Les thérapies complémentaires proposent une approche tournée vers l’humain, la relation et les conditions de vie. Comment peuvent-elles s’intégrer dans un parcours thérapeutique et dans notre paradigme scientifique occidental ?
Santé corps-esprit
Getty Images/Thomas Barwick
« Les gens croyants vivent sept années de plus que les autres », selon une étude tirée du livre La santé devant soi de Frédéric Saldmann. Ce résultat laisse présager les liens puissants entre le mental, notre équilibre psychocorporel et la santé du système immunitaire. Hypnose, naturopathie, acupuncture, psychothérapie, méditation, yoga, géobiologie, radiesthésie... Comme si elles répondaient à chaque dimension de notre être, les thérapies complémentaires apportent une vraie différence dans les parcours de soin.
Le directeur adjoint de l’Institut Desbrest d’épidémiologie et de santé publique affirmait en 2013 que « les connaissances récentes montrent à quel point la santé est le produit d’une interaction complexe d’un sujet avec son environnement, d’un patrimoine génétique avec son milieu écologique, social et culturel (épigénétique). Ces connaissances rétablissent un équilibre entre la thérapie et la prévention, entre les traitements et les soins, entre la biologie et la psychosociologie, entre le patrimoine génétique et le mode de vie... » Le défi pour la médecine du XXIe siècle serait-il d’accomplir une synthèse harmonieuse de ces méthodes thérapeutiques en s’adaptant aux particularités de chaque personne ?
Je garde la personne au minimum
une heure avec moi. Être écouté, être entendu, être une personne, c’est très important. Les gens ont besoin d’exister en tant que personnes à part entière.
Un partenariat holistique
Le 7 mai dernier à Nice se tenait la quatrième rencontre des médecines intégratives, de la médecine officielle et de la spiritualité organisée par l’association CEPPI (Centre d’études parapsychologiques et des phénomènes inexpliqués). Des praticiens se sont succédé pour expliquer leur approche. Parmi eux, Haydée Henderyckx, praticienne de santé en psychonomie et naturopathe qui accompagne les pathologies les plus diverses, du lumbago aux maladies chroniques. Elle est aussi membre de l’Observatoire des médecines complémentaires et non conventionnelles, une association qui questionne ces pratiques plébiscitées par les patients alors qu’elles ne sont pas reconnues par le milieu médical. Sa méthode, la psychonomie, est une pratique manuelle très douce, qui s’adapte au fonctionnement naturel de tout être vivant. Pour la thérapeute, bénéficier d’un suivi global le plus complet possible est précieux : « Je demande toujours aux personnes où elles en sont avec leur médecin. S’il s’agit d’une pathologie lourde, où en est-elle dans son parcours ? Si la personne redoute de rencontrer un médecin, je l’y incite. Seuls les médecins disposent des outils nécessaires pour savoir où en est la personne. C’est indispensable et rassurant pour tout le monde et on a tous à y gagner. » L’arrivée d’une maladie interroge le sens de notre vie et notre rapport à nous-mêmes. Elle résonne parfois comme un signal pour réinvestir pleinement notre être. Une donnée intégrée par les médecines complémentaires : « Je garde la personne au minimum une heure avec moi. Être écouté, être entendu, être une personne, c’est très important. Les gens ont besoin d’exister en tant que personnes à part entière », témoigne la thérapeute. Lors d’un parcours de soin, toutes les dimensions de notre être sont à intégrer, ce qui favorise une prise en compte globale qui dépasse la réparation strictement organique.
C’est ce qu’a très bien compris le Dr Jean-Loup Mouysset, médecin à l’origine du concept « Ressource » : des centres de prise en charge de la dimension humaine de personnes malades ou en rémission. Le fondateur est parti d’un constat : l’annonce d’un cancer est un traumatisme existentiel. Sa prise en charge ne s’élabore qu’à partir d’une vision holistique. Être acteur de sa guérison exige des outils et une connaissance. Or, le malade se trouve confronté à quatre grandes difficultés : la vulnérabilité, l’isolement, l’impuissance et la culpabilité. Les centres proposent ainsi des soutiens multiples afin d’offrir au malade un environnement relationnel sécurisant et de qualité : de la psychologue à l’esthéticienne, de l’assistante sociale à un sophrologue. Haydée Henderyckx y a participé comme thérapeute, elle témoigne : « Les résultats sont fantastiques. Les gens retrouvaient le moral. » Le premier centre Ressource a vu le jour à Aix-en-Provence en 2011, puis l’initiative a essaimé à Lyon, Marseille, Reims, Saint-Avold et Lafrançaise. Le concept Ressource s’inspire directement d’expériences américaines. En 2009, l’étude du professeur en psychologie, obstétrique et gynécologie Barbara Andersen est venue confirmer l’impact de l’accompagnement chez les femmes souffrant d’un cancer du sein : 45 % de récidives en moins avec onze ans de recul. Les États-Unis sont d’ailleurs en avance : plus de 86 universités américaines enseignent et reconnaissent comme spécialité la médecine intégrative.
