Dans nombre de chemins spirituels, dépasser l’orgueil est la dernière étape à
franchir. Directement issue d’un ego qui ne lâche rien, cette épine dans le pied du
cheminant se retrouve au niveau individuel, collectif, mais aussi chez les maîtres.
Focus sur le dernier des poisons…
Âme du monde
PEERA SATHAWIRAWONG/GETTY IMAGES
La dernière épreuve du Bouddha Shakyamuni lorsqu’il tentait d’atteindre l’Éveil sous l’arbre de la Bodhi fut d’affronter Mara, le symbole des quatre démons : celui des liens, celui des sans lien, celui de la jouissance et enfin celui de l’orgueil. La tempête issue de la bataille fut si violente que le futur éveillé dut prendre la Terre à témoin, ultime rattachement à l’humilité. Il reste aujourd’hui de sa victoire les représentations que l’on connaît de lui, méditant et posant une main au sol.
Alors, pourquoi l’orgueil est-il le dernier rempart entre nous et la libération ? Parce qu’il est le fondement de l’ego, l’illusion du moi, la dernière saisie à nos représentations mentales, l’origine ultime des émotions... Après moult efforts, nous renverrait-il à la case départ ? Et surtout, que représente-t-il sur la voie que nous empruntons, comment ne pas nous illusionner, et avoir confiance en des enseignants, des maîtres qui, humains eux aussi, peuvent tomber dans ses pièges ? Quelques pistes de réflexion nous permettent de rester attentifs.
Le fonctionnement de l’ego
Il y a une vraie gageure dans la vie humaine, c’est que l’ego est à la fois constitutif et incontournable pour la survie d’un être incarné, mais aussi un véritable obstacle au dévoilement de l’esprit. On conçoit aisément que la frontière avec l’orgueil est mince, de ce fait, comment résister à être fier de ce que l’on accomplit jour après jour, à être de telles « merveilles sur pattes » ? Lorsqu’on demande à l’historien des religions et spécialiste du bouddhisme Philippe Cornu d’expliquer l’orgueil, il est très clair : « Fondamentalement, c’est une manière de valoriser le sentiment du moi, ou l’ego – terme aujourd’hui galvaudé, plus adapté à la psychanalyse qu’à la spiritualité. Le problème réel, c’est le sentiment personnel de se croire une entité durable et indestructible. Cela vient d’une peur de n’être rien du tout ! » C’est sur cette peur que l’ego va construire sa forteresse d’attaque et de défense...
En effet, le moi est constitué de phénomènes composés : une forme physique en rapport avec le monde, des sensations, des représentations mentales ou perceptions, des mémoires karmiques et des consciences. « Ces multiples éléments qui nous composent ne sont pas durables, de sorte que le moi n’a pas d’existence substantielle. Il a une existence temporaire qui est sans cesse renouvelée et c’est le fait de s’attacher à l’idée d’un moi qui serait perdurable qui est erroné », précise Philippe Cornu. Alors, si nous rencontrons ces écueils de défenses et de peurs dans la vie courante, cela va aussi se produire dans la vie spirituelle dans des proportions plus subtiles et donc moins décelables de prime abord. Individuellement ou en groupe, en tant qu’élève ou en tant que maître, personne ne semble épargné par le spectre de l’orgueil, comme un passage incontournable. « Dans la voie spirituelle, on va prétendre suivre une sorte de progression. C’est là que l’orgueil va s’insinuer et paradoxalement, va ralentir tout le processus, s’amuse Philippe Cornu. Car le sentiment du moi ne va pas nous quitter comme ça, il va accompagner le chemin spirituel sans nous laisser le choix... et on va continuellement évaluer là où on en est. » Se juger, se comparer aux autres, regarder sa progression et s’en satisfaire, vouloir plaire à son maître... Le risque de chuter dans l’orgueil spirituel nous guette. D’ailleurs, qu’en est-il du rapport au maître ?
Le problème réel, c’est le sentiment personnel de se croire une entité durable et indestructible.
Journaliste et rédactrice en chef adjointe d'Inexploré magazine
Melanie Chereau est journaliste et auteur de plusieurs ouvrages. Ses thèmes de prédilection sont la spiritualité, la naturopathie et les médecines douces.
Elle pratique le bouddhisme depuis plus de 17 ans, est formée en Reiki et en aromathérapie. ...
À
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dans
Inexploré n°48
La roue des émotions
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Pour cette rentrée particulière, Inexploré mag. vous propose de mettre en lumière la roue des émotions, étape indispensable pour mieux vivre le vortex de changements individuels et sociétaux que nous traversons…
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