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re Tererai Trent, Lewis Hamilton, J. K. Rowling – des figures inspirantes dont les parcours hors du commun dépassent l’ordinaire. Leur influence, née d’un supplément d’âme, prouve que les rêves peuvent devenir réalité. Leur destin est-il marqué par un karma exceptionnel ou par une volonté farouche ? Un mélange des deux, peut-être ?
Leur chemin, bien que paré de succès, comporte aussi des épreuves. Issus de milieux modestes ou confrontés à des défis, ces individus semblent avoir été guidés par un plan d’âme transcendant. Leur enfance difficile a posé les jalons d’une vie d’exception, mêlant le destin et la détermination personnelle. Comme le soulignent certains, notre vie actuelle prépare la prochaine, suggérant une continuité et une évolution de l’âme au-delà du visible. Qui sont ces trois êtres, et comment expliquer leurs trajectoires d’âme plutôt hors-norme ?
Formule 1 de vie
Lewis Hamilton est né en 1985 à Stevenage (Angleterre). Épris de karting dès l'âge de huit ans, il se démarque avec son coup de volant et remporte son premier championnat national à neuf ans. Sur les pistes, il est le meilleur ; sur les bancs de l’école, il n’est pas « des leurs ». Encensée et rejetée, «
l’école a probablement été la partie la plus traumatisante et difficile de ma vie », confie Lewis Hamilton. «
Tu ne seras jamais rien », lui assènent les professeurs, stigmatisant sa dyslexie et soulignant la couleur de sa peau. «
J’étais toujours le dernier choisi […]
ou bien je n’étais même pas choisi. Même si j’étais meilleur qu’un autre. On me lançait des bananes, on me traitait de nègre de manière tout à fait détendue. On me traitait de sang-mêlé. Je ne savais pas vraiment où était ma place », raconte-t-il. Il garde son enfer pour lui et le transcende en piste. «
Je ne voulais pas que mon père pense que j’étais faible. Alors, si j’avais envie de pleurer, je me retenais. Si j’avais des émotions, je m’isolais », confie Lewis. On le remarque et le convie au dîner de gala d’Autosport, où il rencontre Ron Dennis, alors patron de l’écurie de Formule 1 McLaren, à qui il confie son rêve de piloter en Formule 1 pour cette équipe-là, justement. Trois ans plus tard, Ron Dennis signe avec Lewis Hamilton et finance sa carrière. Contrat d’âmes ?
«
Exprime-toi en piste. Ne te laisse pas distraire par ça. N’écoute pas ce qu’ils disent. Fais tes preuves en piste, soyons discrets et sortons-en vainqueurs », conseille son père à Lewis Hamilton. Celui-ci le prend au mot et devient un pilote automobile reconnu et admiré, septuple champion du monde de Formule 1. S’il entre dans l’histoire dès sa signature avec McLaren-Mercedes en 2007 en étant le premier pilote noir, il en demeure le seul coureur de couleur.
Mais tout bascule le jour de sa septième victoire au championnat du monde de Formule 1, lorsqu’il prend conscience que sa carrière inspire l’espoir et ouvre les perspectives inimaginées : «
C’est pour tous les enfants qui rêvent de l’impossible », confie Lewis en passant la ligne d’arrivée. S’il s’est tu sur les violences raciales qu’il a vécues, il est aujourd’hui le porte-parole des minorités et lutte contre le racisme aux côtés des
Black Lives Matter.
« Agis pour les autres »
La docteure Tererai Trent est née en 1965 au cœur d’un village du Zimbabwe, à l’heure où colonialisme, précarité et illettrisme étouffent les ambitions des petites filles avides d’une éducation réservée aux seuls hommes. Tererai Trent se rêve toujours sur les bancs de l’école lorsque son père la marie à onze ans et demi. Si elle hérite du karma familial et s’inscrit dans la lignée des femmes de son sang en vivant à son tour une vie non choisie, au fond d’elle brûle encore le désir ardent d’apprendre… d’être une femme de « savoir ».
