Pour Ostad Elahi, philosophe et humaniste iranien, la spiritualité est une science qui répond au principe de causalité. Dans cet extrait du livre Une spiritualité pour tous de l’auteure Catherine Hamelle, le sage dresse des analogies entre cheminement intérieur et médecine allopathique, avec des diagnostics, des symptômes fonctionnels et des examens à passer pour déterminer la thérapeutique adaptée à notre problématique.
Santé corps-esprit
Mikhail Nilov
La spiritualité : médecine de l’âme qui permet son perfectionnement
« De même que pour chaque maladie du corps, le remède se trouve dans le corps, pour chaque maladie de l’âme, le remède se trouve dans l’âme. » (Maximes de guidance, 17)
Pour Ostad Elahi, la spiritualité est une science, dans le sens où elle n’échappe pas au principe de causalité, qu’elle repose sur des axiomes fondamentaux (existence de Dieu, de l’âme céleste, des vies successives, etc.) d’un côté et l’expérimentation de l’autre.
Il définit la spiritualité comme une science expérimentale dont le but est d’assurer la santé et le développement harmonieux du soi en maîtrisant les excès de la part terrestre de notre âme. En termes pratiques, cette régulation active se traduit par une recherche expérimentale de l’équilibre éthique dans nos actions les plus quotidiennes.
Quelle est la place de la foi dans la spiritualité abordée comme une science ?
Ne croyez pas que la foi n’appartient qu’au domaine spirituel. Même pour aborder l’étude d’une science, il est d’abord nécessaire d’avoir foi en cette science. Si nos scientifiques n’avaient pas cru dans la physique, y compris Einstein, ils n’auraient jamais découvert l’énergie nucléaire. Croire (avoir foi) dans le perfectionnement de l’âme au travers de vies successives nous permet d’aborder la spiritualité de la même façon que les autres sciences expérimentales. D’aucuns rétorqueront qu’il faut d’abord expérimenter la spiritualité et obtenir des résultats concrets pour croire en cette science.
Ce serait comme « faire une expérience de chimie sans en connaître les principes et seulement si elle marche se mettre à étudier la chimie. Dans toute science expérimentale, il y a une marche à suivre : avant d’expérimenter, il faut apprendre les principes de cette science et ensuite pratiquer assidûment » (La spiritualité est une science, p.66).
Bahram Elahi, professeur de chirurgie infantile, établit un parallèle intéressant à partir de la pensée de son père : il fait la comparaison entre d’une part la médecine, qui est une science expérimentale universelle et rigoureuse de l’homme et a pour but le bon fonctionnement du corps et du psychisme humains, et d’autre part la médecine de l’âme qu’est la spiritualité, donc une science expérimentale également, qui a pour but le bon fonctionnement de l’âme.
Comme il l’écrit dans son livre Médecine de l’âme :
« Pour soigner un trouble fonctionnel de l’organisme physique, on fait appel à un médecin, pour l’organisme spirituel aussi ; il faut d’abord en faire le diagnostic, ce qui requiert de connaître les symptômes et de savoir les interpréter correctement ; puis il faut trouver la thérapeutique adaptée. »
Comme la médecine, la spiritualité est une science expérimentale. C’est donc par la pratique que l’on apprend. On peut faire l’analogie avec le jeune médecin qui, confronté pour la première fois à des douleurs abdominales diffuses, a du mal à faire son diagnostic d’appendicite. Au bout de quelques années de pratique, il la distinguera au premier examen. Comme lui, l’homme doit acquérir la connaissance par sa propre expérience, la lecture de livres aussi savants soient-ils ne remplace pas l’expérience. La difficulté réside dans le fait que l’homme est à la fois le médecin et le malade. Tant que l’on n’a pas fait l’expérience de la colère ou de la jalousie, que l’on n’en a pas mis à jour les signes pathologiques, il est difficile de faire un diagnostic et de prescrire un traitement. Il faut s’observer attentivement et quotidiennement pour reconnaître les symptômes de ces deux sentiments. Le regard porté sur les autres est également un bon exercice. À force de reconnaître tous ces symptômes, on peut en tirer des lois causales et trouver les remèdes.
Il y a deux grands moments dans le travail du médecin :
– le diagnostic : il interroge le patient sur ses symptômes et tente de déterminer en présence de quelle maladie il se trouve, et au besoin, il prescrit des examens complémentaires (analyses, IRM) pour confirmation ;
– la thérapeutique adaptée : le médecin élabore une stratégie adéquate pour soulager les symptômes puis guérir le malade. Le dernier stade consiste à développer les défenses immunitaires pour se préserver de nouvelles maladies.
Comment poser un diagnostic en médecine de l’âme : signes et symptômes
Gardons à l’esprit que nos points faibles caractériels viennent d’un déséquilibre entre part terrestre et part céleste de l’âme. Si un élément caractériel est en excès ou en manque, cela conduit à une maladie telle que l’orgueil, la jalousie, la médisance, la colère, la veulerie, la paresse, etc.
