Comment faire pour que nos bonnes résolutions de début d’année passent le cap du mois de janvier ? Conseils pratiques avec Tal Ben-Shahar, professeur de psychologie positive, auteur de « Choisir sa vie ».
Arrêter de fumer, manger bio, méditer, arrondir les angles au bureau, réaliser un rêve d’enfant… Les bonnes résolutions font partie du rituel de passage d’une année à l’autre. Certaines sont anecdotiques, d’autres symptomatiques d’un besoin réel de changer quelque chose à sa vie. La décision, pourtant, ne suffit pas. Très vite, les réflexes et les conditionnements reprennent leurs droits. Comment gagner en confiance, en recul et en imagination pour redevenir maîtres à bord et aller au bout de nos choix ?
Ayez confiance
Vous avez pris une résolution ; bravo, c’est déjà un pas. C’est déjà
« choisir de choisir » et réaliser que le choix vous appartient.
« De nombreuses recherches montrent que même dans des circonstances très difficiles, telles la Deuxième guerre mondiale, des gens ont été capables de faire des choix qui ont joué dans leur survie », souligne Tal Ben-Shahar. Prenez votre résolution au sérieux, ne vous laissez pas démonter par les sourires narquois ou les airs inquiets de votre entourage. Une telle frilosité
« nous empêche d’atteindre des buts qui seraient bel et bien à notre portée, souligne Tal Ben-Shahar.
Même si vous ne réussissez pas, la tentative aura contribué à élargir votre horizon, à aborder de nouveaux territoires et à réaliser peut-être d’autres rêves au passage. » Connectez-vous à votre vibration intérieure et à vos valeurs, faites confiance à votre intuition, listez vos atouts et vos aptitudes, identifiez et concentrez-vous sur ce qui vous tient vraiment à cœur.
Engagez-vous
Une fois l’intention clairement posée, passer à l’action demande du courage – celui de renoncer à une certaine sécurité, de s’émanciper du jugement des autres, de puiser les ressources encore et toujours au fond de soi. Parfois, la peur ou le manque de confiance affleurent. Même les grands leaders comme Gandhi ou Mandela ont connu ces moments ;
« ils ne se sont pas découragés pour autant » ! Fasse à l’envie de baisser les bras, prenez un temps de recul, tâchez de
« voir plus loin que le présent », conseille Tal Ben-Shahar.
« Face à une difficulté, je peux choisir la facilité : revenir sur mes pas, éviter le défi que me pose l’obstacle. Ou bien balancer mon sac à dos de l’autre côté du mur, ce qui m’engage à chercher comment le franchir – en passant par dessous, par dessus ou sur le côté ». Dites-vous que vous êtes capable d’y arriver, faites-vous le serment d’atteindre votre but.
« Mon avenir, je le crée en exprimant, en paroles et en actes, l’engagement que je prends vis-à-vis de lui, confirme Tal Ben-Shahar.
Formuler une promesse, même hardie, même pleine d’inspiration, ne garantit en rien que j’arriverai à destination ; mais cela augmente mes chances de succès. Les mots créent les mondes ; le courage fait tomber les barrières. »
Faites de la place
Souvent, les choix n’apparaissent pas ou les choses n’adviennent pas car nous ne savons pas leur faire de la place.
« Une plante ne peut grandir si elle n’a pas l’espace suffisant, souligne Tal Ben-Shahar.
Pour nous, c’est la même chose. Pour devenir créateurs de nos vies, nous n’avons pas besoin de terre ni d’eau, mais de temps. » Aménagez-vous des moments où vous pouvez ne rien faire, laisser émerger, accueillir, ressentir. Au quotidien, lorsque vous vous sentez aspiré par le flux ou repris par de vieux conditionnements, inspirez profondément, soufflez lentement, buvez un verre d’eau, allez marcher, savourez le silence, recentrez-vous sur ce qui est important pour vous.
« Faire un choix, c’est libérer le potentiel que renferme chaque instant, indique Tal Ben-Shahar.
Quand vous êtes attentif à ce potentiel, votre vie acquiert une dynamique propre. Quand le moment compte, c’est la vie entière qui compte. » Cultivez cette présence,
« soyez conscient du sens profond de ce que vous êtes en train de faire », sachez percevoir
« la magie inhérente à ce que l’on vit », les signes qui vous montrent la voie, les occasions qui se présentent.
« Idéalement, face à une situation, nous devrions être capables d'alterner entre une vision de l’extérieur et une vision de l’intérieur, dit Tal Ben-Shahar.
La capacité de changer de perspective démontre une maturité psychologique. »
Procédez par étapes
Aussi déterminé que vous soyez, acceptez que les choses puissent prendre du temps.
« S’attendre à changer vite et sans effort, c’est le plus sûr moyen d’être déçu et contrarié, note Tal Ben-Shahar.
On a le contrôle sur la nature des objectifs qu’on se fixe et sur les efforts qu’on déploie pour les atteindre, mais la réussite finale, elle, ne dépend pas que de soi. Aussi est-il crucial de renoncer au contrôle total des conséquences et de privilégier le plus possible le processus lui-même. » Face à vos doutes, vos pics de découragement et d’énervement,
« observez la tempête », acceptez
« activement » vos ressentis.
« Quand je suis en proie à la tristesse, l’envie, la colère ou tout autre émotion pénible, je me répète avec insistance que ces émotions sont naturelles, témoigne le psychologue.
Si je les rejette, je ne m’autorise pas à les vivre de manière elle aussi naturelle ; alors elles vont enfler et s’intensifier. » Prenez note de vos moments de faiblesse puis repartez du bon pied, sans ressasser le scénario dans votre tête.
Soyez léger !
Parfois, face à un but qui tient à cœur, on a tendance à se crisper, à s’épuiser. Il est alors urgent de consacrer du temps à recharger ses batteries : bien dormir, bien se nourrir, écouter de la musique, danser, chanter, partir en vacances, passer du temps avec des êtres chers…
« On ne peut pas donner le meilleur de soi quand on dort ou quand on mange trop peu, ni quand on mange trop ou qu’on dort trop longtemps, rappelle Tal Ben-Shahar.
De même, on ne fonctionne pas de manière optimale sur le plan physiologique si l’on est en permanence en état de déséquilibre affectif ou spirituel. » Prenez le temps de nourrir ces aspects de votre vie, laissez-vous absorber et émouvoir par leur substance, leur rythme, leur beauté ; ils sont le moyen de
« mobiliser vos forces intérieures, votre vitalité, votre enthousiasme », d’être en capacité de prendre la vie comme un jeu.
Appréciez les résultats
« Les travaux de psychologues montrent régulièrement que si nous éprouvons de la reconnaissance pour les aspects positifs de notre vie, ceux-ci prennent plus d’ampleur, et nous en bénéficions d’autant plus », indique Tal Ben-Shahar. Observez les différences engendrées par chacune de vos actions positives, prenez conscience qu’un pas renforce l’autre, que chaque changement initié a un impact sur l’environnement.
« Les sourires sont contagieux, de même que les comportements bienveillants et altruistes », rappelle Tal Ben-Shahar. Ecrivez noir sur blanc 5 choses qui vous inspirent de la reconnaissance ; isolez 3 éléments positifs dans vos activités quotidiennes.
« Voyez le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, encourage le psychologue.
Sachez tirer les leçons de vos échecs et capitaliser sur vos succès. Les uns nous montrent la voie à ne pas suivre, les autres nous encouragent dans le bon sens. Leur souvenir est source d’inspiration et d’énergie. Il nous prépare, sur le plan affectif, à affronter de nouveaux défis. »
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