Jacques est un célèbre romancier. Depuis des mois, sa créativité est en berne. Sa page reste blanche, son angoisse vire au rouge... Jusqu’à ce qu’il participe à un séminaire de respiration holotropique sous la conduite de Djohar Si Ahmed et Gérald Leroy-Terquem. « Holotropique signifie “se mouvoir vers le tout” », soulignent les 2 psychanalystes.

Mise au point par Stanislav Grof, père de la psychologie transpersonnelle, cette technique a pour vocation de nous reconnecter à la totalité de notre être. « D’ordinaire, nous limitons notre identité à notre corps et à notre personnalité, en occultant des composantes plus inconscientes. Cela peut créer un sentiment d’incomplétude se traduisant par des déséquilibres, des maladies ou des mal-être », explique Florence Prudhon, facilitatrice certifiée par Stan Grof.

3 heures de voyage

Au cœur de la méthode : un état modifié de conscience induit par une respiration et des musiques spécifiques. Après un accueil individuel, permettant d’échanger sur sa vie et son état physique et émotionnel, puis une présentation théorique du travail et une relaxation guidée, c’est parti : allongé sur un matelas, les yeux fermés, on active spontanément le processus par une respiration plus rapide et plus profonde. « Laissez le plus possible le souffle entrer en vous, du bas-ventre jusqu’en haut des clavicules », conseille Florence Prudhon. Objectif : « Libérer toute l’énergie nécessaire » pour activer le « médecin intérieur » – selon l’expression de Stan Grof pour désigner les capacités d’autoguérison de l’être.

Confiance : sous l’œil attentif des organisateurs, un accompagnateur veille à votre confort et à votre sécurité. À un moment, le mental lâche prise, le processus devient spontané. Le temps suspend son vol, les heures se dilatent ou filent en un éclair. Exit aussi l’assujettissement à la logique et à l’espace – « On peut bouger sans s’en rendre compte ou avoir la nette impression de courir en restant immobile ! », note Florence Prudhon. Rien à faire, rien à penser, juste se laisser porter par le voyage intérieur et le plein ressenti des éléments qui surgissent. « La conscience ramène à la surface ce qui contribue à nous bloquer dans les plus extrêmes profondeurs de nous-mêmes », précisent Djohar Si Ahmed et Gérald Leroy-Terquem. Des forces psychiques sont libérées, « le sens des choses vécues, l’impulsion à changer ou à évoluer et l’élan créateur trouvent à s’exprimer ».

Un processus naturel

Le processus est non dirigé, autorégulé. Changer de plan de conscience permet de faire surgir naturellement des clés, de débloquer des situations, de retrouver une justesse et une fluidité d’être. De la même manière, « l’hypnose thérapeutique ne vise pas à l’élimination de symptômes mais à l’intégration de leur signification à partir d’un état de sécurité, de confort et d’autonomie, note l’hypnologue clinicienne Rym Dagouraï. Une fois ces significations intégrées, le symptôme disparaît de lui-même ».

Comme une vague sur laquelle surfe la psyché, la musique intervient en soutien. « Durant la première heure, elle vient nous chercher dans nos fondements les plus archaïques, souligne Florence Prudhon. Puis elle ouvre et libère jusqu’au paroxysme le matériel inconscient et émotionnel. » Durant la troisième heure, enfin, elle favorise le relâchement et le retour, « parfois de très loin ». L’expérience se conclut par un mandala et un cercle de partage, « non pour l’analyser ou l’interpréter, mais pour permettre à chacun d’en intégrer l’essentiel », estime la spécialiste.

