Pourquoi, alors que jeune chirurgien et promis à un avenir brillant, Thierry Janssen décide-t-il de tout quitter ? Que lui a dit sa voix intérieure ? Pourquoi a-t-il choisi de l’entendre, et de la suivre ? Thierry Janssen revient sur son parcours et nous évoque l’importance d’écouter sa voix intérieure afin de suivre son cheminement personnel.
Santé corps-esprit
C’est en Belgique, à l’âge de 18 ans, que Thierry Janssen commence ses études de médecine dans le but de pouvoir pratiquer la chirurgie. C’est son rêve depuis qu’il a croisé, un jour dans un hôpital, le chirurgien qui a opéré sa maman. Il se promet alors qu’une fois adulte, il fera comme le monsieur qui s’est si bien occupé d’elle. L’heure venue, Thierry se coupe du reste du monde pour se consacrer à fond à ses études. Il fait tellement d’efforts, seul dans sa chambre, passant son temps à étudier, qu’il a le sentiment de « bousiller » sa jeunesse, de sacrifier son insouciance. À force de volonté, il obtient son diplôme et, sélectionné au concours de la spécialisation en chirurgie, il décide même de devenir professeur. Car, il est déçu par l’enseignement qu’il a reçu. « Je cherchais des maîtres, capables de témoigner et d’accompagner, je n’ai trouvé que des personnes savantes qui me demandaient de répéter leur savoir. » Enfin, à l’âge de 33 ans, Thierry Janssen obtient ce qu’il veut : un poste académique à l’université de Bruxelles. Cependant, le bonheur n’est pas au rendez-vous. « Malgré tout ce que j’avais, je n’étais pas satisfait… ou plutôt je commençais à ne plus être satisfait ! Je ressentais une sorte d’inconfort : j’étais tendu et agressif. Je me mettais facilement en colère, c’était incontrôlable, j’étais devenu caractériel et franchement infernal ! »
À cette époque, Thierry est convaincu que la cause de son mal-être est à rechercher dans le comportement des autres, dans le fonctionnement du monde hospitalier et universitaire. Il a beau souffrir d’eczéma et de conjonctivites à répétition, rien ne le fait douter de lui. Il ne réagit même pas face à la remarque d’un confrère dermatologue qui lui dit : « tu dois être bien mal dans ta peau » ou à celle d’un ami psychiatre qui lui demande « qu’est-ce que tu ne veux pas voir ? » ! Convaincu qu’il lui faut changer d’air, il se fait nommer dans le centre de cancérologie de l’université.
Le 5 janvier 1998, Thierry Janssen prend ses fonctions dans le prestigieux Institut Bordet à Bruxelles pour occuper un poste hiérarchiquement plus élevé. Théoriquement il devrait être content... Mais, en arrivant à l’hôpital, le premier matin, il ne se doute pas que sa vie va définitivement changer. Dans l’ascenseur qui l’amène à l’étage de son bureau, sa nouvelle secrétaire lui parle, mais Thierry ne comprend pas ce qu’elle lui dit. Tout ce qu’il perçoit, c’est une angoisse qui monte en lui. Dès qu’il entre dans son nouveau bureau, surpris, il entend une voix. « C’était parfaitement audible, j’entendais ma propre voix. C’était incroyable de l’entendre, mais je sais que c’était la mienne… Enfin, j’ai le sentiment que c’était la mienne. Je l’ai entendue me dire « Si tu restes ici, tu vas mourir ». Je l’ai entendue si clairement ! » Sans hésitation, Thierry s’assoit dans le fauteuil du bureau qui aurait dû être le sien pour longtemps et écrit d’un seul trait sa lettre de démission. Il ne doute pas une seconde de son geste. Pour lui, il ne s’agissait pas de prendre une décision, il n’y avait pas de pour, ni de contre, aucune balance devant lui… Il n’y avait pas à justifier ou à argumenter, sa démarche était de l’ordre du choix, elle l’impliquait dans tout son être. « Parfois on me dit que j’ai fait preuve de courage. Je ne pense pas que j’ai eu du courage. J’ai simplement perçu le danger comme si j’avais le feu aux fesses et que ça brûlait. Si je restais, j’allais être consumé. J’ai « sauté par la fenêtre », il ne m’a pas fallu de courage pour ça ! J’ai écouté mon instinct de survie. » Ce jour-là, Thierry fait son choix avec le sentiment qu’il ne peut plus tricher avec lui-même. Il quitte l’hôpital avec un sentiment de joie profonde. « Je n’avais jamais ressenti ça : une telle puissance, non pas de domination, mais de potentiel. Un tel potentiel… J’ai téléphoné à la personne qui partage ma vie et je lui ai dit : « Tu sais, aujourd’hui, je suis né une seconde fois ». Pour moi, le 5 janvier est un anniversaire aussi important que celui de la date de ma naissance biologique. »
Cette phrase entendue à l’intérieur de lui-même a été une « évidence » dans la vie de Thierry Janssen. « Ce que j’ai vécu était à la fois physique, intellectuel et émotionnel. Tout mon être était concerné, engagé, il n’y avait pas à réfléchir. »
