« Et si les enfants pour lesquels nous nous inquiétons le plus étaient en réalité les plus prometteurs ? » Cette question introduit le livre L’orchidée et le pissenlit – Pourquoi certains enfants sont en difficulté et comment tous peuvent s’épanouir de l’Américain W. Thomas Boyce, professeur en pédiatrie et psychiatrie infantile, directeur du département sur le développement du comportement chez les enfants à l’université de San Francisco. Fruit de quarante années de recherche sur le développement infantile, ce livre cherche à explorer pourquoi les enfants sont si différents et s’il existe des chemins prédéfinis qui déterminent leur avenir ou leur bonheur.

Deux types d’enfants sont au cœur de cet ouvrage salué outre-Atlantique : les « pissenlits » et les « orchidées ». Majoritaires dans nos familles et nos sociétés, les enfants pissenlits « démontrent une capacité remarquable à prospérer et s’épanouir presque partout où on les sème », ils sont décrits par l’auteur comme des enfants robustes dont la résilience innée les aide à surmonter les difficultés de la vie.

Les enfants orchidées, comme la fleur dont ils tirent leur nom, « ne poussent pas n’importe où et n’importe comment, explique-t-il. Ils fanent et dépérissent si on ne s’occupe pas d’eux de la bonne façon, mais peuvent devenir des créatures d’une rare complexité et élégance si on les traite avec la compassion et la bonté adéquates. » Leur sensibilité extrême au monde qu’ils habitent, qu’il ne faut pas confondre avec vulnérabilité, est à la fois une bénédiction et une malédiction. C’est pourquoi, vu leur nature émotionnelle et hautement perceptive, ils exigeraient une attention particulière...

Les orchidées et les pissenlits

« Les enfants orchidées qui sombrent et échouent plus facilement que les autres deviennent souvent ceux qui s’épanouissent et réussissent de la façon la plus singulière », affirme Boyce, qui se définit lui-même comme un pissenlit avec des traits d’orchidée et dont la sœur serait selon lui une orchidée pure. Caractérisés par leur sensibilité à fleur de peau aux environnements socio-émotionnels négatifs comme positifs, les enfants orchidées seraient probablement nés avec une prédisposition génétique, mais il existerait aussi très certainement des facteurs épigénétiques, des forces environnementales précoces qui favoriseraient leur floraison. « Les gènes et les environnements sociaux (tels que la famille) ont très certainement une incidence sur les phénotypes des enfants orchidées et pissenlits et c’est leur interaction qui détermine la place où ils se situeront. Les gènes seuls ne font pas d’un enfant une orchidée ou un pissenlit », déclare Boyce, dont les diverses études scientifiques menées soutiennent cette affirmation. Cela signifie que cultiver une orchidée ou un pissenlit serait une question de génétique et d’environnement ou, dans le langage courant, de nature et de culture.

Derrière les batailles et la fragilité des orchidées se trouvent une force insoupçonnée et une beauté rédemptrice. Leur sensibilité intrinsèque qui les rend vulnérables aux aléas de l’existence ferait d’eux des êtres plus réceptifs aux cadeaux que la vie peut offrir. S’il plaide pour un spectre de sensibilités au monde dans lequel chacun a sa place et son rôle, Thomas Boyce espère que ses recherches pourront aider les parents, les enseignants et les soignants d’orchidées. « Faire de nos sociétés un endroit plus sûr et sain pour eux, les protéger des effets pernicieux d’un environnement abusif ou négligent, écrit-il. Ces enfants qui, nous le savons aujourd’hui, ont une sensibilité excessive aux effets sanitaires des agents stresseurs familiaux, des épreuves économiques, d’une éducation excessivement autoritaire [...], d’une exposition à la violence, à la maltraitance et à la négligence. »


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