L’art, sous ses diverses formes, est bien plus qu’une simple expression de talent ou de technique. C’est une porte ouverte sur l’inconnu, une exploration des profondeurs de l’âme humaine et de l’univers qui nous entoure. Les artistes, qu’ils soient peintres, musiciens, écrivains ou créateurs dans d’autres domaines sont souvent liés par une quête commune : celle de transcender le quotidien pour toucher quelque chose de divin.

Quelle est la réalité spirituelle de l’acte artistique, où la créativité devient une danse entre l’artiste et une source d’inspiration divine ? Comment dénicher dans son inspiration les parts célestes, ouvrir ses perceptions multiples afin de transcrire sous une forme matérielle quelque chose de subtil, et quels effets cela peut-il produire sur les spectateurs ? L’art peut-il transformer autant l’artiste que les observateurs ? Deux artistes nous répondent : Anne Féat-Gaiss, plasticienne, et Jonathan Dufour, parfumeur.

L’art, médium spirituel en soi

Où est passé le sacré en Occident, si ce n’est dans l’art, quelles que soient ses formes ? De tout temps et partout sur la planète, l’art a été relié à la transcendance. Qu’il s’agisse de chants, de bâtisses, de peintures ou de costumes, l’homme mettait son cœur au service d’un acte censé le connecter au vaste champ de la foi, même sous nos latitudes. Mais au fil des siècles, à mesure que la pensée des Occidentaux s’est détachée du divin, pour s’autonomiser en quelque sorte, l’art a commencé à exister pour lui-même. Une forme de concordance s’est établie entre ce détachement et une création sans sacré. L’art est devenu le sacré, et l’artiste le créateur. « L’art est une expression spirituelle de l’Occident. Quelques artistes en ont conscience et le matérialisent, de façon pas toujours assumée, parce que même si, aujourd’hui, le spirituel revient, il reste quand même assez effrayant, car on l’associe encore à la religion et tous ses débordements. Or, en fait, cela n’a pas grand-chose à voir. L’art permet en fait de renouer avec cette connexion spirituelle », explique Anne Féat-Gaiss, qui travaille le papier sculpté. Elle ritualise la création en se préparant avant de travailler, en portant certains habits, en purifiant et sacralisant son espace. Elle dit se relier à quelque chose de plus grand : « Il y a une connexion entre mon état émotionnel, qui je suis à l’instant T, et ce que l’Univers va faire passer à travers moi. Comme un dialogue entre “autre chose” et moi-même qui se matérialise par le tableau. Et l’œuvre d’art, même si elle devient matière, garde cette étincelle de lumière qui a été mise dedans justement lors de la création. »

De la responsabilité à la guérison ?

Et si l’œuvre d’art, en plus de « modifier » ou d’influencer l’artiste, pouvait aussi atteindre le spectateur ? D’un point de vue uniquement vibratoire, cela a un sens, mais cela ne s’arrête peut-être pas là. « Une œuvre d’art devient vivante, elle a une âme et vit ensuite chez les gens. La responsabilité de l’artiste va être ce qu’il met dans cette œuvre. Quelle intention, quelle beauté, quelle douceur… et cette connexion à l’invisible dont le lien est l’amour, qui fait que l’œuvre d’art va avoir un “cœur qui bat”, qui peut nourrir et résonner avec le cœur des spectateurs », explique Anne Féat-Gaiss. Et lorsque le cœur est touché, l’harmonie peut s’installer et amener à l’amour universel, ce qui « les renvoie à la beauté qui se trouve en eux-mêmes », conclut l’artiste.

C’est aussi l’avis de Jonathan Dufour, qui a créé la marque Spiritum, une gamme de parfums et de bougies née à la suite d’une retraite chamanique. Grâce à la plante ayahuasca prise lors d’un séjour au Pérou et à la compréhension de l’importance des numéros associés aux chemins de vie, Jonathan Dufour a l’idée de lancer une première collection de parfums qui illustrent la vibration des numéros de chemin de vie (calculés avec la date de naissance : de 1 à 9 mais également 11, 22 et 33). Chacun peut choisir selon ses préférences, mais étrangement, certains iront d’instinct vers leur numéro. « J’ai créé une base commune de bois de santal, d’encens, de sauge dans tout ce que je fais, pour sacraliser, purifier et protéger, mais aussi élever l’esprit grâce à ces matières sacrées. Ces senteurs peuvent participer à un changement, à la transformation du monde… », détaille-t-il. Accompagné par ses guides, mais aussi dans l’idée tenace de créer des parfums en lien avec la spiritualité, il a lancé son parfum Shamanism, qui rappelle le souvenir transcendant de sa première cérémonie chamanique au Pérou. Dans sa boutique parisienne, il aime accueillir les gens, échanger avec eux en racontant son histoire, ouvrir un espace humain et chaleureux, car il considère que cela participe de sa mission. « Je peux ressentir comme une envie d’aider, grâce aux senteurs, de redonner aux gens une bonne direction. Un parfum peut guider vos pensées, il peut donner de l’assurance, du courage ou souligner une personnalité… », souffle-t-il. Parfum ou tableau, musique ou spectacle… dès que le lien s’établit entre une note universelle et subtile et notre incarnation, alors peuvent s’ouvrir en nous des capacités qui brisent les limites, nous reconnectant avec l’essentiel. C’est cela, la guérison.