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7
questions
pour
décrypter
l'hypnose

L’hypnose est un outil qui fascine. Mercredi 3 novembre 2010, l'INREES vous propose de découvrir tous les secrets de cette vieille technique de soin et de psychothérapie. Sa nature, ses conditions d’usage mais aussi ses limites seront présentées lors de cette conférence. Avant cette grande soirée décryptage, l'INREES vous propose quelques pistes de réflexion à travers un jeu de questions réponses avec Antoine Bioy, psychologue clinicien et hypnothérapeute, auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la question.
7 questions pour décrypter l'hypnose
Santé corps-esprit

Tout le monde peut-il pratiquer l’hypnose ?


Comme nous l’avons dit, l’hypnose n’a rien de magique et permet de recréer un état de conscience universellement connu à un moment où le sujet n’a pas l’idée de l’utiliser. Les techniques qui permettent cela, comme celles permettant d’effectuer un travail thérapeutique spécifique lorsque le patient est en état hypnotique, peuvent donc être apprises par tous. L’hypnose n’est pas un « don » ou « un pouvoir » réservé à une élite. Cependant, l’hypnose agit à la fois sur des données physiques et psychiques et mobilise le patient (comme le soignant) à tout niveau : affectif et cognitif. Il est donc important et même impératif que l’hypnose, outil puissant du soin pouvant avoir des effets psychothérapeutiques comme physiques, soit utilisée par un professionnel de la relation d’aide : personnel médical, paramédical ou psychologue. En effet, comme toute technique, l’hypnose va s’inscrire au sein d’une activité déjà existante et prend place dans un corpus de connaissances donné. Une infirmière par exemple peut l’utiliser dans le cadre des gestes propres à sa profession, et l’utilisera selon son savoir en accompagnant son patient comme elle sait le faire en d’autres circonstances. Il est par ailleurs important que seuls les professionnels du soin utilisent l’hypnose dans ce cadre, car leur pratique est encadrée par des règles législatives, éthiques et déontologiques propres, ce qui garantit la plupart du temps au patient un certain sérieux de pratique et un respect de ses droits fondamentaux quant à ce qui lui est proposé.


Quelle est la différence entre hypnose et sophrologie ?


Nous avons dit que l’hypnose a donné naissance à de nombreuses disciplines (psychothérapies, psychanalyse…). Elle a également donné naissance à d’autres pratiques dérivées, dont la sophrologie fait partie. La seule différence est que pour cette dernière pratique, les techniques hypnotiques utilisées le seront dans le cadre d’une conceptualisation d’inspiration orientale. Citons également la relaxation, le training autogène, l’EMDR comme étant des techniques dérivées de l’hypnose. Elles sont des applications plus restreintes que l’hypnose, mais tout aussi opérantes et intéressantes à découvrir, et parfois plus pointues pour telle ou telle situation (ainsi, la relaxation est officiellement recommandée comme traitement de fond des enfants migraineux).


Quelle différence existe-t-il entre l’hypnose appliquée au soin et l’hypnose de spectacle ?


La première différence est bien sûr l’objectif. Dans un cadre, il s’agit de soigner (au sens de prendre soin) d’un individu, et dans l’autre de créer un amusement souvent aux dépends de ce dernier… Au-delà de ce fait, l’hypnose de spectacle joue sur un ressort particulier : la peur. Parce que j’ai peur de ce qui peut m’arriver sur scène, je vais décider de me déconnecter totalement de la réalité et de m’en remettre à tous les ordres qui me seront donnés par l’hypnotiseur. Ainsi je pense pouvoir m’extraire de la situation et ne plus être responsable de rien, ce qui me déculpabilise de ce que je vais faire. À côté donc de la question éthique de l’usage de l’hypnose dans le spectacle, il existe une différence de méthode : dans le cadre du soin, on reste permissif et très vigilant à préserver le libre arbitre du patient, et on stimule ses ressources internes ; dans le cadre du spectacle, on agit de façon autoritaire jusqu’à faire croire que l’on prend possession de l’autre sans mesure de l’expérience traumatique que cela peut créer.


Le patient hypnotisé est-il conscient ?


