Yin et yang sont les forces complémentaires d’un même mouvement toujours en expansion, la Vie. Mais si elles sont aujourd’hui discriminées dans la culture populaire comme des forces contraires et opposées, c’est la symbiose originelle, mère de la nature, que l’on peut observer en elles.
Nature
Shutterstock/Merkushev Vasiliy
« La pensée yin-yang a commencé comme une tentative de réponse à la question de l’origine de l’Univers », écrivait l’historien John M. Koller. Et si le célèbre symbole noir et blanc représente ces deux forces à l’origine du monde que nous connaissons, une évidence frappe ceux qui l’observent attentivement. Dans le yin, il y a le yang, et dans le yang, il y a le yin. Ces forces s’entremêlent, et bien qu’elles soient distinctes, elles ne peuvent exister indépendamment l’une de l’autre. En touchant cette puissante interpénétration, c’est de la symbiose originelle que l’on s’approche.
Une perspective largement étudiée par les sciences modernes qui éprouvent aujourd’hui, à travers la rigueur scientifique, ce que les maîtres taoïstes, dans leur quête de compréhension de l’origine du monde, avaient formulé par la poésie. Alors comment science, au sens classique du terme, et pensée métaphysique chinoise se rencontrent-elles pour comprendre l’équilibre de la nature ? Jusqu’à quelle réflexion fondamentale la symbiose peut-elle mener ?
La symbiose en science : mutualiser, c’est survivre
Pour comprendre l’interaction entre le concept yin-yang d’une part et la notion de symbiose d’autre part, il est indispensable d’en aborder la rigueur et la précision scientifique. C’est pour exprimer cette idée de coopération et de cooptation entre éléments distincts que le terme symbiotismus fut écrit dans un article publié en 1877 par le biologiste allemand Albert Frank. Il était alors employé pour désigner l’association profitable des algues et des champignons dans leurs survies respectives. L’un fournissant à l’autre du sucre en échange de sels minéraux. C’est ce que Marc-André Sélosse, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et auteur de plusieurs ouvrages (entre autres Jamais seul et L’origine du monde), désigne comme une « coexistence durable entre espèces ». Et pour lui, la question de l’équilibre de la nature reste naïve dans l’exclusion de ce « bruit de fond d’extinction, de ce chaos latent ». Il ajoute qu’« il s’agit d’un équilibre illusoire, précaire, plein de petits déraillements. L’équilibre se construit dans l’évolution et la capacité d’adaptation, à travers la création de partenariats. C’est un équilibre dynamique. » D’un point de vue strictement scientifique, la symbiose est donc une association bénéfique réciproque qui soutient la vie.
À titre d’exemple, tous les organismes vivants respirent par le fait d’une coopération relevant d’un processus d’« endosymbiose ». Marc-André Sélosse évoque ainsi « l’origine de la respiration dans le partenariat entre les mitochondries et les cellules ». En effet, les mitochondries sont des structures semi-autonomes dotées de leur propre patrimoine génétique. Selon la biologiste Lynn Margulis, elles seraient apparues au cours de l’évolution après l’ingestion de bactéries par des procaryotes (organismes unicellulaires). Ces bactéries dotées de la capacité de respiration, ou de photosynthèse pour les plantes, ont été maintenues dans leur hôte grâce à une coopération mutuellement bénéfique. La mitochondrie fournit alors à la cellule son processus énergétique, en échange de nutriments et de protection. Ainsi, cette symbiose a pu donner la capacité de respirer à tous les êtres vivants, y compris les êtres humains. Mais depuis cette dimension microcosmique jusqu’à la dimension du macrocosme, la logique de symbiose semble refléter une constante immuable : l’interdépendance de toutes les formes de vie.
La nature se présente comme une interpénétration constante de toutes les formes d’existence.
Yin et yang, la vie se stabilise dans la création de liens
À l’observateur averti apparaissent « la simplicité presque effrayante et la totalité des interconnexions de la nature », comme l’écrivait le physicien allemand du XXe siècle Werner Heisenberg. La nature se présente comme une interpénétration constante de toutes les formes d’existence. Et si la question s’est posée pour les interdépendances entre organismes terrestres, elle peut s’étendre jusqu’à l’origine même de la vie. Pour Fabrice Jordan, docteur en médecine et directeur du centre taoïste Ming Shan en Suisse, « si l’on se tourne vers la physique quantique, alors on comprend que pour qu’une particule élémentaire passe du vide quantique à la matière, elle a besoin de deux choses : d’énergie et de créer des liens. Sans liens, elle retourne au vide quantique. On pourrait nommer cela la symbiose mère du monde manifesté. Avant même que les organismes complexes aient besoin les uns des autres pour survivre, il faut observer que la condition même de l’existence de la nature est la capacité à créer un lien. Ce sont ces liens qui stabilisent l’existence de la matière. » En ce sens, la nature est un champ de manifestation d’un principe qui englobe le Cosmos entier.
Sahra Leclerc est journaliste spécialisée dans les philosophies orientales, l'étude de la conscience et l'interface homme-nature.
Elle pratique la méditation bouddhiste depuis ses 16 ans et évolue au sein d'une double culture franco-indienne depuis plus de dix ans. ...
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