La psychologie, comme beaucoup d’autres domaines, connaît actuellement une véritable mutation. Jeanne Siaud-Facchin fait partie de ces thérapeutes qui proposent de nouveaux paradigmes pour une psychologie plus intégrative, qui remet au premier plan les vertus des liens et de l’amour.
Psychologue engagée, visionnaire et audacieuse, spécialiste renommée du haut potentiel, Jeanne Siaud-Facchin revisite les fondements de la psychologie pour nous en livrer une version contemporaine intégrative. Son moteur ? L’humain, ses patients, la vie... La fondatrice des centres de psychologie intégrative Cogito’Z défend une approche inclusive qui place au centre du processus thérapeutique les ressources, plus que la souffrance, ainsi que la force du lien et l’amour. Sa pratique clinique auprès des surdoués aurait également influencé sa démarche atypique ; elle émet ainsi l’hypothèse selon laquelle leur spécificité pourrait bien jouer un rôle majeur dans la mutation ! Rencontre avec une psychothérapeute à l’écoute des murmures du monde et du cœur de ses patients.
Pour commencer, pourriez-vous redéfinir la psychologie ?
La psychologie, selon moi, c’est la vie ! Tout est psy. Notre capacité à penser le monde, l’expression de nos émotions, notre vie affective, nos sentiments, nos choix personnels, professionnels, spirituels... La psychologie est le soubassement de notre existence, l’articulation qui se crée entre nos pensées, nos émotions, nos comportements, dont les grands ordonnateurs sont liés de façon intrinsèque : le corps, le cœur, le cerveau. La psychologie est à la fois la science de l’âme et celle de la vie. La grande et l’ordinaire, à la fois celle que l’on perçoit dans les murmures de notre âme et celle que l’on vit dans le concret de nos quotidiens, que l’on respire dans le flux de la vie.
Quelle est sa place aujourd’hui, à notre époque où déferlent de nouvelles thérapies,
des pratiques de développement personnel et quantiques... en passe de détrôner leurs pairs, psychanalyse et psychologie ?
Le contexte est troublant, en effet. Chaque nouvelle méthode semble s’être emparée d’une forme de psychologie, allant du coaching à la câlinothérapie, en passant par l’EMDR, décrivant un spectre infini de possibilités qui pourrait bien diluer, jusqu’à la faire disparaître, la véritable substance de la psychologie. Revenons à la proposition première qu’offre la psychologie. Son objectif est résolument d’apaiser la souffrance, de donner une nouvelle dynamique de vie et de permettre ainsi à chacun de repartir sur son chemin. Elle couvre simultanément ces deux champs : calmer les angoisses et redonner l’élan vital.
La psychologie serait-elle appelée à muter ?
C’est une évidence ! Le simple fait de raconter sa vie, encore et encore, de revenir sur les événements du passé, avec l’illusion que ça va améliorer le présent, n’est plus suffisant. La psychologie ne peut plus être un simple réceptacle où l’on va déverser nos peines, notre enfance et nos conflits... Le passé nous construit, bien entendu, mais ne nous définit pas. Bien sûr que nous sommes le fruit de notre vécu, teinté de la traversée des obstacles, des épreuves que nous avons surmontées, des souffrances qui nous ont terriblement blessés. La compréhension du passé est en fait une extraordinaire opportunité de résilience, pour fabriquer le présent ! Mais en aucun cas, il ne nous définit. Si la psychologie a posé avec succès les bases d’une science du vivant, elle est irrémédiablement appelée à muter.
La psychologie est à la fois la science de l’âme
et celle de la vie.
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