Nous sommes le 23 novembre 2015. Le soleil commence à se coucher gentiment en cette fin d’après-midi. Assis à l’intérieur de la terrasse d’un café parisien, près d’une grande baie vitrée qui donne sur un square, je relis mes quelques notes en attendant un personnage au parcours... surprenant.
« Quel froid ! Je suis content d’être au chaud », me lance Gérard Grenet, qui vient tout juste de descendre de sa moto et d’emprunter l’autre entrée du bistrot.
« Il faut prendre soin des personnes âgées ! », me glisse avec dérision et dans un sourire cet aventurier plutôt robuste qui vient de passer la soixantaine.
De l’humour, il en a à revendre, mais cette phrase n’a rien d’un hasard puisque l’homme sort tout juste d’un rendez-vous avec une vieille femme en fin de vie, qu’il aide et soutient dans cette expérience. Il faut dire que l’homme semble armé d’une énergie à toute épreuve... Il m’avait déjà confié, lors d’une précédente occasion, aimer profondément la vie, les gens et les challenges. Ces challenges l’ont poussé plusieurs fois à changer de vie et à renaître de ses cendres pour apprendre à guérir. C’est aussi pour cela que j’ai souhaité rencontrer cet homme aux mille et une vies, aujourd’hui magnétiseur et radiesthésiste.
Comment êtes-vous devenu guérisseur ?
Sans vouloir raconter les mémoires d’un ancien combattant, c’est un parcours assez long… Très jeune, à l’âge de 17 ans, j’ai quitté le cocon familial. Tout en poursuivant mes études en arts graphiques, je travaillais dans la rue, en faisant ce qu’on appelle aujourd’hui du graff. Je voulais aussi devenir danseur. À 20 ans, j’ai tout arrêté pour lancer une entreprise de communication. Du côté de mon père, on est gitans, j’ai donc toujours été épris de liberté… Je ne voulais pas de hiérarchie, je n’aimais pas qu’on me commande. L’idée d’être totalement indépendant me plaisait. À cette époque, le principe même de réussir dans la vie correspondait pour moi à une réussite entièrement matérielle et sociale. Être connu et reconnu… Et rapidement, j’ai gagné beaucoup d’argent. Je roulais en Porsche, j’achetais plein de voitures, dont une rouge qui vient d’Italie et qui coûte très cher. J’avais une cinquantaine d’employés à mon compte et je bossais tout le temps. Pourtant, à 28 ans, un ami m’a invité à participer à un cercle chamanique, ouvert à tous, en Lozère, animé par un homme de 62 ans. C’est drôle, car aujourd’hui, c’est mon âge ! Il nous a parlé d’amour, d’état de conscience, d’énergie, de notre rapport à la Terre… Et à cet instant, je fus pris de panique. Je venais de garer ma voiture rouge à l’entrée, parce qu’à ce prix-là il faut que ça se voie, et je me disais : mais ce vieux a tout compris… Il a raison. Je validais, sans trop savoir pourquoi, tous ses propos. Le choc des mots, le poids des photos. En une heure, je venais de faire la synthèse : merde, je m’étais trompé de chemin !
Bio express
À la fois guérisseur et radiesthésiste, Gérard Grenet se définit comme un chamane urbain. Avec la volonté de réintroduire la dimension spirituelle dans notre quotidien, il est également conférencier et formateur à la pratique du pendule et à l’art vibratoire.
Que s’est-il passé ensuite ?
Je commençais à tourner en rond avec la dimension matérielle. Avec l’argent que j’avais gagné, je pouvais faire ce que je souhaitais, quand je le souhaitais… Sauf que là, je découvrais une autre dimension, bien plus réjouissante. Alors, en parallèle de mon activité professionnelle, je suis parti quatre ans chez certains chamanes, dans différents pays, où j’ai suivi des enseignements. Rétrospectivement, je peux dire qu’il y avait des signes… J’avais beaucoup d’intuitions, j’aimais profondément les gens, j’étais tourné vers une dimension artistique qui me semble aujourd’hui être un pont évident vers la beauté, l’harmonie et la joie, mais je ne croyais en rien d’extraordinaire.
Qu’avez-vous appris aux côtés de ces chamanes ?
À vivre dans la confiance, dans le présent. Peu à peu, jour après jour, ils m’ont montré comment me connecter à différents plans de conscience par la transe. Les plantes, le tambour, le son, grâce au voyage chamanique, nous invitent à aller voir le côté « non ordinaire » de la réalité. Entrer en résonance avec ces autres dimensions nous permet d’échanger avec elles. Au quotidien, quand on discute, notre rythme cérébral est en ondes bêta [
autour de 15 Hz, NDLR], mais lorsqu’on écoute une musique en boucle, par exemple, on entre peu à peu en ondes alpha [
autour de 9 Hz, NDLR]. C’est cet état vibratoire qui permet au magnétiseur, au radiesthésiste ou à la voyante d’accéder à des informations extraordinaires. J’ai ainsi découvert qu’on était un canal intelligent et créateur. Tout ce que notre esprit peut concevoir, l’humain peut le réaliser.
Ces enseignements spirituels ont-ils eu un impact sur votre chemin de vie ?
Je n’arrivais pas à concevoir comment je pouvais vivre de ces enseignements. C’est une idéologie, une philosophie et une façon de vivre exceptionnelles, mais ça ne me nourrissait pas au sens propre du terme. Alors j’ai arrêté cet apprentissage pour continuer mon business. J’étais un homme d’affaires, je gagnais de l’argent… Et ma femme m’influençait quelque peu, elle avait peur que je me barre avec un bandeau d’Indien pour jouer du tambour dans la forêt [rires] ! De 32 à 39 ans, j’ai effectivement très, très mal vécu ce paradoxe. Car la vie me poussait déjà à aider, à accompagner et à soigner les gens (personnel de mon entreprise, clients, rencontres…). Les occasions se multipliaient.
À quoi ressemblaient ces soins ?
À une force d’empathie, d’écoute, de présence. J’aime profondément les gens, et je commençais tout juste à comprendre que mon corps subtil magnétisait. On l’a tous vécu en entreprise un jour ou l’autre : un collègue vient vous voir à la pause-café, et absolument rien ne va dans sa vie. Pourtant, un mot ou une attention particulière vont lui rendre le sourire, le faire briller, voire lui redonner de l’énergie.
Mais le moment n’était pas venu pour vous de devenir guérisseur ?
J’avais des remords terribles de ne pas m’investir pleinement dans cette voie ! Est-ce que je vivais vraiment la vie que je devais vivre ? Je me posais souvent cette question. C’était atroce. Mais un jour, à 39 ans, un sévère surmenage m’a amené à un burn-out. Je travaillais nuit et jour, je gérais plusieurs entreprises, plus le reste. Plus, plus, plus… Toujours plus. Je me suis fait interner dans une maison de santé, volontairement. J’étais effondré. Physiquement. Psychologiquement. Je ne pouvais plus conduire une voiture, et je ne me rappelais plus comment calculer une TVA ! (...)