Dans notre société, parler de la mort est devenu tabou. Pourtant, s’ouvrir à cette perspective nous aiderait à comprendre à quel point la vie a du sens et peut être joyeuse. Surtout si l’on en croit les dernières recherches scientifiques qui semblent prouver la survie de la conscience. Et si on l’expliquait aux enfants ?
Un « au-delà » enveloppé d’une lumière indescriptible, un bain d’amour... C’est ce que décrivent les millions de personnes qui ont vécu une expérience de mort imminente (EMI). Certaines d’entre elles ont été déclarées cliniquement mortes et sont revenues pour nous raconter, invariablement, la même traversée d’un tunnel au bout duquel se trouve la rencontre avec des êtres de lumière bienveillants...
Des preuves suffisantes ?
Le psychiatre Olivier Chambon affirme que la science des phénomènes périmortels (visions des agonisants, EMI, contacts avec les défunts) tend à montrer qu’il y a près de cent pour cent de chance que la conscience soit indépendante du cerveau. Selon lui, la conscience se servirait « seulement » du cerveau pour interagir avec la réalité du monde ordinaire :
« Quand le cerveau meurt, la conscience, elle, ne meurt pas... C’est presque une certitude scientifique maintenant : on a tellement d’éléments ! »
Avec le Dr Jean-Jacques Charbonier, il a étudié les travaux scientifiques menés ces quarante dernières années sur ce qui se passe juste avant, pendant et après la mort. Selon eux, les études neuropsychologiques les plus récentes valident l’histoire de la survie de la conscience (ou « âme »). Ils s’appuient sur de très nombreux travaux, dont ceux de Nancy Evans Bush, Eben Alexander et Gary Schwartz, entre autres scientifiques ou chercheurs reconnus.
Il est alors approprié de se demander s’il faudrait parler aux enfants de ce qui est le plus vraisemblable, à savoir que la conscience survit après la mort du corps et qu’il existe une conscience individuelle.
« La physique quantique est l’une des branches de la science qui authentifient tout à fait la possibilité de tels phénomènes », explique Olivier Chambon.
La moitié des Français croient que la mort est un néant, alors que la moyenne européenne en faveur de l’extinctionnisme est seulement de 36 %. Autrement dit, nous sommes l’un des peuples les plus sceptiques sur la planète quant à la survivance de l’âme après le décès.
« La peur débute dès l’enfance avec cette incapacité des adultes à répondre à toutes les questions relatives à la mort. Quand un enfant demande ce qu’il y a après la mort, on lui répond que personne n’en est revenu. Mais cela est faux ! », explique avec un sourire l’anesthésiste-réanimateur Jean-Jacques Charbonier. Et selon ce spécialiste, cette croyance sans preuve d’une « mort-néant » nous rendrait en plus malheureux ! Pour ces deux médecins, la conscience crée des champs d’information et d’énergie, puis de la matière et notre réalité…
L’univers serait ainsi une conscience en plein développement, un organisme vivant et non une machine programmée une fois pour toutes. Ce schéma s’est construit sur le nombre impressionnant de gens revenus de la mort, dont le cœur et la respiration se sont arrêtés, et témoignant d’un au-delà ou d’un « royaume de la mort ». Comme le montrent certains cas où le cerveau n’était plus fonctionnel à ce moment-là, la conscience pourrait ainsi ne pas lui être liée ! La très grande majorité – quasiment l’unanimité – des personnes revenues de cet état disent que la mort n’est pas douloureuse, que nos proches décédés nous aiment et nous attendent de « l’autre côté », qu’ils viennent nous accueillir et nous guider lors de ces expériences aux frontières de la mort, heureux de nous voir arriver. Cités merveilleuses, jardins magnifiques… Ce monde de l’au-delà serait bienveillant et accueillant. Ainsi, tout porte à croire, d’après les récits qui en sont faits, que l’âme retournerait à la maison.
« Quand la conscience sort du corps, elle reprend des capacités aux propriétés quantiques ou non locales », avance Olivier Chambon.
« La mort ne confronte pas à l’ombre mais à l’amour, simplement parce que tous les phénomènes périmortels disent que l’univers est aimant et que toute épreuve vécue ici-bas a d’abord été entérinée par l’âme. » Des faits qui redonnent le sourire mais remettent en cause toute notre conception de la vie...
La mort ne confronte pas
à l’ombre, mais à l’amour.
