Au creux des tempêtes de l’existence, il est difficile, insupportable même, d’imaginer l’embellie. Pourtant, l’épreuve est un terreau fécond qui renferme les graines d’une opportunité : de rebond, voire de transformation. Jusqu’à ce que vie s’ensuive !
Santé corps-esprit
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Accepter ce qui est
Se reconstruire passe par le fait d’avoir conscience de la situation. Être « aware », comme disent les Anglo-Saxons, sans pour autant culpabiliser, est un facteur essentiel de résilience. Cette présence à ce qui est va de pair avec une capacité d’abandon, d’acceptation. Le lâcher-prise fait partie intégrante du processus. Encore faut-il s’entendre sur ce terme...
« Accepter n’est pas se résigner », souligne Thierry Janssen qui écrit actuellement un livre sur l’importance de la spiritualité au cœur de nos existences, notamment lors des crises. Soulignons qu’on ne peut pas s’obliger à lâcher prise... à un moment, cependant, cela deviendra évident pour la survie. Car la difficulté surgit d’autant plus fortement lorsque nous nous cramponnons (au passé, au connu) pour éviter le vertige de ce qui nous attend – qui ne sera plus comme avant.
« Soyez passant », conseille Jean-Yves Leloup.
La vie est transformation : le cycle vie-mort-vie est inhérent à la nature. Cet abandon à ce qui est permet d’arrêter de lutter stérilement contre l’inexorable. Ce faisant, on est à même d’embrasser la crise de vie et sa semence d’évolution. L’enjeu, dans cette traversée du désert, est donc de déployer le wu wei taoïste :
le « faire sans faire », synonyme de maîtrise du lâcher-prise. Cela exige de nous ce double mouvement paradoxal : être conscient de ce qui est à l’œuvre et lâcher prise. Soit agir dans le non-agir. Rien à voir donc avec le désengagement, que l’on associe trop souvent, en Occident, au lâcher-prise ! L’enjeu est de s’engager dans un « corps-accord », en pleine conscience de ce que la vie nous propose. Partant de là, on peut s’appuyer sur ça pour aller de l’avant. C’est au moment où nous ouvrons symboliquement les bras que nous nous reconnectons à l’élan vital.
Se centrer, se décentrer
L’épreuve, qui met à vif l’estime de soi, nécessite d’être doux avec soi-même. D’entrer en « sympathie » avec sa propre personne : d’écouter ses rythmes intimes, ses besoins, parfois fort différents de ses habitudes de vie. De revenir à l’essentiel – ce qui passe généralement par une simplification de l’existence (gageure dans notre société), afin de préserver ses forces vives mises à mal par le séisme. Bref, de n’en faire qu’à... son cœur ! Car la tête, notre mental, a vite fait de vouloir faire « comme avant ». S’il est donc nécessaire de se centrer et de prendre soin de soi pour se reconstruire, il l’est tout autant de se décentrer. De se laisser interpeller par le sort des autres. La blessure est une brèche faite dans notre cuirasse narcissique.
« Dans l’épreuve, il faut oser l’amour », conseille Ilios Kotsou, chercheur en psychologie positive. Passionné par l’interaction entre recherche fondamentale et terrain, il participe actuellement à une étude en collaboration avec l’ULB (Université libre de Bruxelles) sur l’impact des attentats et les facteurs de résilience en temps de crise. Sans mettre de côté des émotions naturelles telles que la tristesse, il souligne l’importance, dans la résilience, de cultiver d’autres émotions, positives celles-là. Barbara Fredrickson, connue pour ses travaux en psychologie positive, a ainsi révélé, à l’issue de recherches menées après les attentats du 11-Septembre, que les traumatisés qui avaient pu, dans les jours qui ont suivi, faire preuve de solidarité et de gratitude (envers les secouristes) se sont remis mieux et plus vite que ceux qui avaient été en proie uniquement à des émotions douloureuses.
