Le biomimétisme est le pari ingénieux que font certains architectes pour imaginer
la ville de demain : autosuffisante, non polluante, résiliente... En parallèle d’un retour à une nécessaire sobriété, l’homme y vivrait en symbiose avec son environnement naturel.
Art de vivre
Getty/Bulgac
Imaginez le Paris de demain, affranchi des problématiques
énergétiques. Là, des tours maraîchères, ici
d’immenses fermes verticales, des ponts habités qui
enjambent la Seine, un corridor écologique avec de
grands immeubles photocatalytiques dépolluants…
Littéralement, une jungle urbaine, autosuffisante en
énergie. Si cette vision semble idéaliste, c’est pourtant
le scénario développé par Vincent Callebaut, un architecte
belge, à la demande de la mairie de la Ville
Lumière… Un projet qui répond à une urgence écologique
et sociétale. Car selon l’ONU, au début du XIXe
siècle nous étions 2 % à vivre en zone urbaine.
D’ici 2050, nous serons 68 % ! L’essor du niveau de
vie des pays de l’OCDE ainsi que la croissance démographique
et industrielle de nombreux pays en développement
conduisent à une augmentation continue
de la quantité d’énergie utilisée par l’humanité. Mais
nos ressources, elles, sont limitées… Comment, alors,
organiser la cité afin qu’elle soit autosuffisante en énergie,
sans mettre en péril le vivant ? Parmi les enjeux
à l’œuvre, il s’agit de collecter de l’énergie « propre »,
mais aussi de pouvoir la stocker massivement, la transmettre
aux consommateurs, optimiser son utilisation
et limiter les pertes… Autant d’éléments qui composent
le « cahier des charges » des systèmes énergétiques
de demain. Urbanistes et architectes mettent
tout leur savoir-faire au service de projets destinés à
créer une ville durable, pour passer du rêve à la réalité.
Biomimétisme : créatif et
interdisciplinaire
Depuis près de 3,8 milliards d’années, la vie orchestre
une gestion absolument parfaite de l’énergie, alors autant
s’en inspirer ! Le biomimétisme consiste à prendre
exemple sur les performances des systèmes biologiques,
afin d’apporter des solutions innovantes. Il nous invite
à observer leurs grands principes et à comprendre l’organisation
qui leur confère cet équilibre, de même que
les stratégies de résolution des divers défis rencontrés.
« Nous partageons une grande partie de notre ADN avec
l’ensemble du vivant. Et nous sommes intimement liés
par nos besoins fonctionnels. Il est essentiel d’intégrer cette
notion qu’on ne peut être épanouis, heureux que si on est
en paix avec notre “famille”, pour ainsi dire, soit un arbre
généalogique absolument extraordinaire qui remonte à
l’origine de la vie sur la Terre », partage Luc Schuiten,
architecte belge et spécialiste des « villes vertes ». Dans
un rapport datant de 2022, le Centre d’études et d’expertise
en biomimétisme (Ceebios) précise qu’au sein
du vivant, « les flux de matière sont régulés et distribués
de manière circulaire. Les écosystèmes sont résilients aux
perturbations. Les organismes peuvent notamment se
nourrir, communiquer, se développer, se protéger et s’autoréparer
de manière sobre et efficiente. Le vivant intègre
une multitude de réponses aux défis auxquels l’humanité
est aujourd’hui confrontée. Ces réponses s’observent à de
nombreuses échelles de temps et d’espace. » Comment apprendre
de ces exemples pour bâtir la ville de demain ?
L’organisme propose quelques éléments de comparaison
entre les mondes technologique et biologique. Parmi
les grandes clés pour l’avenir, tandis que la société
humaine utilise comme principale source d’énergie les
hydrocarbures, une ressource limitée, le reste du vivant
puise dans l’énergie solaire. Un astre dont la durée de
vie est estimée à 5 milliards d’années… De quoi envisager
l’avenir sereinement ! De même, en matière d’infrastructures,
nous faisons appel à nombre de matériaux
peu recyclés et à des éléments rares, tandis que le
monde biologique est économe en matières premières
et fonctionne sur la base d’éléments recyclés, souvent
locaux et abondants, comme l’explique Luc Schuiten :
« Dans la nature, prenons le coquillage. C’est un biobéton
absolument magnifique. Il est lisse, étanche, ne s’effrite
pas… Il a des qualités techniques de loin supérieures au
béton que nous fabriquons. C’est un petit mollusque qui
le crée en prenant ce qui lui convient dans le mètre cube
qui se trouve autour de lui, sans pollution… Cerise sur
le gâteau, il absorbe du CO₂ et le convertit pour en faire
les matériaux nécessaires pour sa coque. De notre côté, le
béton est le deuxième responsable au monde des gaz à effet
de serre dans le domaine de la construction, c’est considérable. » Une stratégie clé adoptée par le vivant consiste
donc à limiter la déperdition d’énergie, réduisant ainsi
le coût énergétique global.
Journaliste, réalisatrice et auteure, Aurélie Aimé est spécialiste du monde des spiritualités et de l'écologie. Son parcours professionnel lui a permis d’explorer inlassablement ces sujets et de partager ses découvertes.
D’abord, elle a été journaliste et animatrice télé sur M6, spécialiste de « récup’ » et d’ « astuces de grands-mères » pour l’émission 100% Mag. Puis en 2014 elle a rejoint la rédaction de l'INREES, de Kaizen, puis de Natives, entre autres.
Elle est l’auteure de plusieurs ou ...
À
retrouver
dans
Inexploré n°58
Énergie vitale
Thermique, chimique, nucléaire, électrique, subtile... L’énergie est l’enjeu majeur de cette époque, plus que jamais. Mais d’où vient-elle exactement ? Pourquoi avons-nous tant de mal à la maintenir, à la stocker, dans nos corps, dans nos villes ? Certaines thérapies énergétiques, comme le reiki et le magnétisme, permettraient de prendre soin de notre énergie vitale. À plus grande échelle, urbanistes et architectes pensent les villes de demain pour transformer notre rapport à l’environnement. Le concept tant débattu d’énergie libre, associé à Nikola Tesla, sera-t-il jamais atteignable ? Peut-on rêver d’abondance énergétique ? Une forme plus subtile d’énergie pourrait être la clé...
Découvrez les réponses à la passionnante question de l’énergie vitale sous toutes ses formes dans ce numéro 58 d’Inexploré. Excellente lecture à vous !
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Bernard Werber, un des romanciers les plus lus en France et ardent soutien de l’INREES, a écrit cette nouvelle spécialement pour les lecteurs d’Inexploré.
5 octobre 2014
Une nouvelle de Bernard Werber : les robots se cachent pour mourir
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