Révélateur de potentiels

Jacques en ressort comme purifié, doté d’une ouverture au monde et d’une sensorialité régénérées. Les couleurs lui paraissent plus éclatantes, les sons plus beaux, les mets plus savoureux. Il se sent de nouveau connecté à lui-même, à ses forces vitales. Il se remet au travail avec plaisir, ses personnages prennent corps, il n’a plus qu’à les suivre !
« Chaque vécu est personnel et diffère d’une séance à l’autre, rappelle Florence Prudhon. Le médecin intérieur guide toujours à la mesure de ce que la personne est capable de vivre. » Certains rient, pleurent, s’agitent ; d’autres plongent dans une relaxation profonde ou une extase méditative. À la clé, peut-être : « Des guérisons physiques ou psychiques, mais aussi des transformations de la personnalité », via un accès inédit à « l’immensité de nos ressources et de nos potentiels réels », indique Florence Prudhon. Elle a vu ainsi un participant se libérer comme par miracle des allergies dont il souffrait depuis l’enfance, un autre du traumatisme d’une agression passée – métamorphosant par-là sa relation à lui-même et au monde. « Le changement qui s’opère peut aussi ne pas être immédiatement perceptible, poursuit Florence Prudhon. Je me souviens d’un jeune homme qui, en fin de séance, disait simplement se sentir extrêmement bien. Quelque temps plus tard, il s’est aperçu que ses goûts et sa manière de réagir évoluaient – il ressentait par exemple le besoin de mieux se nourrir et de vivre plus sainement. »

Pour qui ?
Ceux qui ressentent le besoin d’une ouverture importante des portes de leur psyché, pour surmonter un blocage, guérir ou changer. Sessions d’une journée ou d’un week-end. L’engagement physique est important, renseignez-vous sur les contre-indications. Vérifiez la qualité de l’encadrement.
Institut des champs limites de la psyché - Holospi - Patrick Baudin

Sophrologie, la porte de la relaxation

Quand un patient vient à elle, la sophrologue Laurianne-Bella Bierla lui propose, après un bref échange permettant de poser la problématique, d’apprendre à se détendre. À lâcher le flot compulsif des pensées pour centrer son attention sur sa respiration, sans la modifier. À suivre son souffle, simplement, dans son ventre, sa poitrine, son nez. Puis à ressentir les différents points d’appui de son corps. « Cette observation suffit à entrer dans un autre état, note la praticienne. C’est la porte d’entrée. » Petit à petit, la respiration se fait plus ample. Connectée au cerveau, elle en harmonise le fonctionnement. Des images et des ressentis émergent, plus ou moins furtifs, plus ou moins symboliques, comme dans un rêve éveillé. « Je n’induis pas de visualisation, précise la sophrologue. Le blocage n’est peut-être pas là où notre mental l’imagine ; je préfère laisser l’inconscient explorer par lui-même, à son rythme. Quand il sera prêt, l’information affleurera. » Laurianne-Bella Bierla cite ainsi le cas d’une dame venue la consulter parce qu’elle n’arrivait plus, depuis 5 ou 6 ans, à prendre l’autoroute. « C’était handicapant, car son travail lui imposait de parcourir chaque semaine 40 kilomètres en voiture. » Pourquoi ce blocage ? La patiente n’en savait rien. « En séance, elle a appris à se relaxer, puis à avoir confiance dans ses ressentis. » Au bout d’une dizaine d’heures, un souvenir a émergé : « Quelques années auparavant, elle avait déposé devant un hôpital sa voisine qui, en sortant du véhicule, avait été percutée par une moto ; elle n’avait pas survécu. » Alors que la patiente pensait avoir digéré l’incident, il a ressurgi en état modifié de conscience. Sa visualisation a suffi : « Elle a repris l’autoroute juste après. D’autres éléments de sa vie se sont harmonisés. »

Pour qui ?
Ceux qui recherchent une approche en douceur, fondée sur une relaxation profonde du corps et de l’esprit, et un outil facile d’accès pour gérer son stress et ses émotions au quotidien, faire face à une épreuve, lutter contre certaines peurs. Séances d’1 heure environ. Il existe de nombreux professionnels certifiés en France.
www.sophrologie-francaise.com

