Aujourd’hui, en Occident, le terme « encens » évoque généralement des bâtonnets colorés vendus pour parfumer la maison. Pourtant, autrefois, l’encens avait une fonction sacrée et des vertus thérapeutiques. Sous-estime-t-on le pouvoir de ses volutes parfumées ? A-t-il une influence sur notre organisme ? Comment l’utiliser ?
Savoirs ancestraux
SHUTTERSTOCK / JOZEF KLOPACKA
On raconte que les Rois mages, venus de très loin pour rendre hommage au nouveau-né Jésus, déposèrent de grandes richesses à ses pieds : de l’or, de l’encens et de la myrrhe (Évangile selon saint Matthieu). Qu’est-ce qui vaut à l’encens (désignant autrefois l’essence oliban) et à la myrrhe d’être ainsi présentés comme des attributs du divin, offerts au Christ aux côtés de l’or ?
L’utilisation de l’encens dans le culte religieux remonte à la Haute Antiquité. En Chine, il y est mentionné dès 2 000 ans av. J.-C., son commerce était alors un enjeu économique majeur entre l’Orient et l’Occident, notamment au temps de la route de l’encens qui reliait l’Égypte au Yémen et à l’Inde. La valeur de l’encens pouvait alors être équivalente, voire supérieure, à celle de l’or. Romains et Grecs le considéraient comme extrêmement précieux, de même que les civilisations assyrienne et égyptienne qui l’utilisaient dans leurs cultes aux divinités.
L’oliban tout comme la myrrhe occupaient une place centrale dans les rites anciens : les Hébreux se servaient par exemple de la myrrhe pour fabriquer l’huile d’onction sainte des prêtres. L’auteure Martine de Sauto souligne que « mélangée à du vin, la myrrhe en augmentait la vertu euphorisante et, selon une coutume juive, ce breuvage était parfois proposé aux suppliciés pour atténuer leurs souffrances, ce qui fut justement le cas pour Jésus (Évangile selon saint Marc). » (source : Aleteia) Elle servait aussi à embaumer les morts, et la dépouille du Christ en aurait bénéficié (Évangile selon saint Jean). C’est dire son importance d’alors !
Le mot « encens » se traduit sen-netjer en égyptien, terme signifiant « ce qui rend divin »... Cette fumée s’élevant jusqu’aux cieux symbolise souvent un pont entre ciel et terre. « Que ma prière devant toi s’élève comme un encens et mes mains, comme l’offrande du soir », peut-on lire dans les Psaumes. Pas moins de 170 mentions de l’encens sont faites dans la Bible, et on le retrouve dans le Talmud, l’un des textes fondateurs du judaïsme. Dans le bouddhisme, la fumée établit traditionnellement un lien entre les vivants et les morts, ou plus largement, avec les êtres immatériels. Vincent Lauvergne, chercheur en ésotérisme, auteur et conférencier, ajoute que « dans tous les écrits les plus anciens, on trouve l’idée que la fumée de l’encens permet de conduire nos désirs vers la divinité pour qu’elle les exauce. Elle crée en quelque sorte une voie pour accéder à d’autres plans. »
La valeur de l’encens pouvait être équivalente, voire supérieure, à celle de l’or.
Un remède d’hier et d’aujourd’hui
Mais que met-on derrière le terme d’encens ? Du latin incendere, « ce qui est brûlé », il s’agissait traditionnellement d’une gomme résineuse aromatique produite par un arbre, l’oliban, également appelé Boswellia carteri, qui ne pousse que dans quelques régions d’Afrique (Soudan, Éthiopie, Yémen et Somalie). De nos jours, ce terme s’étend aussi à certains bois, racines ou graines, des éléments eux aussi chargés en résine qui pourront être séchés, réduits en poudre et brûlés sur des charbons ardents. Les feuilles ou les fleurs, quant à elles, ne peuvent pas être utilisées telles quelles, comme le relate Vincent Lauvergne : « Trop fragiles pour être brûlées, elles sont mises à macérer. Autrefois, on les plaçait dans des vins pour extraire les principes actifs odorifères. Dans un second temps, on laissait s’évaporer le liquide, puis les matières sèches étaient intégrées à la poudre de résine ou au bois. »
Outre leur fonction de passerelle entre les mondes, ces résines autrefois destinées aux dieux avaient souvent un autre rôle, plus terre à terre : « La myrrhe était brûlée dans la maison, car elle permettait de désinfecter l’habitat. Au Moyen-Orient, pendant très longtemps, les femmes passaient le linge de la maison avec ses fumées, pour le désinfecter », précise-t-il. L’action antibactérienne de certaines essences s’applique par ailleurs à notre corps, passant dans le sang par les poumons. Dans l’Égypte ancienne, on utilisait l’oliban pour soigner les maladies pulmonaires et hépatiques. Comme toutes les plantes utilisées telles quelles ou transformées, l’encens a des propriétés thérapeutiques spécifiques. « Il est simplement un autre mode d’utilisation du végétal, et la science permet aujourd’hui de vérifier certaines de ses propriétés. Par exemple, des études faites aux États-Unis sur l’oliban ont démontré que ce dernier avait des propriétés anti-cancéreuses, uniquement lorsque brûlé sur des charbons ardents. L’huile essentielle n’a pas du tout les mêmes principes actifs », raconte le spécialiste.
Journaliste, réalisatrice et auteure, Aurélie Aimé est spécialiste du monde des spiritualités et de l'écologie. Son parcours professionnel lui a permis d’explorer inlassablement ces sujets et de partager ses découvertes.
D’abord, elle a été journaliste et animatrice télé sur M6, spécialiste de « récup’ » et d’ « astuces de grands-mères » pour l’émission 100% Mag. Puis en 2014 elle a rejoint la rédaction de l'INREES, de Kaizen, puis de Natives, entre autres.
Elle est l’auteure de plusieurs ou ...
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Inexploré n°49
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