Céline Chadelat est journaliste spécialisée dans les religions, la spiritualité, la santé et le bien-être.
Elle est autrice de trois livres dont le best-seller "Le Mois d'Or" et créatrice du compte instagram @lemoisdor.
Elle pratique la méditation depuis l'âge de 20 ans.
En savoir plus
...
À
retrouver
dans
Inexploré n°55
Médecines de l'âme
Un esprit sain dans un corps sain ? Autrefois, médecine et spiritualité étaient intimement liées. Philosophies grecques, orientales et chamaniques en témoignent.
Comment repenser le parcours de soin dans un dialogue entre visible et invisible ? Peut-on ouvrir la voie à une médecine holistique et préventive ? Sur ce chemin, les guérisons surnaturelles peuvent-elles nous inviter à de nouvelles connaissances ?
Sans se priver de la technicité de la médecine occidentale, une alliance en bonne intelligence avec les thérapies dites « complémentaires » serait plutôt à rechercher. Mieux encore : transformer notre rapport à la santé serait bénéfique tant à l’individu qu’au collectif, et finalement, à la planète.
Conscience de soi, santé du monde ? Ce numéro estival d’Inexploré explore cette question en détails. Une nécessité afin de se responsabiliser au quotidien et retrouver une forme de souveraineté dans notre rapport au corps et à la guérison. Très belle découverte !
Magnétisme, acupuncture, shiatsu, reiki... Les approches de guérison énergétiques sont légion ! Toutes font alliance avec l’énergie universelle pour libérer ce qui empêche le flux du vivant de s’exprimer pleinement.
Que faire lorsqu’on est témoin de l’inexpliqué ? Vers qui se tourner, et qui pour nous croire ? Des professionnels s’associent autour du nouveau livre de Stéphane Allix et à travers le réseau de l’INREES pour se mettre à disposition ...
Quand les écrans et les ondes envahissent notre quotidien, certains, comme David, découvrent à leurs dépens les effets néfastes de cette exposition continue… Face à cette intolérance électromagnétique, comment réagir ? En choisissant de réduire son exposition, David a renoué avec ...
23 mai 2024
Intolérant aux ondes, il redécouvre une vie plus humaine
Après une exposition au quai Branly, un film documentaire en partenariat avec le musée parisien, Chamans, Les Maître du Désordre, nous emmène à la découverte d’un monde qui apaise, soigne et guérit. Un monde qui défie la mort pour ...
Entre le guérisseur aux mains nues et le médecin en blouse blanche, la frontière
est moins infranchissable qu’il n’y paraît. La collaboration existe déjà et le dialogue
entre les deux approches est prometteur.
Communément appelée « le rhume des foins », la rhinite allergique saisonnière n’en finit pas de compliquer la vie de nombreuses personnes. Appelée à augmenter à cause des activités humaines qui polluent et affaiblissent les organismes, l’allergie ...
La guérison est-elle holistique ? Parce qu’elles font le lien entre des réalités apparemment séparées, celle du corps et celle de l’esprit,
les pratiques spirituelles défient le paradigme rationaliste. Seraient-elles l’avant-poste d’une compréhension plus vaste et plus ambitieuse de la réalité, ...
D’après certaines études scientifiques, les personnes priant régulièrement présenteraient un mieux-être par rapport à celles qui ne prient pas. Comment la prière peut-elle influencer notre bien-être, quels sont les mécanismes à l’œuvre ?
L’INREES utilise des cookies nécessaires au bon fonctionnement
technique du site internet. Ces cookies sont indispensables pour
permettre la connexion à votre compte, optimiser votre navigation et
sécuriser les processus de commande. L’INREES n’utilise pas de
cookies paramétrables. En cliquant sur ‘accepter’ vous acceptez ces
cookies strictement nécessaires à une expérience de navigation sur
notre site.
[En savoir plus][Accepter][Refuser]