuer.
Face à ce chaos, ne serait-il pas judicieux
de renouer avec une sagesse intérieure qui
ferait confiance à une intelligence qui nous
dépasse ?
J’en suis convaincu ! Ce qui m’a frappé tout au long de
cette enquête, c’est que l’intelligence du vivant campe au
cœur même de nos cellules. Ce n’est donc pas quelque
chose d’extérieur à aller chercher, comme nous avons
tendance à le penser. Quand certains sages suggèrent
d’être « à l’écoute du Ciel », ce n’est qu’une métaphore
qui nous invite finalement à écouter notre corps. Et le
verbe « écouter » est lourd de sens, parce qu’il va nous
permettre de sentir les choses au-delà du voile des apparences
que peut créer notre mental ou notre ego, qui ne
vit qu’à travers ses croyances et limitations. Ce mental
conditionné par tout ce que nous avons appris, mais surtout
par nos blessures laissées sous silence. Voilà pourquoi il n’y aura pas d’écologie ou de nouveau monde sans spiritualité... Nous sommes tous des êtres blessés !
Nous avons donc tendance, parfois même sous couvert
de bonnes intentions, à faire des choses qui nourrissent
le cycle répétitif de nos souffrances et de nos problèmes,
individuels et collectifs. En accomplissant un travail sur
soi pour se mettre à l’écoute de notre cœur et au service
d’une cause plus grande, nous devenons les ambassadeurs
de l’harmonie. Les peuples premiers s’inspirent de
cette sagesse qui consiste à ne pas penser le monde, mais
à agir là où il y a un besoin fondamental. Et ce dernier
s’exprime à travers des éclairs de conscience !
Notre humanité détient ce
potentiel de se laisser guider
vers les chemins favorables.
Ce travail sur soi paraît-il anecdotique
lorsqu’on se bat pour survivre ?
C’est un investissement à long terme qui peut nous aider
au quotidien, mais il est déjà nécessaire de sentir cet appel
intérieur à la transformation... Puis j’observe que les gens
qui sont passés par cette prise de conscience, qui ont pris
la peine de reconstruire un écosystème autour d’eux leur
semblant plus respectueux – de l’environnement et des
autres – trouvent des solutions. Petit à petit, ils changent
le comportement de leur famille, participent à changer la
conscience des commerçants qui les entourent. De ce fait,
ils contribuent à transformer la conscience de toute une
communauté, voire au-delà. L’ensemble des petits gestes
qui sont posés vers une réalisation plus profonde, au service
de l’humanité, de la planète, permet une redéfinition
collective, qui tend vers l’harmonie. Nous sommes
beaucoup à le sentir ! Alors, il est important de s’inscrire,
de plus en plus largement, dans une proposition d’avenir
lumineux, malgré l’ombre qui nous menace...
Cet éveil de conscience est-il inévitablement
corrélé à l’émergence de cette nouvelle
humanité, esquissée dans le film ?
Le monde immatériel est un élément capital dans la
manière d’entrevoir cette nouvelle mythologie, car la
conscience que nous avons des choses va guider notre
psychisme, façonner notre état de santé, mais il va aussi
définir notre avenir. Si nous alignons nos intentions et
notre cœur dans le sens de ce qui nous semble juste, nous
pouvons trouver des solutions, parce qu’elles existent. La
physique quantique nous dévoile que coexistent devant
nous tout un tas d’avenirs possibles, sous forme de potentialités
qui ne demandent qu’à être actualisées. Puisque
tout est miroir dans cet univers quantique, s’il existe une
crise, il existe un antidote. S’il existe une maladie, il existe
une voie de guérison. Il est profondément mobilisateur et
enthousiasmant de savoir qu’il existe des issues positives !
Mais comment résister à la toxicité
ambiante qui mine notre psychisme,
aux médias qui répètent en boucle les
catastrophes passées et à venir ?
On peut commencer en initiant chaque soir un travail
inverse : épingler les choses positives qui nous sont arrivées
dans la journée et celles qui pourraient survenir
le lendemain. Et quel chemin emprunter pour nous y
mener, même si le hasard a son rôle à jouer. Nous apprenons
alors peu à peu à naviguer sur le territoire de
l’invisible. À voir ainsi que chaque carrefour est marqué
par des signes, des synchronicités, des éléments qui vont
nous aider à bifurquer vers le meilleur des possibles. La
nature en est le meilleur exemple : elle est devenue harmonieuse
parce qu’un processus évolutif est à l’œuvre...
