Comment sauvegarder le contact physique suite à la crise sanitaire nous enjoignant de respecter la distanciation ? De l’importance de ne pas négliger le toucher, le premier sens que nous développons.
Octobre 2021 : gare de Lyon, sur le panneau d’affichage des consignes est inscrit : ne pas s’embrasser ni se serrer la main. Aujourd’hui encore, les restrictions sanitaires au long cours dictent notre conduite. Au quotidien, toucher ses proches, se prendre dans les bras ou s’embrasser reste empreint d’un sentiment de gêne, d’embarras. La crise, avec ses injonctions de distanciation sociale et de gestes barrières, a mis au ban l’un de nos sens les plus précieux : le toucher. Le contact est devenu tabou, un phénomène aux conséquences sans doute sous-évaluées. Focus sur ce sens aux propriétés fondamentales pour notre santé, tant physique que mentale, notre vie sociale, et bien plus encore : notre sentiment d’exister.
Le toucher : notre premier sens
Si le toucher est un langage naturel, c’est qu’il est le premier sens que nous développons, déjà
in utero. La peau, organe du toucher, est le plus grand et le plus sensible de nos organes. Principal récepteur sensoriel du fœtus, c’est par elle que s’effectuent les premiers contacts avec le monde. Chez l’embryon, elle apparaît avant les autres systèmes sensoriels. «
Système nerveux et peau ont la même origine : ils proviennent tous deux d’un tissu unique, l’ectoderme, qui se différencie in utero seulement trois semaines après la conception », explique Renato Pappalardo, praticien en thérapie manuelle et énergétique, et directeur pédagogique. C’est donc par cette membrane que l’enfant reçoit la majeure partie des informations sensorielles : dès la vingt-quatrième semaine, le fœtus devient sensible au toucher. C’est la raison pour laquelle, à la naissance, le toucher est le langage que comprend le mieux le bébé. Il communique essentiellement avec sa peau. Notamment chez les nouveau-nés et les enfants, contacts peau à peau, touchers bienveillants et massages sont nécessaires à un bon développement. «
Être accueilli par des bras, des mains quand on arrive au monde fait toute la différence. Ce toucher est essentiel », corrobore Céline Rivière
(1), psychologue clinicienne et neuropsychologue. Les études sont légion ; notons pour exemple celles menées par le docteur Tiffany Field
(2), à l’Institut de recherche sur le toucher, qui mettent en évidence que les enfants prématurés ayant bénéficié de massages présentent une prise de poids supérieure, un développement neurologique plus avancé, un état d’éveil plus important. La psychologue Céline Rivière est formelle : «
Tout du long de notre vie, de notre premier souffle au dernier, nous recherchons ce toucher d’amour, celui des origines, garant de notre sentiment d’exister. »
Système nerveux et peau ont
la même origine : ils proviennent tous deux d’un tissu unique, l’ectoderme, qui se différencie in utero seulement trois semaines après la conception.
Le toucher : notre atout bien-être
Pour démontrer à quel point le toucher joue un rôle essentiel pour notre bien-être, Renato Pappalardo prend un exemple, en apparence anodin : «
Nous sommes nombreux à avoir expérimenté que, dans les moments de stress, le besoin de contact est le plus intense. » La science a d’ailleurs mis en évidence ces liens mystérieux entre la peau et le système nerveux. Si la peau renseigne le cerveau sur les conditions ambiantes, froid ou chaud, il en va de même pour les situations de stress ou de détente. Un véritable dialogue s’instaure entre notre enveloppe et l’ordinateur central. Les informations conduites par l’influx nerveux sont véhiculées jusqu’à l’épiderme, où elles sont libérées sous forme de neuromédiateurs ou d’hormones. De nombreuses études ont pu établir comment le simple contact bienveillant d’une main va contribuer à diminuer l’angoisse. Celle réalisée à l’université de Californie à Berkeley démontre que le toucher entraîne une diminution du cortisol, l’hormone du stress, réduit le niveau d’anxiété et apaise (source : Van Ingen et al., 2016).