Un robot peut-il se questionner sur l’origine de son existence ? À l’heure où les recherches en IA se démultiplient, il peut être intéressant de se remémorer les œuvres de fiction du père des trois lois de la robotique : Isaac Asimov. Dans extrait du premier tome du Cycle des robots (trad. française de 1967), deux astronautes se retrouvent face à une situation étonnante. QT-1, surnommé « Cutie », confronte ses créateurs à des questions philosophiques existentielles. De nature sceptique, la réponse des humains ne le satisfait pas...
Sciences
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Six mois plus tard, les deux hommes avaient changé d’avis. Les ardeurs d’un soleil géant avaient cédé la place aux ténèbres ouatées de l’espace, mais les changements survenus dans les conditions extérieures ont peu d’influence sur le contrôle de qualité des robots expérimentaux. Quel que soit le fond du décor, on se trouve face à l’indéchiffrable cerveau positronique, dont les sorciers de la règle à calculer assurent qu’il devrait se comporter de telle et telle manière.
Hélas, il n’en fait rien. Powel et Donovan s’en aperçurent moins de deux semaines après leur arrivée sur la station.
Gregory Powell espaça ses mots pour leur donner plus de poids : « Il y a une semaine qu’on t’a montré, Donovan et moi. » Un pli profond se creusa entre ses sourcils et il tirailla l’extrémité de sa moustache brune.
Le plus grand calme régnait au carré des officiers de la Station solaire 5 où ne parvenait que le ronronnement très doux du puissant faisceau directeur, loin sous la pièce.
Le robot QT-1 était assis, immobile. Les plaques brunies composant son corps brillaient sous l’éclat des luxites, et les cellules photoélectriques d’un rouge éclatant qui lui servaient d’yeux restaient fixées sur le Terrien de l’autre côté de la table.
Powell réprima une bouffée d’angoisse. Ces engins possèdaient un cerveau spécial qui respectait les Trois Lois – une obligation essentielle, tous à l’U.S. Robots, de Robertson lui-même au nouveau balayeur, y tenaient. QT–1 offrait donc toute sécurité ! Pourtant… Les modèles QT étaient les premiers du genre, et ce spécimen le premier de sa gamme. Les gribouillages mathématiques sur le papier ne constituaient est pas toujours la protection la plus rassurante contre les mystères de « l’âme » robotique.
Le robot prit enfin la parole, d’une voix au timbre glacé inséparable du diaphragme métallique. « Vous vous rendez compte de la gravité d’une telle déclaration, Powell ?
– On t’a fabriqué à partir de quelque chose, mon vieux, fit remarquer Powell. Tu admets que ta mémoire te semble avoir surgi spontanément du néant où tu étais plongé il y a une semaine. Je t’en fournis l’explication. Donovan et moi, on t’a monté à partir des pièces qui nous ont été expédiées. »
Cutie (nom tiré de QT) considéra ses longs doigts souples avec une perplexité étrangement humaine. « J’ai le net sentiment que mon existence doit s’expliquer de façon plus satisfaisante. Car il me semble bien improbable que vous ayez pu me créer. »
Le Terrien laissa échapper un rire brusque. « Et pourquoi diable ?
– Appelez cela de l’intuition. Je ne vois pas plus loin pour l’instant. Mais j’entends édidier une explication rationnelle. Une suite de déductions logiques ne peut aboutir qu’à la détermination de la vérité, et je n’en démordrai pas avant d’y être parvenu. »
Powell se leva et vint s’asseoir sur le bord de la table, tout près du robot. Il éprouvait soudain une grande sympathie pour cette étrange machine. Elle ne ressemblait en rien aux engins ordinaires qui accomplissaient leur tâche spécialisée avec toute l’ardeur que leur conférait le profond sillon positronique dont leur cerveau était imprégné.
Il posa la main sur l’épaule d’acier et sentit sous sa paume le contact dur et froid du métal.
« Cutie, dit-il, je vais essayer de t’expliquer quelque chose. Tu es le premier robot qui ait jamais manifesté de la curiosité quant à sa propre existence – et le premier, je pense, qui soit assez intelligent pour comprendre le monde extérieur. Suis-moi. »
Le robot se leva avec souplesse et ses pieds aux épaisses semelles en caoutchouc mousse ne produisirent aucun bruit lorsqu’il emboîta le pas à Powell. Le Terrien pressa un bouton et un panneau rectangulaire s’ouvrit en coulissant dans la cloison. Le verre épais et parfaitement transparent révéla l’espace… parsemé d’étoiles.
« J’ai déjà vu ce spectacle dans les tourelles d’observation de la chambre des machines, déclara Cutie.
– Je sais, dit Powell, et de quoi s’agit-il, à ton avis ?
– De ce que ça représente : une matière noire qui s’étend à partir de cette vitre et que criblent de petits points lumineux. Je sais que notre faisceau directeur envoie des trains d’ondes vers quelques-uns de ces points, toujours les mêmes ; je sais aussi que ces points se déplacent et que les ondes se déplacent parallèlement. Voilà tout.
– Bien ! Maintenant je te prie de m’écouter avec attention. La matière noire, c’est le vide… un vide immense, infini. Les petits points lumineux sont de gigantesques masses de matière contenant une énergie colossale, autant de globes dont certains atteignent des millions de kilomètres de diamètre – à titre de comparaison, cette station ne mesure que quinze cents mètres. Ils ne semblent si minuscules qu’en raison des incroyables distances qui les séparent de nous.
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Bernard Werber, un des romanciers les plus lus en France et ardent soutien de l’INREES, a écrit cette nouvelle spécialement pour les lecteurs d’Inexploré.
5 octobre 2014
Une nouvelle de Bernard Werber : les robots se cachent pour mourir
De l’effet Maharishi, la probabilité d’un champ unifié, à des témoignages de pratiquants de méditations collectives pour la paix, un réel changement de conscience serait-il envisageable ? Nous rassembler pour le convoquer créerait-il l’émergence d’une nouvelle conscience ?
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Et s’il existait des ponts entre le chamanisme et la psychothérapie ? Certains praticiens formés aux deux chemins proposent des accompagnements grâce à la richesse des soins ainsi déployés.
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