Si l’on ressent de la colère ou de la concupiscence, c’est notre part terrestre qui est en déséquilibre. Grâce à notre raison – notre part céleste – on va tenter de rééquilibrer la part terrestre.
– la colère : si sous l’action de la raison elle nous permet de défendre nos droits, elle est juste, comme Jésus chassant les marchands du Temple. Sans cette faculté, nous serions sans énergie et à la merci de tous. Elle est nécessaire à notre intégrité. En excès, elle s’avère nuisible pour nous, comme pour les autres, et peut même nous faire perdre la raison. Ne dit-on pas « fou de colère » ?
– la concupiscence : l’envie est un moteur qui peut nous faire avancer socialement et/ou professionnellement. En excès, elle nous pousse à jalouser les autres et même à leur « marcher sur la tête » pour arriver à nos fins.
La combinaison des deux entraîne la jalousie qui peut devenir maladive.
Il faut avoir à l’esprit que tous nos « défauts » sont des facultés nécessaires à notre survie. Ce n’est que l’excès ou le manque, le déséquilibre, qui est néfaste et conduit notre ego à mener notre vie. Notre but sur terre est de résoudre « nos points faibles caractériels » pour atteindre notre humanité véritable.
La différence essentielle entre le corps et l’âme est que le corps tend toujours à se remettre en équilibre (homéostasie), mais si les mécanismes de régulation sont dépassés, alors la maladie survient. Pour l’âme, le déséquilibre permanent entre part terrestre et part céleste nécessite qu’un travail quotidien soit effectué pour éviter d’aller jusqu’à la maladie. Ce qui n’est pas simple, c’est que nous sommes à la fois le patient et le médecin : le travail (diagnostic et thérapie) porte sur nous-même et non sur les autres !
« Si nous voulons nous rapprocher de Dieu et parcourir le chemin du perfectionnement et de la foi, nous devons fermer les yeux sur les défauts des autres et les ouvrir sur nos propres défauts. Voyons ce que nous aimons et comment nous voulons que les autres se conduisent avec nous et faisons la même chose pour eux. À l’inverse, ne faisons pas à autrui ce que nous n’aimerions pas qu’il nous fasse. Par exemple, nous n’aimons pas qu’on nous scrute dans les moindres détails, qu’on dise du mal de nous derrière notre dos ou qu’on cherche nos défauts, alors… » (Paroles de Vérité, 75)
Les signes cliniques à rechercher
La crise d’appendicite tout comme la crise de jalousie nous parlent de nos déséquilibres. Dans un cas, c’est notre corps qui envoie des signaux, dans l’autre c’est notre âme. Ces signaux sont les mêmes quels que soient les personnes et les pays. Repérer les symptômes fonctionnels, ce dont le patient se plaint, les symptômes physiques, ce que le médecin voit, et pratiquer des examens complémentaires si nécessaire, telle est la méthode.
– symptômes fonctionnels : ce que le patient ressent. C’est notre conscience morale qui tire le signal d’alarme. Prenons un exemple : mon frère me téléphone pour me demander de l’aide pour son déménagement, car ma voiture est équipée de sièges qui se rabattent facilement et dégagent un espace propice au transport d’objets encombrants.
Je trouve une excuse pour refuser, car primo il s’y prend toujours au dernier moment, et secundo, lors de son appel, je suis installé dans mon canapé en train de me détendre après une journée fatigante. Rapidement, je me sens comme nauséeux, je me dis que c’est mon petit frère, qu’il est un peu tête en l’air, mais toujours prêt à me rendre service, et qu’après tout, je n’en aurai pas pour trop longtemps et je pourrai me détendre ensuite.
– symptômes physiques : si l’on ne se rend pas compte de nos travers, on n’a pas de problème de conscience. En revanche, si on est capable de les identifier chaque jour, il sera plus facile de trouver le remède. Prenons le cas clinique de la jalousie : je trouve ma collègue, Nadine, exaspérante, toujours centrée sur elle-même et surtout incompétente. Récemment, elle a obtenu la promotion que j’estimais me revenir de droit. Dès qu’elle rentre dans la même pièce que moi, je me sens de mauvaise humeur même si elle n’ouvre pas la bouche, et je peux à mon tour devenir exaspérante.
– examens complémentaires : la prise de pensée équivaut à la prise de sang. Dans son livre Médecine de l’âme (p.82 et 83), Bahram Elahi nous dit :
« La pensée apparaît comme un flux continuel, riche en énergie, qui émane de l’organisme spirituel, circule de manière continue dans la totalité de son champ perceptionnel pour ensuite revenir à son point de départ. Dans le corps physique, le sang circule tant que le cœur bat. De même, tant que l’âme existe, notre pensée ne cesse de circuler dans l’ensemble de notre organisme spirituel et de son champ perceptionnel. Le sang apporte l’oxygène et les nutriments et collecte les déchets. Le flux de la pensée transmet l’énergie et les messages de notre organisme spirituel, il approvisionne cet organisme en nutriments et oxygène et élimine les déchets qui pourraient empoisonner le soi. »
Prenons un exemple : je ne reçois plus mes messages internet et j’appelle la hotline de mon opérateur téléphonique. Mon interlocuteur me fait faire un certain nombre de manœuvres, en vain. C’est quand même la troisième fois ce mois-ci que cette panne survient, alors je hausse le ton. Mon interlocuteur me fait patienter, en réfère à ses supérieurs, toujours sans résultat. Je suis dans l’attente d’une réponse capitale pour mon nouveau travail et je m’entends dire qu’il faudra changer la box, car elle semble défectueuse. Malheureusement, je ne peux me déplacer, je me sens impuissante, et perdant tout contrôle, je hurle contre mon malheureux interlocuteur. Comme dans l’analyse de sang, il existe une norme, un dosage médian qui est bon. En deçà et au-delà, il y a danger. Cette norme en spiritualité, c’est le principe éthique.
