S’il y a bien un domaine qui exige d’avoir accès à des informations tangibles, c’est celui des investigations policières. Que penser du fait que des centaines de services de police dans le monde font appel à des voyants ?
Perceptions
Gilles Paire / Triff
En 1947, un employé d’une compagnie de gaz hollandaise disparaît sans laisser d’indice détectable par la police. Gérard Croiset, réputé pour son mystérieux sixième sens et surnommé « l’esprit aux rayons X », est contacté. On lui présente la casquette de l’homme sans lui donner de détail sur la situation – le voyant ne voulait jamais en savoir trop, pour ne pas que cela interfère avec ses propres perceptions. Il se concentre et déclare voir un homme dans un état de grande nervosité. « A-t-il volé ? Je sens qu’il a dû être entraîné dans une escroquerie. Je le vois enfourcher une bicyclette. Il porte son pantalon de travail et une veste bleue. Il se dirige vers la ville de B. sur une route bordée de poteaux blancs. À sa gauche, je vois un bois de sapins. Il s’arrête là », décrit-il.
Il hoche tristement la tête et annonce que l’homme n’est plus en vie, qu’il s’est pendu à un arbre. Deux jours plus tard, la police trouve le cadavre de l’homme à la casquette, portant un pantalon de travail et une veste bleue, pendu à un arbre à l’endroit indiqué par le voyant hollandais. « L’enquête révéla que l’employé du gaz s’était rendu coupable d’activités frauduleuses à son bureau », complète J. H. Pollack dans son livre Les Yeux du miracle.
De nombreux dossiers de police et articles de journaux indiquent que Gérard Croiset, un simple épicier au départ, a collaboré avec les forces de l’ordre de plusieurs pays d’Europe et des États-Unis. Il a également été testé par des experts en parapsychologie dont le respecté Pr Willem Tenhaeff. La renommée du « cerveau-radar » ou du « sorcier d’Utrecht » était telle qu’il a reçu des lettres d’Amérique avec pour seule adresse « Le fameux voyant de Hollande », ou d’Asie avec « Croiset, Europe ». Et bien qu’au cours de ses quelque 20 000 séances – privées ou officielles –, il n’ait évidemment pas toujours eu raison, « les cas de Croiset se rangent parmi les plus éclatants dans l’histoire de la recherche psychique », conclut J. H. Pollack.
Une longue histoire
Le recours à des personnes extrasensibles pour retrouver des disparus, des objets ou dénouer des crimes n’a rien de nouveau. La Bible retrace les aventures de Saül, envoyé par son père à la recherche de ses ânes, qui finit par faire appel à un voyant. Depuis, nos archives rapportent nombre d’histoires de « psis » qui auraient participé à la résolution d’énigmes. En juillet 1692, un marchand de vin et sa femme sont brutalement tués lors d’un cambriolage à Lyon. Dans La Physique occulte, Pierre Le Lorrain de Vallemont raconte comment Jacques Aymar, un paysan sourcier, reconstitue grâce à ses baguettes l’itinéraire des assassins jusqu’à Beaucaire. Là, il s’oriente vers un individu qui vient d’être arrêté pour un petit larcin. Ramené à Lyon, ce dernier avoue son crime et dénonce ses complices en fuite. Cependant, c’est véritablement à partir du XIXe siècle que ces collaborations entre les psis et la police sont mieux documentées… et étudiées.
Des ententes officieuses, tout du moins discrètes
Aujourd’hui, les cas de collaboration entre des services de police et des extrasensibles en tout genre se comptent par milliers. Souvent officieuses, ou tout du moins discrètes, ces ententes laissent toutefois des traces écrites dans les dossiers. Ainsi, la liste des « psis détectives » des derniers siècles compte au bas mot une centaine de noms – dont ceux de Noreen Renier et Pam Coronado, particulièrement sollicitées ces dernières décennies. Comment expliquer que les forces de l’ordre de notre culture – la plus rationnelle que l’humanité ait connue – aient recours à la parapsychologie ? Une efficacité empirique pourrait avoir forcé son utilisation. Le bulletin d’information criminelle du département de la justice de Californie publie en 1979 un article sur « L’utilisation de voyants dans l’application de la loi ». Il stipule qu’« un extrasensible talentueux peut vous assister à localiser la zone géographique où se trouve la personne disparue, réduire le nombre de pistes sur lesquelles vous concentrer, mettre en avant des informations qui ont été négligées, ou vous donner des informations jusque-là inconnues ».