« Se décentrer permet de prendre du recul, de capter les choses positives, de porter son regard sur ce qui va bien », précise Ilios Kotsou. Entretenir le lien, se tourner vers les autres, aider, ouvrir son cœur, permet aussi de donner du sens à ce qui est vécu.
« C’est peut-être justement dans ces moments où l’horreur prend tant de place qu’il importe de prendre soin et de partager ce qu’il y a de beau, bon, vrai en nous, entre nous », témoignait le psychologue le jour des attentats de Bruxelles.
Cultiver les instants d’intensité
Trouver le rebond dans l’épreuve exige une bonne fréquentation de son élan de vie. Peut-être plus encore que d’ordinaire, il est bon et nécessaire de cueillir les petits bonheurs de la vie quotidienne. D’ouvrir les yeux sur la beauté du monde (la nature – aux vertus thérapeutiques avérées, études à l’appui – est alors d’un grand réconfort). De cultiver les instants d’intensité et de « vivance », à même de survenir jusque dans l’obscurité des épreuves de la vie. L’humour, aussi, est véritablement salvateur. Une étude scientifique menée au Québec auprès de pompiers, suite à de lourdes interventions lors de l’explosion d’un train en 2013 à Lac-Mégantic, a montré que ceux qui avaient été capables d’humour étaient mieux protégés du stress post-traumatique et du burn-out. Même simplement sourire permet également de prendre de la distance, de se « désidentifier » de l’épreuve que l’on traverse. Ilios Kotsou aime citer une étude qui le touche : « En interrogeant des veuves, on a constaté que celles qui parvenaient à sourire en évoquant le souvenir du conjoint étaient celles qui étaient le mieux remises deux ans après. En ne restant pas focalisées uniquement sur leur tristesse, elles se reconnectaient à ce qu’il y avait de fort – à l’amour, au lien. D’où une meilleure récupération. » Cette flexibilité dans les émotions, en ouvrant notre regard, relance une vision créative de l’existence. On peut alors s’aventurer vers cet au-delà de l’épreuve, initiation sur le chemin de vie. Et renaître.
Redevenir auteur de sa vie
Donner du sens à l’épreuve, à la vie qui s’ensuit, est un facteur important de résilience, s’accordent à dire les spécialistes de cette capacité à rebondir. En pleine expansion, l’approche narrative – née en Australie, sous la houlette de Michael White – propose une voie pour se reconstruire, en se réappropriant son histoire, par la narration. On trouve des praticiens narratifs auprès de victimes de traumatismes et d’attentats dans le monde, en entreprise lors de plans de licenciement, etc. Cette approche fait la distinction entre les problèmes et les personnes. Elle considère que chacun possède des talents, des compétences, des valeurs et des engagements, susceptibles de l’aider à traverser l’épreuve du feu. Or, nous avons plutôt tendance, surtout après un revers, à nous focaliser sur le négatif, ce qui contribue à rétrécir notre horizon et à ériger les murs de nos croyances limitantes. L’approche narrative, grâce à l’écoute et au questionnement subtils du praticien, nous apprend à détricoter notre histoire, afin de déployer toute l’étoffe de notre scénario, donc nos ressources. Avec les pratiques narratives, il ne s’agit ni d’inventer ni d’embellir la réalité, mais d’intégrer les nuances de nos expériences, valorisant la richesse du parcours. Cette vision alternative, positive, sur les crises de vie réinsuffle sens et substance à l’existence.
Membre de la société des Explorateurs Français ainsi que des JNE (journalistes écrivains pour la nature et écologie).
Natacha Calestrémé est journaliste, réalisatrice et auteure depuis plus de quinze ans. Spécialisée environnement et santé, elle a démontré sa rigueur scientifique en réalisant 31 films documentaires pour les télévisions françaises et étrangères, dont la collection « Les héros de la nature », des films sur l’autisme, les pesticides et le réchauffement climatique. Grâce à son expe ...
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