Christiaan van Heijst, pilote de ligne chevronné et photographe émérite,
prend au sérieux le phénomène ovni depuis les déclarations fracassantes
de la Navy américaine. En recueillant des témoignages confidentiels,
il s’engage à révéler la vérité sur ce que vivent bon nombre de pilotes
commerciaux…
Comment est né votre intérêt pour le phénomène ovni ?
Je suis tombé sur les interviews du commandant David Fravor par hasard, via un extrait du podcast de Joe Rogan. Au départ je voulais « débunker », discréditer le sujet, mais j’ai vite compris que c’était sérieux et cela m’a amené à revisiter certaines observations que j’avais moi-même vécues. C’est un sujet qui reste stigmatisé et je pense que de nombreux pilotes n’ont tout simplement pas connaissance de ces informations. Suite à des interviews que j’ai données, plusieurs pilotes m’ont contacté pour me raconter leurs propres observations. J’envisage de rassembler ces témoignages et peut-être de créer une base de données pour être sûr qu’ils soient accessibles. Je travaille avec une start-up américaine, Enigma Labs, qui conçoit
une application pour les pilotes, que d’autres personnes pourront utiliser pour enregistrer les observations de PAN [phénomènes aériens non identifiés, NDLR].
Environ un quart à un tiers des pilotes commerciaux ont déjà fait l’expérience d’une observation inexpliquée, dites-vous ?
C’est la proportion que je retiens après environ vingt années de vols commerciaux. Ce n’est pas un sujet dont nous parlons facilement entre pilotes, mais c’est l’évaluation que j’ai pu faire : près de 30 % des pilotes sont ouverts au sujet et admettent qu’ils ont vu quelque chose.
Suite à la couverture médiatique aux États-Unis, les pilotes semblent plus enclins à parler de leurs observations. Est-ce moins le cas en Europe ?
Oui, je pense qu’en Europe, la stigmatisation reste plus forte, même si elle s’est en quelque sorte imposée d’elle-même. Les pilotes européens pensent que les ovnis, les PAN, sont un « truc » américain, un « truc » pour Hollywood, et ne s’y intéressent pas vraiment. Aux États-Unis, les pilotes craignent surtout pour leur évaluation médicale, car la FAA peut annuler leur licence pour raisons psychologiques. Pour ma part, j’ai vécu quatre observations inexpliquées, et toutes se sont produites sur le territoire européen. Certains des pilotes qui m’ont contacté ont vécu leurs observations aux États-Unis, y compris des pilotes européens, d’autres en Europe, en Asie, etc. C’est mondial.
Qu’avez-vous vu ?
En 2005, au-dessus de l’Allemagne, j’ai vu une boule de lumière blanche tomber verticalement à travers les nuages à très grande vitesse. J’étais copilote et le commandant de bord l’a aperçue comme moi. J’ai observé le même type de phénomène en 2009 au large des côtes grecque et albanaise ; la boule de lumière est tombée verticalement et a semblé disparaître dans l’Adriatique. Il n’y avait aucun nuage cette fois. À noter que le porte-avions nucléaire USS Theodore Roosevelt était alors en mer dans cette zone avec d’autres bâtiments de la flotte stratégique américaine. En 2005, après un atterrissage sur l’île de Mykonos dans un Fokker 50, pendant la manœuvre au sol,
nous avons vu une lumière brillante très haut dans le ciel, qui s’est déplacée très rapidement, a disparu puis réapparu trois fois de suite. C’était une vitesse instantanée, sans accélération progressive. Enfin, en janvier 2010, sur un vol vers Malaga en Andalousie, nous avons vu loin devant nous un objet de forme rectangulaire, ou en « cigare », aux bords arrondis, qui a semblé immobile pendant une heure. Il était impossible d’estimer son altitude ou sa taille. Le trafic aérien nous a affirmé qu’il n’y avait aucun appareil dans la zone, ni aucune activité militaire, aucun ballon météo ou autre. J’ai photographié cet objet et les images sont en cours d’analyse, mais elles ne montrent aucun trucage, ce que je savais déjà !
Quels sont les témoignages les plus étonnants que vous avez recueillis auprès de collègues pilotes ?
De nombreux pilotes m’ont contacté après que certaines de mes photos sont devenues virales. L’un d’eux m’a notamment raconté que lors d’un vol entre l’Europe et l’Afrique du Sud, ils se trouvaient au-dessus de l’Afrique en pleine nuit quand soudain ils ont été dépassés, juste au-dessus d’eux, par un groupe de lumières, entre douze et vingt, comme un essaim large de quelques kilomètres, qui semblait les ignorer complètement et s’est éloigné devant eux sur la même trajectoire. Ce pilote est un collègue très respecté et j’ai compris que beaucoup n’osaient tout simplement pas en parler. On m’a rapporté une autre observation au-dessus du golfe de Gascogne : des pilotes d’un vol commercial ont vu un objet métallique se positionner autour de leur cockpit, puis se déplacer devant et sur le côté, pendant dix à quinze minutes. Les deux pilotes l’ont vu et ont même appelé un steward pour confirmer qu’il ne s’agissait pas d’une hallucination ou d’un problème d’oxygène. Ce cas remonte aux années 1980 ou 1990. D’autres collègues m’ont dit que, lors d’un vol à bord d’un petit avion au-dessus des États-Unis, ils ont eux aussi été doublés par des boules lumineuses qui sont passées à côté ou sous l’avion à grande vitesse.
Existe-t-il des procédures, nouvelles ou anciennes, pour déclarer des observations dans l’aviation civile ?
Il n’y a pas de procédures spécifiques aux observations de PAN, mais simplement relatives à la sécurité. (...)