L’hypnose est un état modifié de conscience. Le patient continue donc à percevoir tout ce qui se passe mais de façon différente. Il peut focaliser sur tel ou tel élément (un bruit, un son, une image, un point, etc.) et ainsi accorder moins d’importance à d’autres éléments, peut choisir de s’extraire totalement de la situation (plonger dans un souvenir par exemple, comme s’il rêvait) ou ne connaître qu’une transe dite légère, c’est-à-dire quelque chose très proche de son état conscient habituel. La profondeur de la transe n’est pas corrélée avec l’efficacité de l’hypnose : on peut être dans une transe légère et connaître un fort soulagement ou être plongé dans une transe très profonde sans incidence sur le symptôme. Le niveau de transe est un simple comportement propre à chacun face à la proposition d’entrer en hypnose. De même l’amnésie posthypnotique est extrêmement rare et là encore relève d’un « choix » du patient. Souvent cependant, les patients ont du mal à se souvenir de tout ce qui aura été dit. Ils le peuvent au prix d’un effort de mémoire, mais vivent le plus souvent la transe hypnotique comme un moment de contrôle et de bien-être total, sans avoir besoin d’aller chercher le détail de la séance.


Est-on sous l’emprise de l’hypnopraticien ?


Contrairement aux représentations communes, le patient garde son libre-arbitre sous hypnose. Bien souvent malgré les apparences, c’est lui qui décide de rentrer en hypnose ou non et du moment où il souhaite en sortir. Et on ne peut pas être « bloqué » en état hypnotique, on finit toujours par revenir à son propre rythme ! Ce libre-arbitre fait que le patient ne dit ou ne fait que des choses qu’il aurait pu dire ou faire dans d’autres circonstances. Cependant, l’hypnose donnant la part belle aux processus automatiques et inconscients, les résistances à dire ou faire sont moindres, ce qui facilite le travail thérapeutique et en accentue les effets. Une question annexe souvent posée est de savoir si l’on peut être dépendant de l’hypnose. La réponse est non, bien que l’état hypnotique soit le plus souvent très confortable ! Les individus y ont simplement recours lorsqu’ils en ont besoin, ce rythme pouvant être plus ou moins élevé. L’apprentissage de l’auto-hypnose favorisant par ailleurs une grande autonomie vis-à-vis des techniques employées. Parfois, des mouvements relationnels forts donnent l’impression d’une forme de dépendance non à l’hypnose mais à l’hypnopraticien. Mais ces mouvements se produisent majoritairement dans le cadre d’une hypnothérapie, et font partie de la prise en charge psychothérapeutique globale menée par un psychologue ou un psychiatre dûment formé qui saura les prendre en charge et les inclure « au traitement ».


Combien de temps dure généralement une séance d’hypnose ?


La durée d’une séance est très variable. En pratique soignante, et lorsque l’hypnose est utilisée seule (gestion de l’angoisse par exemple), généralement une vingtaine de minutes sont nécessaires. Cependant, si l’hypnose accompagne un soin (réfection de pansement avec MEOPA et hypnose), la durée sera fonction de ce soin. En situation d’urgence ou si le patient a déjà un certain entraînement à la technique, il suffit le plus souvent de quelques minutes (cinq à dix minutes en tout). Seule la pratique hypnothérapeutique exige un temps plus long (entre quarante et soixante minutes). Notons enfin qu’à l’instar des autres techniques s’inscrivant dans une relation d’aide, ce n’est pas le temps passé qui est important mais la qualité d’écoute, de présence et de disponibilité.


Peut-on faire du tort au patient avec l’hypnose ?


Pour plusieurs raisons, non. La première raison est que le patient gardant son libre arbitre, il n’acceptera pas tout et n’importe quoi mais seulement ce qu’il pense aller dans le sens de ce qu’il souhaite pour lui. Également, le patient « ajuste » la séance à ce qu’il vit. Ainsi, si l’on se trompe et veut induire une anesthésie du bras droit alors que c’est le bras gauche qui est souffrant, le patient rectifiera de lui-même le plus souvent, sauf s’il a de bonnes raisons de vous mettre en position d’échec… Également, si vous proposez au patient de revisiter un souvenir de vacances parce que c’est ce que le patient souhaitait initialement mais qu’il se trouve finalement plongé dans un souvenir de travail, cela a peu d’importance. Le patient « entendra » ce qui peut l’aider dans son exploration actuelle et ne prêtera pas d’attention à tous les détails de vacances qu’on lui propose… La seconde raison au fait que l’on ne peut pas faire de tort à un patient est qu’encore une fois, l’hypnose n’a rien de surnaturel, n’est pas un pouvoir ou un don, et n’agit pas non plus comme un médicament. C’est un outil qui s’adapte au patient, à son désir, et qui va toujours dans le sens de ce qui lui semble profitable, même si parfois pour ce patient-là l’échec est ce qui est souhaité (il peut par exemple avoir trop peur du lâcher prise pour accepter ce qui est proposé). Le tout est de savoir accueillir tout ce qui vient du patient avant, pendant et après l’hypnose, et qui s’apprend en même temps que les techniques d’hypnose durant les formations.
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