« Nous sommes à un moment charnière où la nécessité pour le masculin de se réinventer s’impose comme une évidence ! », pose d’emblée Didier de Buisseret⁽¹⁾, thérapeute psychocorporel. Une crise qui serait due, en partie seulement, aux fortes poussées du féminisme actuel, mais dont on retrouve des marqueurs beaucoup plus anciens, que ce soit dans la Grèce antique où déjà, des philosophes se plaignent de la disparition des « vrais hommes », ou bien plus tard avec Friedrich Nietzsche (1844-1900) qui milite pour un retour à une dualité claire. En cause, le principe même de virilité, fondé sur la domination du féminin, qui reste central.

Toutefois, notre époque se distingue des autres par ce réveil des femmes et leur volonté, parfois farouche et souvent légitime, de prendre leur place. Avec comme puissant déclencheur le mouvement #MeToo qui a entraîné une véritable crispation des relations entre les sexes. « S’il va de soi, sans ambiguïté aucune, que c’est pour un mieux, toutefois, pour l’heure, il est devenu difficile pour un homme de trouver sa place », observe le thérapeute. Un changement de paradigme pour l’identité masculine est devenu incontournable, et avec lui un véritable besoin également de réinventer la relation hommes-femmes.

Une immaturité ou un excès de yang ?

Alors que la vindicte populaire pourrait épingler, un peu trop rapidement, un « excès » de yang chez les hommes comme grand coupable, le thérapeute éclaire un autre écueil à dépasser en priorité pour enfin évoluer : une immaturité érigée en norme. Selon la théorie des quatre archétypes, énoncée par Robert Moore, celui qui nous intéresse le plus ici est le guerrier. Pour se construire, le jeune garçon a besoin en premier lieu de se « séparer » de la mère, et donc du féminin, une étape qui peut entraîner rupture et rejet. Tandis que parallèlement, l’entrée dans le clan des hommes adultes se fait sur un mode de compétition et de performance. Deux étapes qui devraient être « transitoires » et qui malheureusement sont devenues la règle !

« Beaucoup d’hommes sont restés bloqués dans cette phase immature, par ailleurs relayée par nombre de modèles masculins et de héros de films », déplore Didier de Buisseret. Culturellement, l’archétype du héros, forme immature du guerrier en quête de sa propre glorification avec un fort penchant narcissique, a été magnifié. Alors que le véritable guerrier devrait intégrer sa part féminine et se présenter dans sa puissance protectrice au service de la communauté. C’est ce « yang » immature qui amène violence et persécution du féminin, perçu comme menaçant.


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