Les conditions de la Terre n’ont pas toujours été celles
que nous connaissons aujourd’hui. Notre humanité détient
ce potentiel de se laisser guider vers les chemins favorables.
Mais cela nous demande de mettre en lumière
la cause de nos colères ou de nos peurs, et de ne pas nous
laisser gouverner par l’insatisfaction permanente, afin
d’entrevoir cette voie de résilience et de sobriété.
Autre élément marquant que nous révèle
le film : la matière ne représentant qu’une
infime partie de notre monde et de notre
être (environ 5 %), nous avons une sacrée
marge de manœuvre si l’on se met à l’écoute
de l’invisible...
Il est difficile de s’en rendre compte au quotidien, tant
nous sommes soumis aux impératifs matériels. Mais si
l’on prend un temps pour méditer, un temps pour la
transcendance, entre ciel... et terre, j’insiste, on s’aperçoit
que les idées surgissent de ce monde invisible. Mais il
nous faut un temps de silence pour que la conscience
puisse manifester ces solutions en nous. En ce sens, tous
les intervenants du film sont d’immenses sources d’inspiration
! Tout comme les traditions. Car l’humanité est
déjà passée par ces questionnements et elle a trouvé des
réponses. C’est là où l’aventure est passionnante : depuis
des milliers d’années, le cœur humain n’a pas changé,
seule sa conscience est éclairée différemment, en fonction
de son époque et de sa culture. En ces temps troublés,
il est donc vital de choisir ce qui vient nourrir notre
âme, notre esprit et notre corps au quotidien. À nous
également de favoriser l’émergence d’alternatives...
Cette « amorisation » que Pierre Teilhard
de Chardin appelait de ses vœux serait-elle
la quête ultime, en même temps que la
substance de notre Univers ?
Je le pense, comme certains experts du film, parce
que si l’on se penche sur le tissu du monde, le liant
est bien l’essence même du vivant. Que serait l’être
humain sans lien ? Et quelle est la force invisible capable
de nous lier ? L’amour que l’on peut ressentir
pour nos proches, pour la nature, pour l’Univers, est
la seule chose qui nous rassemble, au sens physique,
psychique, voire idéologique. Elle va de pair avec des
notions comme la coopération et l’altruisme, qui sont
les seules voies d’évolution.
Nous avons besoin de nous sentir appartenir à une
communauté aimante, de nous réunir autour d’une
mythologie commune, de devenir les défenseurs de
notre planète... Car si la confusion règne en maître
aujourd’hui, je crois intimement que l’humanité est
néanmoins prête à jouer un rôle nouveau, et chacun
va devoir peser dans les avenirs qui vont nous être proposés
afin de déterminer nos priorités pour le monde
de demain.
Mieux vaut prévenir
que guérir
Dans les médias traditionnels, on parle
beaucoup de la maladie, mais la maladie
et la bonne santé n’empruntent pas la
même direction. « L’urgence sanitaire
nous fait oublier que la quête
d’harmonie passe aussi par la quête de
la bonne santé », note Sébastien Lilli.
C’est connu depuis Pythagore, ne pas
négliger sa santé, c’est en prendre soin de
façon globale : bien manger, pratiquer de
l’exercice, veiller à son hygiène de vie.
Prendre du temps pour soi, avoir un
esprit sain, une âme en paix. Ne pas vivre
dans le stress, ni la peur, auxquels nous
sommes pourtant soumis en permanence.
Déployer aussi des relations heureuses
avec son entourage. « Tout ce qui fait
que l’on va se sentir bien dans notre
espace et dans notre temps contribuera
à notre accomplissement, mais aussi à
notre bonne santé. On nous parle sans
cesse de la maladie, mais on passe sous
silence les aspects préventifs
fondateurs de la santé. Le monde de
demain émergera lorsque la notion de
santé sera éclairée différemment ;
quand nous serons prêts,
individuellement et collectivement, à
faire des approches préventives notre
priorité. » Naturopathie, ayurveda,
techniques énergétiques, thérapies brèves,
jeûnes... : il existe mille et une pratiques
qui peuvent soutenir notre bonne santé,
donc notre harmonie au quotidien.
« Lorsque nous nous engagerons
massivement dans cette vision
préventive, nous viendrons nourrir
un nouvel égrégore qui n’est pas celui
de la guerre permanente contre la
maladie, mais celui d’un artisanat
de l’harmonie. »