« La colère, c’est quand l’homme, au plus profond de son cœur, perd le contrôle de lui-même. Elle est le résultat d’une faiblesse de la raison et un signe d’impuissance. Celui qui a une raison et un entendement fort comprend que la colère est mauvaise, il se contrôle et ne se met pas en colère. La colère est une maladie grave. Elle est nuisible aussi bien pour l’âme que pour le corps. Elle affaiblit même la raison. » (Paroles de Vérité, 357)
« Respectable est celui qui maîtrise ses dépenses, misérable est celui qui est esclave de son avidité. » (Maximes de guidance, 133)
Comment trouver la bonne thérapeutique en médecine de l’âme
En premier lieu, il faut se connaître. « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les dieux. » La maxime figurant sur le temple de Delphes, reprise par Socrate, est belle, mais comment y parvenir si une part de nous-même résiste avec acharnement, nous empêchant de percevoir nos propres défauts ? C’est un fait, nous avons systématiquement tendance à nous surévaluer ou à nous excuser, et nous sommes bien plus sensibles aux manquements à l’éthique lorsqu’ils sont le fait des autres.
Comment parvenir à se connaître, étant donné tout le mal qu’on a à se voir de l’intérieur ? Le regard que l’on porte sur soi-même est généralement très flou. Il y a certaines faiblesses de caractère dont on est conscient et que l’on essaye éventuellement de gommer. Il y en a d’autres, sans doute beaucoup, dont l’on n’est pas conscient, qu’on n’imagine même pas avoir ou que l’on ne s’avoue ou pas, car elles ont quelque chose de honteux. Il est difficile d’accepter l’image que nous renvoie le fait de jalouser, trahir, profiter de la faiblesse d’autrui, etc. Notre ego s’avère d’une grande efficacité pour nous maintenir dans l’ignorance de nous-même ou pour justifier à nos yeux les actes dont on ne devrait pas être fiers.
Comment remédier à cette situation ? D’une part, en analysant nos actes de la journée pour mettre à jour nos dérapages, d’autre part en regardant les autres agir. L’idée est simple. De la même façon que, pour mieux voir ses caractères physiques, on a besoin d’un miroir, pour mieux voir ses traits de caractère, éthiques ou non éthiques, il nous faut trouver quelque chose comme un miroir de l’âme. Ce miroir, ou plutôt ces miroirs, ce sont les autres ! Se voir dans le miroir de l’autre, dans une visée de perfectionnement éthique, c’est prendre tout ce qui émane des autres (actes, paroles, comportements, etc.) comme une occasion de connaissance de soi : par exemple, si l’on souffre régulièrement de conjonctivite, on saura donner les conseils appropriés pour soigner une personne présentant les mêmes symptômes. Si l’on croise une voisine qui réfléchit toujours au moyen de rendre service à son entourage, on expérimente la bienveillance et on se rend compte si cette qualité nous manque. Il faut aussi analyser l’impact de nos actions sur les autres : réactions des autres à nos attitudes et notre comportement.
Il faut se donner les moyens de soigner nos maladies de l’âme. Certes, d’abord les repérer puis trouver le bon traitement, celui qui va stopper le symptôme puis qui va soigner la maladie en profondeur pour la faire disparaître. Se perfectionner consiste à contenir la part pulsionnelle de l’âme animale et à partir en quête du remède en développant les vertus divines contraires.
L’objet de la spiritualité est de nous donner les outils nécessaires à la croissance et à la bonne santé de l’âme. Notre âme a besoin de nourritures saines, comme notre corps d’ailleurs, pour rester en bonne santé. Quand elle est malade, il faut la soigner. Il est normal d’avoir des défauts, c’est notre animalité. Simplement, nous ne devons pas nous laisser submerger. Aucune maladie de l’âme n’est incurable. Si l’on ne baisse pas les bras, on progresse dans la connaissance de nous-même et on peut guérir de nos maladies. Il faut être vigilant et garder un regard clinique sur nos comportements. Si l’on reste passif, le conflit intérieur se résout par une victoire de la part animale. Comme le but de notre perfectionnement est de développer notre part céleste, il est nécessaire de faire des efforts et d’utiliser sa raison.
Catherine Hamelle, Une spiritualité pour tous : sur les pas d’Ostad Elahi, éd. Michalon, 2017, p.93 à 105.
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