Onze ans et quatre enfants plus tard, dans un Zimbabwe indépendant, Tererai Trent rencontre une femme qui change sa vie et la met sur sa trajectoire. Hasard ou synchronicité ? Dans ce cercle de femmes, elle lui confiera, à sa demande, ses rêves. L’inconnue lui dit : «
Si tu veux réaliser tes rêves, changer ta vie, oui, Tinogona : tu le peux. » À force de courage, elle obtiendra ses diplômes par correspondance jusqu’au doctorat en agriculture.
Plus que les mots, l’intention et l’action font tout : «
Tes rêves auront un plus grand impact s’ils sont rattachés au bien de la communauté », souffle sa mère à Tererai Trent. Elle écrit ses rêves sur un bout de papier, les scelle dans une canette qu’elle enterre sous une pierre, comme d’autres enfouissent un cordon ombilical, selon la coutume de leur pays. Ses cinq rêves posent les étapes d’un changement de cap. Rien ni personne ne l’arrête. Ni les violences conjugales ni les petits jobs. Tout la mène à… ses rêves et, sans le savoir, à travailler chez Heifer International pour celle qui, quatorze ans auparavant, lui avait dit « Tinogona »… Jo Luck, qui en est le PDG. Elle portait bien son nom. Un contrat d’âme qui désarme le coup du sort. Repérée sur
The Oprah Winfrey Show comme « invitée préférée de tous les temps », Tererai Trent reçoit un don et reconstruit l’école primaire de son enfance. Elle crée la fondation Tererai Trent International, puis onze écoles offrant ce qu’elle a tant désiré : une éducation de qualité à tous les enfants, quelles que soient leur origine et leur couleur de peau. Leader mondial, elle défend les droits des femmes et l’égalité femme-homme. La ville de New York la sacre parmi les « femmes les plus inspirantes du monde » en érigeant une statue en bronze à son effigie. Elle écrit un livre,
The Awakened Woman.
L’imagination et la persévérance
Joanne Rowling, plus connue sous le nom de J. K. Rowling, est née en 1965 à Yate (Angleterre), dans une famille modeste où l’on paye la valeur de ses jours à la force du poignet. Les lutins, les fées, les gnomes des livres de son enfance l’attirent et attisent son imaginaire. Elle rédige sa première histoire à six ans et se voit déjà romancière. «
J’étais convaincue que la seule chose que je voulais vraiment faire était écrire des romans », témoigne-t-elle. Après des études de littérature antique et de philologie à l’université d’Exeter et à la Sorbonne, pour ne pas déplaire à ses parents, elle travaille pour Amnesty International. Mais son rêve de vie enfoui, elle ne l’oublie pas…
«
Mes parents […]
estimaient que mon imagination suractive était une excentricité amusante de mon caractère qui n’aiderait jamais à rembourser un emprunt immobilier ni à garantir une retraite », confie J. K. Rowling aux étudiants de Harvard 2. La vie vous emporte pour que vous preniez votre envol. Destin ou karma ? Dévastée par la mort soudaine de sa mère, elle part au Portugal et, dans le train, écrit les premières lignes des aventures d’
Harry Potter. Elle rencontre l’amour, qui vire au drame alors qu’elle a une petite fille. Elle divorce, sombre dans la dépression et la précarité absolue, mais… s’accroche à sa plume : sa planche de salut. Son
Harry Potter écrit mettra un an avant de gagner le cœur d’un éditeur, mais un tome lui suffira pour conquérir des millions de lecteurs. Sans cette loi des mauvaises séries, elle n’aurait jamais donné vie à Harry… «
Si j’avais connu le succès dans tel ou tel domaine, je n’aurais peut-être jamais trouvé la détermination nécessaire pour réussir dans la seule arène où j’étais persuadée d’avoir ma place », constate-t-elle. Si l'échec s'est avéré un tremplin, son imagination a été son oxygène. «
Je n’avais aucune idée qu’il allait y avoir ce que les journaux appellent une fin en conte de fées. Je n’avais aucune idée de la longueur du tunnel, et pendant longtemps, la seule lumière au bout était plus un espoir qu’une réalité », se souvient-elle.
Et si le secret d’un karma extraordinaire était d’offrir à chacun l’espoir de réaliser ses rêves et, parfois, de lui tendre la main ?