Un voyage en « terre inconnue », aime à souligner l’auteure lorsqu’elle parle de son expérience. Un voyage autant extérieur qu’intérieur qu’Alix Alléguède effectue suite au deuxième confinement, avec une sérieuse envie de faire le point sur sa vie, ses relations, ses envies… Professeure de yoga, elle profite aussi d’une rupture amoureuse pour partir faire le point en suivant l’association Jiboiana, qui s’occupe d’aider à la reforestation, à l’apport en eau, mais aussi à faire connaître les tribus autochtones du Brésil, dans la région de l’Acre. Ainsi, pendant deux semaines, Alix va rencontrer les Shanenawa et vivre avec eux, au rythme de leur quotidien, mais aussi de leurs cérémonies autour des plantes, le rapé et l’ayahuasca.

« Les sociétés amazoniennes, s’il fallait n’en retenir qu’une caractéristique, ont ceci de particulier qu’elles ne sont pas anthropocentriques. L’humain n’y est pas différent dans son essence des autres êtres qui peuplent, animent et constituent la forêt », explique la jeune aventurière, avant de nous faire découvrir dans son ouvrage le rapport qu’ont les Shanenawa à la nature. Selon une loi de 1988, les populations autochtones ont droit sur leurs terres, mais dans les faits, ce droit est peu respecté. Beaucoup d’incendies de forêt sont déclenchés à des fins de culture, mais aussi de nombreux bûcherons clandestins ravagent les arbres précieux, et enfin les prospecteurs miniers, toujours à la recherche de nouveaux gisements, n’hésitent pas à détruire encore d’autres parcelles de forêt.

Au fil des pages, nous suivons l’auteure et la rencontre avec ses « démons », ses peurs et le regard qu’elle porte sur elle-même. Les cérémonies organisées quasiment tous les soirs, mais aussi cette vie en communauté sont l’occasion pour elle de se remettre en question, de s’évaluer dans un groupe, de questionner son rapport aux hommes, ou encore de découvrir un autre féminin. Les femmes Shanenawa sont aussi en pleine mutation et redécouvrent leur place, prennent des responsabilités, équilibrent leurs relations avec les hommes. Il existe même un village entier géré par des femmes, où elles peuvent vivre en célibataires ou seules avec leurs enfants, sans dépendre d’un homme.

En revenant en France, Alix se sent rechargée d’une nouvelle énergie et continue à faire connaître ce peuple qui, naviguant entre modernité et traditions, a encore besoin d’être soutenu. « Il semblerait que toutes les voix comptent pour ramener à la vie celles que l’on a longtemps voulu faire taire », conclut-elle.