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Se
taire,
se
promener,
s’écouter

« Toute promenade est une sorte de croisade, prêchée en vous par quelque Pierre l’Hermite, pour s’en aller reconquérir cette Terre Sainte tombée aux mains des infidèles », nous dit Henry David Thoreau. Belle invitation à une balade conquérante pour rencontrer ou retrouver le divin en nous.
Se taire, se promener, s’écouter
Santé corps-esprit
Badauder, errer, flâner, se balader, se promener sans but… être, selon l’expression de Thoreau « un maraudeur des marches », pour conjuguer, accorder « voir et regarder », « entendre et écouter », « sentir et ressentir ». Certains se souviennent de la chanson de Gérard Lenormand, La ballade des gens heureux. Fredonnons-la. Il s’agit bien du bonheur, celui qui se vit, ne s’achète pas, trop souvent éphémère, et non pas d’une dissertation sur ce thème. La balade est une paresse de l’âme qui nous rappelle à nous-mêmes. Cette sensation de plénitude, indéfinissable peut-être, nous permet d’être ouverts à tout, d’être ouverts au Tout et, avant tout, à nous-mêmes.

Faut-il être seul dans cette promenade pour cette rencontre, ce rendez-vous avec soi ? Oui, assurément, comme dans le sentiment amoureux si bien décrit par Roland Barthes dans Fragments d’un discours amoureux. C’est quand on est seul que l’on pense vraiment à l’autre, objet de notre amour. Quand il est absent, l’être aimé reste le plus présent, le plus intensément dans notre cœur, dans notre esprit. Disponible à soi-même et dans le mouvement de soi-même, tel est l’art de la balade ! Oui, il faut être seul. Emerson, ami de Thoreau, nous en donne la raison. « La rencontre de l’autre nous fait devenir une fraction alors que seuls nous sommes davantage une unité. » La balade n’est pas un partage, mais un recentrage.


Un évangile selon l’instant


Thoreau note que « la moitié de la promenade consiste à revenir sur nos pas, simplement ». Ce retour à soi-même est source d’introspection, mais aussi d’exploration en nous accompagnant dans les cheminements du rêve, de la pensée que nous n’avons pas l’habitude de suivre. Des chemins de traverse en quelque sorte, qui opèrent en reliant ce qui est épars. Nous sommes pour moitié la promenade, et la promenade est, pour moitié, elle-même. Qu’est-ce que cela signifie ? La promenade nous renvoie, nous invite, ici par une odeur, là par la beauté fugace d’un rayon de soleil, d’une goutte de pluie, d’un flocon de neige ou de la caresse du vent, à nous sentir comme une unité, libres de ressentir toute chose enfin, sans s’y opposer. Il n’y a pas dans ces circonstances besoin de trancher, nécessité de juger. C’est là la réponse rafraîchissante à la punition du savoir qui nous oblige à l’agitation, au choix d’une direction, d’une responsabilité. Il y a aussi ce paradoxe amusant du mouvement qui nous arrête : Thoreau relève que « lorsque, à de rares intervalles, quelques pensées vous visitent et que, par exemple, vous suivez à pied la voie ferrée, alors le train passe sans que vous l’entendiez. Mais bientôt, par une loi inexorable, c’est notre vie qui passe et le train qui retourne… » Alors, voyons tout ce qui retourne.


Mettre un pas devant l’autre ou devant soi ?


La balade est vertueuse, nous le savons tous, et pourtant, nous n’y consacrons généralement que peu de temps. Sa cousine, la paresse, sans autre objet qu’elle-même (ou « qu’elle m’aime ») lui ressemble. De nombreux auteurs en ont fait l’éloge, mais elle ne nous libère pas autant de la pensée mécanique, du poids des habitudes ; elle n’est souvent qu’un loisir. La promenade reste libératrice de tout cela. « Je crois que je ne saurais conserver ma santé et mon entrain si je ne passais quatre heures par jour au moins à me balader à travers bois, par monts et plaines, absolument dégagé de toute attache mondaine », explique Thoreau. Certes, les temps ont changé. Aujourd’hui, il est le plus souvent impossible de trouver quatre heures pour se promener en pleine campagne. Mais est-ce une raison pour se priver de cette libération qu’évoque le philosophe, celle de se détacher momentanément des autres pour prendre l’air et donc de la hauteur ? Nietzsche parlait de ses aphorismes qui mettent à mal les idées communes comme étant « dits des plus hautes solitudes ». (...)

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Artistes et créateurs dansent avec ces questions depuis des siècles. L’inspiration, autrefois associée au divin, est aujourd’hui mieux comprise grâce aux neurosciences et à la psychologie. Dans le dossier de ce numéro printanier d’Inexploré, abordez les facettes secrètes et spirituelles de l’inspiration, sa connexion au souffle et au corps, son rôle essentiel chez les artistes médiums et son rapport avec les états modifiés de conscience.

Avec nos clés pratiques et enquêtes, vivez, vous aussi, la magie de l’inspiration pour démultiplier votre potentiel !

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