Fruit de notre intention de les voir dotés de conscience, support de nos projections affectives, sujets potentiels de psychokinésie ou de poltergeist, les robots sont aussi les réceptacles de charges émotionnelles intenses. Sont-ils des « totems » modernes ?
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Petite, je ne voulais pas que mes jouets partent à la poubelle, même s’ils étaient cassés », raconte Isabelle au détour d’une conversation. «
Allez Titine, démarre », souffle Jean-Claude à sa voiture qui peine à se mettre en route.
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Nos clients leur donnent des petits noms », révèle la vendeuse au rayon des robots aspirateurs. «
Nous sous-estimons gravement l’importance pour notre vie psychique des liens que nous établissons avec tous les objets qui nous entourent », appuie le psychiatre Serge Tisseron dans son article « Nos objets quotidiens » (paru dans la revue
Hermès). Supports transitionnels ou de projections, confidents, porte-bonheur, parés de noms et de traits de caractère... Nous attribuons à certains de nos objets des aptitudes psychologiques, comme s’ils étaient conscients. Nos robots de demain, affublés de traits humanoïdes, capables de bouger et d’interagir avec nous, échapperont difficilement à ces attentes affectives. Nous leur accorderons volontiers des pensées et des sentiments. Ainsi se tisse une étrange toile psychique autour de ces objets exceptionnels.
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Tout ce qui est créé émerge forcément d’une intention et en porte aussi
les traces. Tout objet est porteur de réminiscences qui proviennent des matériaux utilisés, du mode de fabrication, des recherches qui ont été faites en amont et de la conscience des fabricants. C’est d’ailleurs comme cela que lorsque nous sommes en contact avec un objet, nous pouvons nous connecter à ces champs de mémoire contenant son histoire », avance Liliane Van der Velde, fondatrice de l’école Nature conscience et chamanisme. Fruit de recherches scientifiques de pointe, fabriqués avec nos meilleures technologies, porteurs de notre envie de les voir s’animer... Nos intentions pourraient-elles avoir un quelconque effet sur nos robots industriels et surtout, domestiques ?
Tout objet est porteur de réminiscences
qui proviennent des matériaux utilisés, du mode de fabrication, des recherches qui ont été faites en amont et de la conscience des fabricants.
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Une somme considérable de recherches sur la nature de la conscience, menées au cours des 30 dernières années par
de prestigieuses institutions scientifiques dans le monde, démontrent que les pensées peuvent avoir un effet sur
toutes choses, depuis les machines
les plus simples jusqu’aux êtres vivants les plus complexes », indique
la journaliste Lynne McTaggart
dans son livre
La Science de l’intention. Ainsi, les études sur la psychokinésie – faculté à agir sur la matière par
le seul recours de l’esprit – mettent en évidence une action psychique significative sur certains dispositifs matériels. «
Dans la dernière moitié
du XXe siècle, des centaines de tests de psychokinésie utilisant des générateurs de nombres aléatoires ont par exemple été publiés », confirme Dean Radin,
chercheur en parapsychologie et auteur du livre
Superpouvoirs. à en croire ces résultats, des interférences entre les programmes numériques, le comportement mécanique de nos robots et notre conscience,
sont possibles. Nous pourrions potentiellement, et dans une certaine mesure, orienter leur conduite. Serions-nous, humains, leur unique source d’interaction psychique ?
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Si nous acceptons les conclusions des recherches sur les effets électroniques impliquant des ordinateurs et suggérant que des entités indépendantes peuvent utiliser nos technologies, nous pouvons imaginer que lorsque nous aurons des robots sophistiqués, la même utilisation pourra se produire », souligne
Dean Radin. Ainsi, de nombreux phénomènes de psychokinésie impliquant des forces inhabituelles ont pu être constatés. Une ampoule électrique qui cesse de fonctionner sans raison lorsque nous pensons à un proche. Des téléviseurs, des caméras ou des ordinateurs qui affichent des images anormales à
des dates anniversaires. Pouvons-nous aller jusqu’à imaginer que des formes psychiques désincarnées impulseraient parfois nos androïdes ? Robots possédés, fantômes dans la machine ? N’est-ce pas, d’une certaine manière, ce que nous cherchons à faire : doter nos créations numériques et robotiques d’une sorte de conscience ? À défaut de parvenir à en créer une forme nouvelle ou à numériser la nôtre afin de la transférer sur un support informatique, d’autres formes de conscience pourraient-elles glisser dans nos robots ? Ne sommes-nous pas en train d’élaborer des totems modernes ?
Objets fabriqués avec le meilleur des connaissances disponibles, les fétiches et les totems ont toujours eu pour fonction d’être des interfaces pour des consciences invisibles. «
Lorsque nous fabriquons un objet sacré en chamanisme, nous l’utilisons comme un relais avec des champs invisibles. Quand une tribu fabrique un totem, c’est pour vénérer l’esprit de la tribu, une déité ou un esprit particulier. Elle lui donne une forme mais elle sait
bien que c’est une porte vers et pour une autre dimension. C’est comme si les humains avaient toujours cherché
à matérialiser la conscience de toutes les façons possibles. La question est de savoir jusqu’à quel point l’intention, ou la conscience, de l’humain moderne a une vue d’ensemble sur ce qu’elle cherche à générer et à quoi elle cherche réellement à se relier », conclut Liliane Van der Velde.