Parmi les nombreuses pratiques traditionnelles qui nous viennent d’Orient, et qui sont bénéfiques pour le corps comme pour l’esprit, nous sont parvenues les mudras. Issues des Vedas, ces enseignements originaires d’Inde et datant d’environ deux mille ans avant Jésus-Christ, les mudras, mot féminin composé de
mud
« bonheur » et
ra « déclencheur » en sanskrit, sont des « gestes symboliques » ou « signes » qui peuvent apporter le bien-être.
Mais elles sont aussi des expressions physiques du sacré, un langage des signes qui exprime des intentions, des notions ou encore des divinités, le mot signifiant aussi « sceau ».
Elles peuvent être statiques, représentées sur des peintures ou des sculptures, ou être mises en mouvement lors de cérémonies ou de pratiques méditatives. Souvent associées à des mantras, à des chants ou encore à d’autres gestes plus amples comme des postures de yoga, les mudras portent en elles les mêmes connexions énergétiques. Parmi les personnes qui en transmettent les instructions, il est reconnu que les mudras, surtout si elles sont associées aux mantras, peuvent influencer la santé psychique et physique, ramener une forme d’équilibre au niveau énergétique, et donc ouvrir des portes pour la conscience. Selon le formateur en énergétique chinoise Serge Villecroix, avec la méditation et les mantras, «
les mudras par l’influence de certaines énergies circulant dans le corps, par l’intermédiaire du toucher et
de la somesthésie qui est notre principal système sensoriel » sont des structures dissipatives amenant l’homme au sacré. Bien que d’origine hindoue, elles peuvent se retrouver dans d’autres cultures, comme le précise Laura Garnaud, professeure de yoga : «
La shuni mudra
est présente sur certaines représentations du Christ (voir encadré)
, mêlant compréhension, compassion et patience envers les autres. La main de Fatma est souvent associée à l’abhaya mudra
qui symbolise la paix et la protection. » Même si elles n’ont pas toujours de connotation religieuse, les mudras ont toujours une symbolique associée, qui permet de faire sens lorsqu’on les pratique. Elles sont utilisées dans la méditation et le yoga, afin notamment d’aider à la concentration.
Mudras et symboles
À l’origine, les mudras étaient utiles lors des cérémonies pour associer, et c’est l’un des piliers des spiritualités orientales, les paroles au geste, afin que corps, action et esprit soient actifs ensemble. Lors des prières, des méditations ou des événements, les mantras (paroles sacrées effectives), les visualisations (descriptions visuelles des déités, par exemple) et les mudras (gestuelles symboliques parfois associées à une cloche ou un sceptre
(1)) sont répétés par les pratiquants. Ces mudras ont donc un sens, que l’on peut encore utiliser aujourd’hui d’un point de vue sacré ou encore énergétique. «
La vishnu mudra
est associée au dieu Vishnou, car ils sont tous deux liés à l’équilibre et à la stabilité. Il en est de même pour la ganesha mudra
associée au dieu Ganesh. Cette mudra est liée au travail sur l’énergie invisible et la réalisation de projets, tout comme Ganesh est un dieu aidant à réaliser nos objectifs et à faire sortir le meilleur de nous-mêmes », explique Laura Garnaud. De même, les mudras peuvent travailler sur les émotions lorsque la gestuelle est associée à un symbole qui va renforcer la démarche de prise de conscience. Par exemple, la naga mudra
(2), le geste de la déesse serpent, aide à développer la confiance en soi. «
Le serpent est un animal qui change de peau pour grandir. Il laisse derrière lui ses vieilles apparences, cette peau qui l’empêchait d’être lui-même, sans hésitation », expliquent Juliette Dumas et Locana Sansregret, auteures d’un livre référence
(3). Cette mudra permettrait ainsi d’avoir les idées plus claires et de se sortir des croyances limitantes. En Inde, les danseuses de
bharata natyam, la danse sacrée traditionnelle, utilisent les mudras en complément de leurs mouvements corporels. Enfin, les mudras se retrouvent dans de nombreuses statuaires, comme les représentations des dieux et de Bouddha. C’est le cas des mudras dites immobiles, comme la mudra de la méditation
(4) ou la mudra de la prise de témoin de la Terre
(5).
Les mudras, mot féminin composé de mud « bonheur » et ra « déclencheur » en sanskrit, sont des « gestes symboliques » ou « signes » qui peuvent apporter le bien-être.
Comment les mudras fonctionnent-elles ?
En dehors de la reliance sacrée, d’un geste associé à une symbolique qui est répété depuis des millénaires, comment agissent les mudras ? Les mantras émettent des vibrations grâce au son et déploient des résonances énergétiques. En médecine traditionnelle chinoise, mais aussi en ayurvéda, les mains sont en relation directe avec l’énergie
prana et les
nadis qui circulent dans le corps. Ensuite, chaque partie de la main est reliée à un organe et à des méridiens, ce qui est la base de toutes les traditions, telles l’acupuncture, la réflexologie et l’acupression… Les mains permettent aussi la circulation de l’information dans le corps : «
Une mudra est une technique pour transmettre des messages clairs au système énergétique que constitue notre appareil corps/mental. Si la paume est réceptrice, les doigts sont émetteurs. En réunissant un doigt et un autre doigt d’une manière bien précise et particulière, l’énergie correspondante est alors dirigée dans une partie bien définie du corps », expliquent Juliette Dumas et Locana Sansregret.
Ainsi, des connexions avec les centres énergético-sacrés que sont les chakras dans notre corps peuvent se faire, mais aussi avec les
pancha vayu, moins connus, qui sont des mouvements énergétiques de circulation dans le corps, mais d’un point de vue subtil. Ainsi, chaque doigt est associé à un élément (index : air, pouce : feu, majeur : éther, annulaire : terre et auriculaire : eau), la partie gauche du corps est reliée au yang (masculin) et la partie droite au yin (féminin). En combinant tous ces circuits énergétiques, en appuyant ou en joignant ces points, des centaines de combinaisons peuvent activer ou renforcer ce dont nous avons besoin. C’est aussi la répétition qui est efficace. Il s’agit de pratiquer les mudras très régulièrement, presque comme une routine quotidienne. «
Il est important que les mouvements soient faits avec présence, conscience et concentration », rappellent Juliette Dumas et Locana Sansregret, car plus le corps est immobile, plus la fluidité de l’énergie vitale peut être observée.
Il existe un nombre important de mudras, et leur utilisation correspond aussi à l’expression d’un sentiment. En yoga, elles peuvent se pratiquer après les postures, scellant ainsi le cycle du souffle par leur statique, elles inspirent la stabilité mentale. Les mudras associent ainsi le geste à la concentration de l’esprit, dans un mouvement qui relie au sacré.
Jésus et les mudras
Dans de nombreuses représentations de Jésus, il apparaît évident que ce dernier utilisait les mudras, ce qui renforce la théorie selon laquelle il aurait voyagé en Inde avant d’enseigner. Avec notamment le soham mudra qui signifie « Je suis », Jésus disait à de nombreuses reprises : « Je suis celui qui est. »