Vous avez peut-être vécu cette étrange situation où une femme aux allures de gitane se dirige vers vous dans la rue et vous prend la main avec fermeté, pour vous dire ce que vous souhaitez savoir ! Figure ancestrale de notre panthéon ésotérique, la chiromancienne, de chiro, la main en grec, et de « mancie », divination ou voyance, maîtrise l’art de la prédiction. À ne pas confondre avec la chirologie, de « logie », qui renvoie à l’étude, l’analyse des mains. « Même si, la plupart du temps, les praticiens utilisent les deux, comme le faisait avec brio la réputée devineresse madame Lenormand, à l’époque de Napoléon », précise Chris Semet, voyant et astrologue⁽¹⁾.

Aujourd’hui, cette pratique connaît un nouvel essor ! Balayée, l’image un peu désuète de la chiromancienne dans son antre, aux tentures de velours pourpres, sa boule de cristal trônant sur le bureau ; la chiromancie est en vogue et s’expose même sans tabou sur les réseaux sociaux. Au même titre que de nombreuses pratiques divinatoires, comme le tarot, l’astrologie ou encore les runes, la lecture des lignes de la main rencontre un intérêt croissant. « Nous avons dans nos mains des informations incroyables, quand on sait les décoder, tout est là », s’émerveille Chris Semet. Au travers de simples lignes, vous pouvez déterminer si la personne est cérébrale, intuitive, si elle va voyager... « C’est troublant quand on y pense », commente ce dernier. Les spécialistes sont formels : le potentiel réside davantage dans la capacité à sonder les mystères de la personnalité, même si la prédiction de l’avenir est tentante.

Les grandes dates de l’histoire

La chiromancie est un art ancestral dont on peut retrouver les traces dans de nombreuses cultures. « Pratiquée en Chine, elle était utilisée en médecine chinoise et pour la lecture du Yi King », précise notre expert Chris Semet. C’est également le cas en Inde. En Europe, dès l’Antiquité, elle est étudiée par les Grecs, et Aristote (384-322 av. J.-C.) y fait référence dans son ouvrage Historia animalium. On la retrouve mentionnée également dans la Bible. Au fil du temps, cet art divinatoire a fait l’objet de plusieurs traités. Ainsi au XV^e siècle, on peut lire dans un ouvrage : « S’il y a une croix sur une ligne de cœur, c’est le signe d’une mort par le feu pour un homme, ou en couches pour une femme. » La chiromancie doit un renouveau de sa renommée à deux Français, dont Stanislas d’Arpentigny (1791-1861), officier à la retraite, féru de sciences et d’arts, qui publiera La chirognomonie en 1843. Tandis qu’Adolphe Desbarrolles (1801-1886), peintre portraitiste de renom, va réactualiser cette pratique ancestrale dans son ouvrage Les Mystères de la main en 1860. Toutefois, c’est finalement l’ouvrage monumental The Laws of Scientific Hand Reading de William G. Benham, un chiromancien américain, paru en 1900, qui va faire date.

Monts et merveilles d’informations

La lecture se fait dans les deux mains. Celle qualifiée d’active en chiromancie, avec laquelle nous écrivons, contient les possibilités du présent et de l’avenir. « Elle est en constante évolution et sa cartographie varie en fonction des éléments de notre vie », précise Christian Vidal⁽²⁾, chiromancien et voyant. L’autre contient nos acquis, talents et failles... Pour notre expert, la qualité d’observation est un talent incontournable : « Monts et lignes de la main recèlent de précieuses informations, à décrypter avec grande attention. » Les monts, premiers objets d’étude du praticien, ces zones charnues qui tapissent la paume, symbolisent les forces motrices de l’individu et nous rappellent nos liens si mystérieux avec l’astrologie. Au nombre de huit, ils sont dépositaires de forces et d’énergies correspondant aux astres auxquels ils sont reliés. « Ainsi, notre paume révèle nos affinités, nos aptitudes, associées aux planètes qui leur donnent leur nom : Saturne, Jupiter, Mars, Mercure... », détaille Chris Semet. « Leur observation révèle le profil astral d’une personne, tandis que tester leur fermeté met en lumière ses talents », ajoute Christian Vidal. Par exemple, le mont de Jupiter, en dessous ou près de l’index, symbolise l’ambition, l’autorité.

« Quand il est moelleux et haut, la personne apprécie de bien gagner sa vie, et peut s’en vanter », décrypte Cassandra Eason⁽³⁾, praticienne en art divinatoire . Tandis que le mont de Mercure, situé sous l’auriculaire, est la zone du voyage, de l’inventivité... « S’il est placé entre le petit doigt et l’annulaire, il révèle un talent d’orateur, et même d’humoriste », selon cette dernière. Ainsi, le potentiel de chacun serait gravé dans la main. Comme en témoigne Chris Semet : « Un auteur ou un communicant présente un mont de Mercure très développé, pour un artiste, c’est le mont d’Apollon. » Vous pouvez vous amuser à identifier vos propres monts et découvrir avec étonnement bien des concordances avec vos traits de caractère.

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