Vers une éducation centrée sur l’amour
Le philosophe Éric Fiat rappelle que l’on peut toujours dire la vérité aux enfants si c’est fait avec tact. Marie Blondeau, consultante-formatrice en accompagnement du deuil et bénévole à la fédération JAMALV (Jusqu’à la mort, accompagner la vie), milite depuis des années pour que l’on « ose » parler de la mort aux enfants ! Déjà, Françoise Dolto, auteure de nombreux ouvrages de psychanalyse sur la question de l’enfance, insistait pour que les adultes ne cachent pas la vérité aux enfants. Entouré de scientifiques, le dalaï-lama a décapé notre conception de la mort au cours de sa visite à l’université de Lausanne (UNIL) en avril 2013, rappelant qu’il faut éduquer spirituellement les enfants.
Il propose d’enseigner ce qu’il appelle une spiritualité séculaire, qui s’adresse aux non-croyants comme aux croyants. Pour le chef spirituel du Tibet, ne pas se préparer à mourir dès l’enfance est une grossière erreur... Dans sa tradition, les différentes étapes après la mort sont enseignées le plus tôt possible, et des exercices spirituels sont même pratiqués pour mieux « sauter » dans l’autre monde.
Il s’agit là de visualiser sa propre mort en se projetant dans ce moment précis où tout se dissout. Cette pratique nous permettrait ainsi de traverser les étapes de dissolution afin d’appréhender la mort comme une amie.
« Lorsque la vie est vécue comme ayant du sens et que nous sommes bien préparés, nous n’avons ni regrets ni peur quand la mort se présente », explique-t-il. Cet état d’esprit vertueux nous libérerait de toute forme d’anxiété et nous permettrait de favoriser notre renaissance, selon les croyances bouddhistes.
Loin de pouvoir être atteints en un claquement de doigts, cette joie de vivre et ce bonheur d’accueillir la mort seraient le travail d’une vie ! Mais comment se libérer de l’angoisse et de la peur de la mort afin d’être en mesure de trouver l’état subtil au moment du passage ?
« C’est le but essentiel de mon ouvrage », répond Jean-Jacques Charbonier.
« Notre méconnaissance et nos conditionnements font que cela semble horrible de parler de la mort. Le jour où on aura la joie de mourir, on aura la joie de vivre aussi ! », sourit le psychiatre Olivier Chambon. Un objectif difficile à atteindre et qu’il convient donc d’enseigner dès le plus jeune âge… En France, nous n’avions pas encore vu de scientifiques parler ainsi aux enfants.
« Il ne s’agit pas de leur raconter des contes de fées, mais de leur parler de la vie et de la mort en s’appuyant sur cette nouvelle science avec conscience qui constitue le nouveau modèle scientifique du XXIe siècle », raconte Olivier Chambon.
Selon lui, pour l’évolution et la survie de la planète, nous devons éveiller les enfants à l’importance des relations empathiques (tolérance, générosité, pardon) afin qu’ils aillent vers une société sans compétition. Dans le conditionnement actuel, les enfants pourraient penser que tout s’arrête avec la mort et il peut alors être difficile pour eux de comprendre la raison de ce court passage sur Terre…
Parler de la survie de la conscience pourrait faire partie de cette éducation, car si l’âme est immortelle et que ce bain d’amour qu’est cet « au-delà » nous enseigne entre deux vies ce que nous avons à faire, alors vivre ici-bas pourrait prendre tout son sens. C’est en tout cas la conclusion qu’en tirent les deux médecins.
Ce qu’on fait sur Terre serait ainsi lié à la façon d’aimer.
« C’est très important que nos enfants sachent qu’ils ont un GPS pour les grandes décisions et pour donner un sens à leur vie. Et ce GPS naturel, c’est leur âme, ou leur conscience individuelle », poursuit le psychiatre. Il n’hésite pas à aller plus loin en disant que si les enfants savent qu’il y a cette âme, ils vont l’appeler, la consulter par des moyens intuitifs ou grâce à leurs rêves.
« Quand les enfants savent qu’ils ont une belle âme qui vivra toujours, leur vie prend tout son sens, et ce sens c’est l’amour. Ils ne vont pas chercher à réussir sur le modèle préformé, sans réfléchir aux conséquences éthiques de leurs actes. » Et les parents auraient tout à y gagner. Si nous pouvions envisager les choses sous un autre angle, nous nous poserions de nouvelles questions. Dans cette optique, est-ce que nos enfants deviendraient des adultes plus épanouis et aimants ? Conceptualiser la mort et la conscience permettrait peut-être d’exorciser les peurs de toute une société.
Quand les enfants savent
qu’ils ont une belle âme qui vivra
toujours, leur vie prend tout son
sens, et ce sens c’est l’amour.