Atteint d’un cancer, Guy Corneau
a mobilisé toutes les ressources
des médecines conventionnelle
et alternative. Après neuf mois
de traitement, il était en rémission. Témoignage.
Avril 2007. Je ne comprends pas pourquoi la
maladie me frappe à nouveau. Très longtemps,
j’ai souffert d’une colite ulcéreuse qui a failli
me coûter la vie. Je suis surpris d’être de nouveau si mal.
C’est lorsque mes cheveux commencent à tomber, après le
début de la chimiothérapie, que je réalise vraiment ce qui
m’arrive. J’essaie alors de comprendre. Une idée me guide :
la maladie exprime l’intelligence même de mon organisme
qui cherche à s’équilibrer. Si je suis malade, c’est parce que
mes capacités d’autoréparation sont submergées.
Qu’est-ce qui, dans ma vie, a pu mener à cela ? Je viens
de terminer un livre dont je suis très satisfait, je suis un
psychanalyste renommé au Canada, qui anime une émission
de télévision et j’ai fondé l’association les Productions Coeur.com,
qui regroupe thérapeutes et artistes. J’aide les autres à se
comprendre eux-mêmes, et à comprendre le monde qui
les entoure. Considérée de l’extérieur, ma vie est très créative.
Que se passe-t-il ?
Je trouve un élément de réponse lorsque je repère en moi
les contours de la carapace que j’ai créée pour avancer
dans la vie. Il s’agit d’une sorte de personnalité qui se
construit en nous pour répondre aux heurts et aux blessures
de l’existence. Si vous vous sentez rejeté dans votre
famille, vous pouvez, pour être accepté, devenir celui ou
celle qui écoute tout le monde. Vous trouvez un rôle qui
vous permet d’avoir de la reconnaissance. Enfant, le fait
d’être reconnu apaise nos angoisses profondes comme la
peur de ne pas exister. Nous nous mettons de côté pour
nous adapter aux demandes et aux besoins des autres et de
nos parents. Dans cet acte, il y a une division d’avec soi-même.
C’est un drame qui arrive à la plupart des enfants.
Bio express
Psychanalyste diplômé de l’Institut Carl Gustav Jung de Zurich, Guy Corneau est l’auteur de plusieurs best-sellers. Il est le créateur des Productions Cœur.com et l’initiateur du Réseau Hommes Québec dont la formule s’est répandue en Europe francophone. Il intervient régulièrement à la télévision québécoise et a animé pendant quatre ans sa propre émission Guy Corneau en toute confidence sur les ondes de Canal-Vie.
Coupé de mon énergie vitale
Au début, la carapace est molle. Cette personnalité permet
de parer les coups, mais elle est centrée sur la crainte
d’une répétition d’expériences désagréables comme le
rejet ou l’abandon. Dès qu’une situation rappelle le passé,
la peur entre en jeu, une sonnette d’alarme résonne,
qui dit :
« Ne dépasse pas les limites de ta personnalité car
au-delà, tu n’es plus en sécurité. » Cette personnalité
contrainte engendre des états intérieurs ternes, tristes.
Cette tristesse parle de la joie de l’enfant qui a été laissée
de côté pour survivre.
Dans cet écart entre ce que vous êtes profondément et
cette personnalité s’installe la possibilité d’une maladie
ou d’accidents – des tentatives de la nature pour défaire
la structure qui s’est sclérosée et ne permet plus le mouvement
de la vie. Car elle vous coupe du cœur du réacteur :
votre force créatrice. Ces problèmes sont d’abord affectifs,
puis deviennent nerveux – se traduisant par de grandes
fatigues, comme cela a été mon cas – et enfin physiques.
En ce qui me concerne, mes passions étaient l’art, le
théâtre, la danse. Mes parents ont découragé cette vocation.
Je ne leur en impute pas la faute. Ce qui m’intéresse,
c’est le constat : se couper de ses sources créatrices génère
de graves problèmes. À l’époque où ma maladie s’est
exprimée, je menais trois existences en une, avec beaucoup
de contraintes, et pas assez de temps pour me ressourcer.
Surtout, ma créativité se bornait à un cadre trop sérieux
par rapport à ce que je suis réellement – une nature poétique,
contemplative, artistique, introvertie, qui a besoin
de solitude et de s’exprimer dans l’art. Ce qui souffrait,
c’était la part vraiment subjective de moi-même, celle
qui veut créer, explorer, se tromper, s’amuser. Bref, mon
masque social, ma
persona, pour reprendre la terminologie
de Jung, était en train de bloquer mon énergie vitale.
(...)