On connaît l’aide que procurent au corps les huiles essentielles, véritables
soutiens pour la guérison. Moins connues sont leurs vertus spirituelles, qui
font d’elles des médiatrices entre ciel et terre.
C’est en Égypte que prend naissance l’une des voies sacrées de l’onction. Les pharaons étaient oints avec de l’huile lors de leur couronnement – le mot pour ces gommes d’encens qui étaient dissoutes était
sntr, de
sonter qui veut dire « odeur divine ». De même, les dieux Osiris et Thot jugeaient les morts à leur odeur, et c’est pour cela que les momies étaient embaumées à l’aide d’encens et d’huiles, pour que l’âme soit « bien » évaluée. Les prêtresses inspirées par Isis et Athor enduisaient les statues d’huile pour faire entrer le divin dans la pierre et incarner celui-ci auprès des hommes.
Dans l’Antiquité, les myrrhophores étaient des prêtresses dédiées aux onctions, elles portaient un flacon d’albâtre renfermant leur mélange d’huiles sacrées. Myrrhe, encens, galbanum, nard... un ensemble de plantes et de résines dont elles seules avaient le secret, transmis oralement pendant des siècles. Ces prêtresses officiaient partout dans le bassin méditerranéen, mais on en retrouve trace aussi en Inde et en Europe du Nord, car elles voyageaient beaucoup. On peut d’ailleurs lire dans la Bible, dans le livre de l’Exode, une recette d’huile messianique dont a été enduit le Christ, nom qui vient du grec
kristos et qui signifie « celui qui est oint ». Certains disent que Marie-Madeleine était une myrrhophore, de l’ordre de Madeleine, car elle oignit les pieds du Christ avec de l’huile sacrée. C’est le précieux mélange entre la matière huile qui se met sur la peau et l’odeur de la plante qui se dégage au moment du soin qui crée la magie. Aujourd’hui, quelques thérapeutes très intuitives et fortes de nombreuses années d’expériences pratiques utilisent les huiles essentielles à des fins spirituelles, pour éveiller l’individu à plus grand que lui. Une voie pour découvrir des parties inconnues de soi-même, celles qui peuvent nous faire avancer et nous relier au divin qui est en nous.
Odeur de sainteté
De tout temps et dans toutes les civilisations, l’encens et la fumigation de plantes ont été utilisés lors de rituels et de cérémonies religieuses. «
La fumée est non seulement l’expression symbolique des forces invisibles de l’esprit montant vers le ciel, mais elle contient aussi des substances biochimiques qui agissent directement sur le système nerveux », explique Jutta Lenze, spécialiste en aromacologie. Respirer ces effluves peut induire des états modifiés de conscience guidant l’homme vers de nouveaux chemins de compréhension. Ainsi, la Bible est parsemée de passages expliquant les effets de l’onction, l’huile sainte qui est répandue tant sur les stèles et les édifices sacrés que sur les personnes et leur permet un changement d’état. L’objet devient sacré, l’humain est béni et a accès à d’autres niveaux spirituels se rapprochant du divin. L’huile permet la « descente » de Dieu dans la matière. Pendant des siècles en Europe et même sous l’égide de l’Église catholique, on utilisait l’onction pour les malades, jusqu’à l’extrême-onction au moment de la mort, que le prêtre déposait sur le front en faisant une croix. D’une certaine manière, c’est comme si l’odeur était un intermédiaire : «
Les parfums et huiles aromatiques jouaient un rôle majeur dans la médiation entre l’homme, son âme et Dieu. Le souffle de la prière avait besoin d’un véhicule afin d’atteindre l’oreille de Dieu », poursuit Jutta Lenze.
Ainsi, les aspirations humaines simples et terrestres seraient transcendées et l’élan véritable de l’âme pourrait être traduit de manière légère vers les hautes sphères divines, sans la lourdeur des mots. En latin, âme (
anima) et souffle (
anemos) ont d’ailleurs la même origine, l’élément air est donc le plus à même de transporter, et l’huile de sanctifier, pour accompagner l’être dans l’au-delà. Enfin, inhaler des senteurs fortes permet de nous relier instantanément aux champs subtils, parce que le nerf olfactif est reconnu pour être une porte vers le spirituel. «
L’odorat est le seul de nos sens qui a une voie d’accès directe au cerveau émotionnel, le cerveau limbique, grâce aux bulbes olfactifs qui se trouvent dans nos parois nasales et qui sont directement reliés à lui. Avec l’olfaction, le cortex, la volonté et le mental sont court-circuités. Cela permet de travailler en profondeur, d’accéder à de nouvelles ressources, de créer de nouveaux schémas de fonctionnement, de transformer ce qui doit l’être sans que nos résistances habituelles se déclenchent, car le mental n’est pas sollicité », explique Solange Cousin, aromatologue. Ainsi, il est possible d’accéder à des soins émotionnels et psychologiques grâce aux odeurs, et d’ouvrir des voies bloquées, d’aider à la compréhension de soi.
Respirer ces effluves peut induire des états modifiés de conscience guidant l’homme vers de nouveaux chemins de compréhension.
La croisée des chemins
Mais la possibilité qu’offrent les huiles essentielles d’aller à notre rencontre et de nous soutenir ou de créer des opportunités d’ouverture en nous dépasse le terrain de l’olfactologie. Leur connexion est également due à leur signature énergétique, les plantes ont connu les éléments (air, terre, eau, soleil) et se sont gorgées d’eux. En allemand, on nomme les huiles qu’elles produisent les « huiles éthérées » (
Ätherische Öle) car elles appartiennent au cinquième élément, d’où leur position de médiation. Chez nous, elles sont « essentielles », ce qui relève de l’essence, du profond, du principal. Elles ont un taux vibratoire qui peut nous aider à élever le nôtre. Nathalie Marin, qui pratique les soins esséniens et qui utilise les huiles essentielles depuis 30 ans, explique : «
Une huile essentielle, c’est comme une personne avec ses traits de caractère, ses points dominants, faibles ou forts. Par leur composition qui est d’une grande diversité, elles se rapprochent de nos complexités. (...)