Chacun de nous dialogue avec soi-même, dans sa tête. Quand suivre sa petite voix intérieure pave la voie vers soi, le bonheur est à la clef. Quand la voix se fait multiple et disciple de la peur, elle verrouille la porte de l’admiration et sème la terreur dans les esprits. Le don de connexion à soi ou aux âmes dans l’au-delà devient alors une « hallucination auditive » et frôle la folie, aux yeux de la psychiatrie.

Pourtant, comme l’exprime Thomas Langlois, psychologue et thérapeute TCC au Centre hospitalier Gérard Marchant à Toulouse : « Les personnes qui entendent des voix les entendent, c’est une certitude. Il faut donc les croire, sinon on risque de ne plus pouvoir discuter avec elles. »

Psychose chronique ou expérience mystique ? Donner la parole aux personnes concernées, car il s’agirait d’écouter pour entendre et voir qui l’on a en face de soi : un entendeur de voix ou une victime d’un trouble psychotique. Et si tout ne tenait qu’au ton de cette voix et à la nature de ses propos ?

Voix : meilleures alliées ou ennemies jurées ?

Les ignorer ne les étouffe pas. Certains psychologues, comme François-Régis Péricaud, psychologue clinicien, choisissent de ne pas encourager les patients à en parler pour ne pas « amplifier le phénomène », précise-t-il. « J’insiste alors surtout sur le fait que ces voix proviennent d’une partie d’eux-mêmes dont ils ont perdu le contrôle, comme dans un rêve où les personnages représentent différentes parties de la psyché du rêveur. C’est le rêveur lui-même qui fait parler les personnages. Mais ce genre d’explications ne permet pas de faire disparaître les voix, juste de rassurer un peu la personne. » Pour lui, « il y a sûrement des entendeurs de voix qui vivent très bien avec. Comment comprennent-ils ce phénomène ? Est-ce pour eux la voix d’un parent défunt ? D’un ami intérieur ? Un ennemi ? Un personnage divin ? Pensent-ils être en contact avec des entités surnaturelles ? » Justement, telle est la question… voix mystique ou voie psychotique ? Nous sommes tous uniques, la réalité de l’un diffère de celle de l’autre et le champ des possibles pousse les portes de l’entendement et parfois du monde invisible.

Pour Yann Derobert, psychologue et secrétaire du REV (Réseau français sur l’entente de voix) au contraire : « Il s’agit de les apprivoiser pour vivre avec. [...] Il est important de faire abstraction de tout jugement moral. Si je pars du postulat que la voix peut faire faire quelque chose aux gens, je reste ouvert et je me demande pourquoi cela a fait sens pour cette personne d’agir ainsi et je cherche à comprendre la raison qu’il l’y a encouragée. » Pour l’entendeur de voix, « comprendre les raisons lui permet de se responsabiliser et de vivre avec ce qu’il a fait ». Les voix surviennent dans les périodes de stress, à la suite de chocs traumatiques et le plus souvent chez des personnes victimes d’abus sexuels. « C’est important pour elles qu’on les écoute et qu’on reconnaisse la réalité de ce qu’elles ont vécu », ajoute le spécialiste.

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