En rentrant à la maison, dans sa voiture, il ne sait pas ce qu’il va faire de sa vie, mais il sait ce qu’il ne fera plus ! « L’homme ne va jamais aussi loin que lorsqu’il ne sait pas où il va », disait Christophe Colomb... Et Thierry Janssen ajoute : « Si l’on accepte d’aller dans l’inconnu, on découvre beaucoup plus que ce que l’on croyait trouver. Colomb n’a pas découvert l’Inde, il a découvert beaucoup plus, il a débarqué sur un nouveau continent. Moi, j’ai découvert qui j’étais. Et ce que je suis est beaucoup plus que ce que je croyais être. »
Thierry Janssen dit enfin « oui » à lui-même, tout en ayant la conviction que quelque chose est en train de mourir en lui. Mourir à soi-même pour renaître. C’est la fin d’une longue série d’années infernales, pendant lesquelles, en bon perfectionniste, il a donné le meilleur à ses patients pour être toujours efficace. C’était sans compter avec le bon sens profond qui l’habitait, cette petite voix qui nous rappelle, si nous voulons bien l’écouter, ce qui est réellement bon pour nous. Depuis, il a appris à écouter les messages de cette voix de sagesse. « Elle est toujours là, même si je ne l’écoute pas tout le temps ! Car la peur m’empêche parfois de l’entendre… Quand j’ai peur, je construis mentalement des raisons de justifier des défenses qui ne sont pas forcément nécessaires. Je projette alors des raisons d’avoir peur très illusoires, j’imagine des évènements qui ne se produiront probablement jamais ou qui ont une faible probabilité de se produire. De grands délires (rires) qui m’empêchent de garder mon bon sens et, du coup, d’orienter ma vie dans la bonne direction, dans le respect de mes besoins essentiels… » Le quotidien change alors brusquement et Thierry Janssen est au début d’un grand virage.
Une fois quitté l’hôpital, un grand nombre d’évènements se présentent à lui. Ceux-ci s’apparentent à de véritables « synchronicités », des situations pleines de sens dont Carl Gustav Jung dit qu’elles surviennent surtout dans des périodes de transformation, participant à la réorganisation d’un chaos dans lequel nous nous trouvons, alors que nous sommes en chemin vers un état de nouvel équilibre. « Je ne sais pas si c’est la seule explication à y apporter, mais c’est l’expérience que j’en ai ! » À ceux qui lui demandent comment ils peuvent faire la même chose, Thierry répond : « Il n’est pas nécessaire de faire la même chose, moi j’ai fait ce que je pouvais. Quelqu’un d’autre n’a pas forcément besoin de rompre aussi brutalement avec son passé. Cependant, si on se pose la question, c’est que l’on a un doute, une sorte d’appel à faire autre chose ou à faire autrement. Il serait dommage de se donner des excuses pour ne pas y répondre ».
Fortifié et même un peu euphorique, Thierry n’a pas de mal à rester fidèle à son choix, car, pour lui, il s’agit de rester près de lui-même. Néanmoins, peu de temps après, la peur et le doute l’envahissent, devant les factures à payer, le regard des autres, le jugement de ses parents et l’incompréhension de ses amis. C’est à ce moment qu’une amie lui annonce son départ pour Paris en tant qu’attachée de presse du couturier Giorgio Armani. Apprenant que cette société de mode recherche un directeur pour ses magasins Emporio, la voix de Thierry lui souffle à l’oreille : « Toi, tu vas faire ça ! » Et, contre toute attente, en dépit de toute logique, peu de temps après l’envoi de sa candidature, il obtient le poste ! « Pour moi, cette expérience a été une étape très initiatique. Je n’avais aucun intérêt pour la mode, comme chirurgien je vivais en pyjama vert et j’étais chaussé de sabots en caoutchouc. J’ai postulé parce que c’était Paris, une ville que j’aime et que je considère comme « ma » ville. De plus, je croyais que la mode allait être un univers léger et facile. Et puis, mon ego avait besoin de savoir que si j’avais lâché une carrière « brillante », je pouvais continuer à travailler dans un environnement tout aussi brillant et remarquable. Cela me rassurait énormément. » Cependant, Thierry va bientôt s’apercevoir que son essence profonde n’est pas rassasiée par ce mode de vie. Le passage chez Armani lui permet de découvrir qu’il paye un prix trop lourd pour exercer le pouvoir et satisfaire son besoin de reconnaissance. Il gagne très bien sa vie, tout est plein de paillettes autour de lui. Mais la petite voix… ? Il ne l’écoute pas, malgré le mal-être physique, la tension et l’agressivité qui reviennent. « J’étais aveuglé par ma croyance. Je pensais que sans ce job, je ne pourrais pas survivre. J’avais peur. » Mais un beau jour, la direction d’Armani lui demande de partir. Les qualités de sérieux et de rigueur pour lesquelles il avait été engagé devenaient des défauts. « Je n’avais pas la culture de cet univers professionnel et j’ai manqué d’humilité en imposant mes vues à des personnes qui, elles, travaillaient depuis de nombreuses années dans le monde de la mode. L’humilité est tellement importante, je ne m’en rendais pas compte, tout simplement parce que j’avais peur d’échouer, peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas être assez bien. J’avais trop d’ego. » (...)
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