De l’EMDR au chamanisme

Caroline Neveux est docteure en psychologie. Dans son cabinet de la région lilloise, elle a résolu des milliers de cas grâce à l’EMDR. « Cet outil fabuleux permet de travailler sur beaucoup de douleurs humaines, en faisant confiance aux capacités d’auto-guérison du cerveau », dit-elle. Efficace face à un choc précis comme dans le cas d’un sentiment plus diffus de dévalorisation, le principe est étonnant : après exploration et analyse de la problématique, la thérapeute établit un plan de traitement à partir d’un événement « cible » du passé. Elle demande à son patient de fixer son attention sur ce « point de départ », ainsi que sur les sentiments et sensations physiques qui lui sont associés, tout en le soumettant à une série de stimulations bilatérales – mouvements des yeux, sons alternés ou tapotements. À droite, à gauche, à droite, à gauche... « Ce protocole permet à l’organisme d’inscrire l’information douloureuse dans le tissu de la vie, en effaçant progressivement les émotions et pensées négatives qui lui étaient liées. » De façon parfois étonnamment rapide, le souvenir cesse d’être douloureux. Au cours de ce travail, Caroline Neveux a ressenti le besoin de se former au chamanisme. L’EMDR induisant un état modifié de conscience propice à une « ouverture », certains de ses patients, en cours de séance, ont eu la sensation de se retrouver dans la peau d’un animal ou face à un défunt. L’expérience est troublante, voire effrayante pour la personne, mais la psychologue observe qu’elle facilite souvent la résolution du problème. Ainsi, une dame qui, enfant, avait subi des maltraitances, et se maltraitait elle-même, a « vu » une louve blanche la suivre en boitant, avec du sang sur la patte. « Elle l’a soignée. C’était comme prendre soin d’elle-même, ce qu’elle a commencé à faire ensuite dans la réalité. »

Pour Caroline Neveux, l’utilisation de l’animal de pouvoir chamanique permet également de faciliter la résolution de cas difficiles. « Certains traumatismes génèrent parfois un tel sentiment de fragilité, d’impuissance et de danger qu’on ne peut partir d’une scène du passé. » La thérapeute invite alors d’abord le patient à plonger en état modifié de conscience au son du tambour pour trouver son « esprit allié ». « Je me souviens d’une jeune femme qui avait été abusée par son cousin vers l’âge de 8 ans et en gardait de grosses séquelles. Nous avons cherché son animal de pouvoir, qui s’est avéré être un loup. Sécurisée par lui, elle a réussi à se confronter à la cible EMDR. Là, le loup a attaqué l’agresseur, a libéré la jeune femme et l’a réinvestie de son pouvoir. Le trauma a disparu. C’en était presque vexant pour la thérapeute que je suis d’être si facilement doublée par un loup ! »
Caroline Neveux cite aussi le cas d’une femme enceinte, souffrant d’un sentiment d’incapacité à prendre soin du futur bébé. « En état modifié de conscience, elle s’est vue se baigner dans la terre, l’eau, le vent, la lumière du soleil, puis s’est sentie absorbée dans une harmonie universelle. Sans que nous ayons eu besoin d’évoquer sa peur, tout s’est nettoyé... Le chamanisme apporte une dimension spirituelle dans le travail thérapeutique : il élargit le champ de conscience et permet souvent de sortir du si fréquent et douloureux sentiment de solitude. C’est un atout précieux pour mener un travail en profondeur ».

Pour qui ?
Pour ceux qui veulent garder les pieds sur terre, l’EMDR est une thérapie reconnue, basée sur le traitement adaptatif de l’information. Elle doit être maniée par des psychothérapeutes qualifiés.
www.emdr-france.org

Le chamanisme, en s’appuyant sur l’intervention de cosmologies personnelles, fait appel à des dimensions spirituelles. Il faut être ouvert à l’expérience. Il existe des praticiens chamaniques en France, par exemple formés par la Fondation pour les études chamaniques.