À l’origine, chez les Grecs, la médecine était associée à la philosophie. Combiner les réflexions sur le sens de la vie avec le soin apporté au corps allait de soi, mais les chemins se sont ensuite séparés.
La médecine occidentale se dit héritière d’Hippocrate, dont les médecins prêtent le fameux « serment » avant d’exercer à la fin de leurs études. Les Grecs avaient érigé la médecine au rang d’art
technê (une technique avec ses limites). Issue de la philosophie, elle était à la fois très pratique et sujette à interrogation. Le mathématicien Pythagore, vers 580 av. J.-C., avait fondé une école de philosophie reposant sur le savoir, il est l’un des premiers à avoir séparé la médecine de l’exercice de la magie. De cela nous avons l’héritage, une forme de pensée qui s’accroche à la démonstration et à la rationalité, même si Pythagore associait le corps aux quatre éléments présents dans la nature. Il conservait une forme d’intelligence du vivant, avec son lien logique et irrépressible à la nature et une humilité que nous avons perdue aujourd’hui.
Pythagore utilisait également la médecine « incantatoire », c’est-à-dire qu’il soignait avec des chants divins, car il croyait fermement en la connexion âme/corps. Il est enfin à l’origine du lien psychosomatique entre les maladies et la psyché, puisque l’âme – qui est la vie – doit être en harmonie avec toutes les propriétés du corps.
Hippocrate de Cos
Presque contemporain de Pythagore, le célèbre Hippocrate (460-377 av. J.-C.) a fondé l’école qui a révolutionné la médecine en Grèce et nous influence encore aujourd’hui, en s’appuyant notamment sur l’observation clinique et en créant une éthique pour les médecins. Le neurologue Philippe Niclot rappelle qu’«
à une époque où ce qui survient à l’intérieur du corps humain est invisible et pour longtemps inaccessible, alors que la thérapeutique est balbutiante, la médecine hippocratique est faite d’humilité ».
La médecine d’Hippocrate pourrait se résumer aux principes suivants :
- abnégation et dévouement au malade ;
- administration de soins dans son unique intérêt ;
- refus des traitements spectaculaires et inutiles ;
- soulagement de la souffrance ;
- respect de la vie humaine ;
- discrétion concernant la vie privée ;
- ne pas s’obstiner à soigner ce qui est jugé incurable (par peur notamment d’y perdre sa réputation).
Enfin Platon, également de cette époque, apportait un soin particulier à l’étude de la médecine dans ses réflexions philosophiques. Déjà, l’idée que le vivant s’étudie de manière parcellaire est comprise dans sa séparation de
pneumatikos (esprit),
animus (âme) et
soma (corps).
Les 4 principes d’Hippocrate
PREMIÈREMENT, être utile, ou au moins ne pas nuire.
DEUXIÈMEMENT, combattre le mal par son contraire.
TROISIÈMEMENT, mesure et modération.
QUATRIÈMEMENT, chaque chose en son temps.