Le 4 octobre 2022, le prix Nobel de physique a été attribué à trois physiciens qui ont démontré dans les années 1980 la réalité de l’intrication quantique où deux particules se comportent comme une seule unité, quelle que soit la distance qui les sépare. Bien que pressentie par la physique quantique, cette reliance à distance n’avait jamais encore été prouvée dans la matière.

Après plusieurs décennies de travail, le trio français, américain et autrichien de septuagénaires⁽¹⁾ a franchi un grand pas, auquel Albert Einstein lui-même ne croyait pas. Quelques mois plus tard, l’ethnobotaniste Romuald Leterrier et le journaliste scientifique Jocelin Morisson publient un ouvrage fouillé et vertigineux qui recense les principaux éclairages des peuples racines, des grands courants spirituels mondiaux et de la physique quantique sur l’interconnexion du Grand Tout, intitulé Univers-Esprit : tout est relié (éd. Guy Trédaniel). « Pour comprendre l’intrication quantique, on peut se représenter deux îles qui sont séparées en apparence, mais dont on sait qu’elles sont reliées sous la surface, explique Jocelin Morisson. Ainsi, lorsqu’un tremblement de terre touche une île, l’autre va trembler. » Le lien invisible qui relie les particules de l’expérimentation du trio de physiciens permet l’hypothèse d’un « arrière-monde », un champ d’informations qui connecte ces particules qui nous constituent, ainsi que toute la matière visible.

Cerveau et Cosmos en miroir ?

Qu’en est-il de ce champ d’informations ? Quid de notre reliance au Cosmos et à l’invisible ? Que signifie le « tout ne fait qu’un » que prônent les traditions spirituelles asiatiques depuis plus de 3 000 ans et qu’évoquait déjà Marc Aurèle ? Autant de questions auxquelles l’ouvrage de Jocelin Morisson et Romuald Leterrier apporte un patchwork de réponses et d’hypothèses en cette époque de division et de cloisonnements multiples, mettant en lumière notre reliance au vivant, notre lien indéfectible au Grand Tout. « Lorsqu’on regarde des images de l’espace stellaire et qu’on repère les filaments galactiques et la répartition de la matière stellaire, on est frappé de leur ressemblance avec les neurones d’un cerveau », explique Romuald Leterrier. « Or ce qui jusqu’à maintenant était une simple intuition ou une métaphore est aujourd’hui une théorie scientifique tout à fait à la pointe, à la frontière de la cosmologie et des neurosciences », ajoute-t-il. En effet, en novembre 2020, l’astrophysicien Franco Vazza et le neurochirurgien Alberto Feletti ont publié un article⁽²⁾ dans lequel ils expliquent : « Bien que les interactions physiques dans les deux systèmes soient complètement différentes, leur observation au moyen de techniques microscopiques et télescopiques permet de saisir une morphologie analogue fascinante, au point qu’il a souvent été noté que la toile cosmique et la toile des neurones se ressemblent. » Les similitudes sont nombreuses : le cerveau contient 86 milliards de neurones, tandis que l’Univers observable est composé d’au moins 100 milliards de galaxies ; dans les deux systèmes, 75 % de la masse a un rôle en apparence passif : l’eau dans le cerveau et l’énergie noire dans l’Univers. Les deux scientifiques constatent aussi que la distribution des fluctuations au sein du réseau neuronal du cervelet, sur une échelle allant de 1 micromètre à 0,1 millimètre, suit la même progression que la distribution de la matière dans la toile cosmique, mais à une échelle qui va de 5 millions à 500 millions d’années-lumière.


(...)