Plus encore, ce sont parfois les policiers eux-mêmes qui se découvrent un flair surprenant. « Il existe de nombreux rapports documentés montrant que les officiers de police ont résolu des cas de manière manière intuitive », écrivent Arthur Lyons et Marcello Truzzi dans The Blue Sense. Les services de renseignement sont même allés plus loin en créant des programmes d’exploitation des ressources extrasensibles. Le plus connu fut lancé au début des années 1970 par la CIA. Il utilisait un protocole de vision à distance ou remote viewing. Renommé « Stargate », et basculé vers la DIA (Defence Intelligence Agency), il sera soutenu jusqu’en 1995. La déclassification des documents rendit publique une étude réalisée par Ed May en 1989 sur près de 25 000 sessions, et qui indique qu’« il y a moins d’une chance sur plusieurs trillions que les résultats soient dus au hasard », rapporte Jocelin Morisson, auteur de La Voyance.
Un outil imprévisible
Seulement voilà : tout n’est pas si simple. D’un côté, les voyants sont parfois fatigués ou perturbés par leurs résonances affectives, leurs analyses mentales. Ils peuvent se tromper. Ils ont aussi des spécificités : John Catching, du Texas, était réputé pour retrouver les cadavres, Greta Alexander, de l’Illinois, les victimes noyées… De plus, ces extrasensibles peuvent capter des informations pertinentes mais qui ne présentent aucun intérêt pour la résolution de l’énigme ! Pour illustrer ce propos, le Pr Tenhaeff rapporte le cas d’une femme qui, désireuse de retrouver la broche de sa grand-mère, consulte un voyant. Celuici lui décrit en détail une armoire. La consultante y trouve une photo de son mariage où elle porte le bijou de manière visible. Consulté à nouveau, le voyant donne une quantité de détails sur la grand-mère, dont la précision déconcerte la femme mais n’indique rien sur l’endroit où se trouve la broche !
Par ailleurs, en collaborant avec des extrasensibles, les services de police s’exposent à la critique : ne sont-ils pas capables de résoudre le cas par eux-mêmes ? Comment peuvent-ils utiliser des moyens aussi irrationnels ? Ils sont aussi fréquemment contactés par des voyants plus ou moins crédibles. Comment faire le tri ? Les enquêteurs partent parfois sur de fausses pistes. Confrontés à ces difficultés, les policiers qui acceptent ce genre de collaboration travaillent plutôt avec les voyants qu’ils connaissent ou avec des associations d’extrasensibles ayant fait preuve d’une exigence pratique. Parmi elles : le Psychic Detective Bureau ou US Psi Squad, PsiCom, les Professional Psychics United, la Mobius Society cofondée par Stephan Schwartz ; en France, l’entreprise IRIS Intuition, dirigée par Alexis Champion.
La nécessité d’un cadre de travail
Arthur Lyons et Marcello Truzzi affirment qu’il est évident que les services de police vont continuer à avoir recours aux extrasensibles. « La question centrale doit être : comment pouvons-nous améliorer cette situation ? », s’interrogent-ils. D’après les auteurs, plutôt que de s’opposer, les approches rationnelles et extrasensibles ont tout à gagner à travailler main dans la main. Cette volonté fut exemplifiée dans un mémo proposé par Donald Burnett, chef de la police de Pomona, en Californie, en 1981. Il souligna qu’il était nécessaire d’établir un cadre de travail permettant d’optimiser ces collaborations.
Le Pr Tenhaeff – qui a suivi les performances de Gérard Croiset pendant des décennies – avait déjà souligné que plus les extrasensibles sont soutenus par des protocoles scientifiques, plus ils gagnent en précision.
Titulaire d'un Master de philosophie, de diplômes de thérapie psycho-corporelle et d'homéopathie (Grande-Bretagne), Miriam Gablier s'intéresse particulièrement au potentiel humain et à l'intelligence du vivant.
Ses enquêtes sur les thérapies, la psychologie, la philosophie, la spiritualité et les sciences du vivant, lui permettent notamment de traquer les données se rapportant à la notion de conscience et à la relation corps-esprit.
Miriam Gablier est auteure de Les mystères de la conscience ...
À
retrouver
dans
Inexploré n°33
Intuition
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