Selon Descartes, l’approche
scientifique consiste à faire
« table rase » et à
« abandonner
les croyances des choses qui ne sont
pas entièrement certaines et indubitables
afin de ne pas passer à
côté d’une possibilité ». Alors, que
savons-nous avec certitude de l’histoire de l’humanité
? Une suite de découvertes archéologiques et
de déductions a amené les experts de notre société
à poser quelques dates clés sur ce que l’on nomme
la préhistoire humaine.
De -10 000 à -6000 : mésolithique des derniers chasseurs-
cueilleurs. Les hommes sont nomades, ils se
déplacent pour se nourrir, chassent et pêchent. Ils
construisent des abris légers, adaptés aux changements
climatiques. Ils travaillent la pierre taillée et l’os pour
fabriquer des outils. L’homme commence peu à peu à
devenir chasseur, éleveur, pêcheur ou cultivateur.
De -6000 à -2500 : néolithique des agriculteurs-éleveurs.
Les premiers paysans introduisent l’agriculture
et l’élevage. Ils abandonnent peu à peu un
mode de vie nomade et deviennent sédentaires. Ils
construisent des maisons, s’organisent en villages.
Traditionnellement, l’invention de l’écriture, vers
3500 ans av. J.-C. en Mésopotamie, marque la fin
de la Préhistoire et donc le début de l’Histoire.
De nombreuses anomalies
Pourtant, à contre-courant de ces datations, des scientifiques
et chercheurs indépendants font entendre
une voix dissonante. Ils avancent que des civilisations
très évoluées auraient existé à la surface de la planète, à l’époque
« antédiluvienne », c’est-à-
dire avant le
« déluge » décrit notamment dans la
Genèse, il y a environ 12 000 ans. Bien que beaucoup
de théories soient sujettes à caution, des découvertes
récentes ont eu l’effet d’un pavé dans la mare pour
l’ensemble de la communauté scientifique.
Göbekli Tepe en Turquie est un ensemble monumental
d’enceintes constituées de monolithes avec
des bas-reliefs finement sculptés. Découvert en 1963
mais fouillé depuis 1995, il a la particularité d’avoir
été volontairement enfoui sous terre à plusieurs
reprises. La présence d’éléments organiques a donc
permis sa datation au carbone 14 : les parties les plus
profondes, donc les plus anciennes, ont – c’est une
certitude – au moins 12 000 ans ! Ce qui en fait le
plus ancien ensemble d’architecture monumentale
en pierre jamais découvert à ce jour.
Patrice Pouillard est réalisateur. Il parcourt le monde
depuis une vingtaine d’années, en quête de réponses
sur les mystères des constructions du passé, et s’apprête
à présenter les fruits de son enquête dans son
documentaire
BAM – Bâtisseurs de l’Ancien Monde.
L’historienne Bleuette Diot, qui intervient dans le
film, affirme à propos de Göbekli Tepe que
« L’humanité,
à cette époque-là, ne savait même pas faire
un vase en poterie. Ils étaient vraiment très archaïques,
c’était les derniers chasseurs-cueilleurs. On n’était même
pas dans le cadre de la sédentarité et ils sont arrivés à
élever des piliers qui faisaient 16 tonnes.
Cela demande
déjà une coordination de tous les ouvriers, un maître
d’oeuvre, des ouvriers spécialisés... » Des centaines de
personnes auraient été nécessaires à sa construction,
ce qui ne concorde pas avec l’idée de chasseurs-cueilleurs
mobiles et en petits groupes. Quelles seraient
les raisons de ces rassemblements ? Selon Klaus
Schmidt, qui dirigea le chantier, les représentations
nombreuses d’animaux indiquent qu’il doit s’agir
du temple d’un culte chamanique : un lieu de culte
d’une échelle sans précédent.
Le philosophe de l’anthropologie
symbolique Fernand Schwarz va plus
loin et avance que ces constructions sont la preuve
que la spiritualité est une des composantes primordiales
de la
« nature humaine ». La religion aurait
poussé les hommes à se regrouper, à se sédentariser
et à inventer l’agriculture, et non l’inverse, ce qui réécrirait
l’histoire. Et si ce site était en fait l’empreinte
d’une civilisation savante ?
Une autre construction bouleverse la chronologie :
celle de Gunung Padang, en Indonésie, découverte en 1914. On pensait qu’il s’agissait d’une colline
naturelle avec à son sommet des structures mégalithiques
sans doute vieilles de 2 500 ans, jusqu’à
ce que Dany Hilman Natawidjaja, géologue senior
au Centre de recherche pour la géotechnique à
l’Institut indonésien des sciences, étudie le site dès
2011. Un équipement de pointe révèle ce qui se
trouvait sous la terre : une pyramide à degrés, haute
de 110 mètres, utilisant les mêmes éléments de
basalte colonnaire que ceux se trouvant à la surface.
À 30 mètres sous le sol, les datations au carbone
indiquent qu’ils ont été mis en place il y a plus de
10 000 ans !
« Les gens pensent qu’à l’âge préhistorique
l’homme était primitif, mais ce monument prouve le
contraire », annonce le géologue.
Ces sites ouvrent une brèche : pourraient-ils remettre
en question les datations d’autres sites mégalithiques
? Sans présence d’éléments organiques,
impossible de dater les pierres : les chronologies établies
sont donc souvent le fruit de déductions.
Merveilles d’architectures,
fascinante Égypte
Plusieurs sites mégalithiques ont une étonnante particularité
: les vestiges les plus anciens sont plus massifs
et mieux construits, tandis que les ajouts récents sont
petits et de moindre qualité. Patrice Pouillard, pour la
réalisation de son documentaire
Les Bâtisseurs de l’Ancien Monde, a étudié différents lieux avec l’appui scientifique
d’Érik Gonthier, préhistorien et géologue.
Ainsi,
au Machu Picchu, ce dernier constate que les pierres
les plus anciennes, celles au bas des constructions, sont
assemblées sans ciment, avec des formes polygonales
complexes, et ajustées au millimètre ; à l’inverse les plus
récentes sont petites, rectangulaires et instables. Le spécialiste
note que certains blocs ne sont pas disposés de
façon aléatoire, mais ordonnés en miroir. Étrangement,
bon nombre d’entre eux ont la particularité d’être
construits sur des zones très sensibles aux tremblements
de terre, et cette incroyable architecture leur permet de résister aux séismes, comme le confirment les experts.
On retrouve ce modèle ailleurs au Pérou, à Ollantaytambo
ou Saqsayhuaman, mais aussi en Égypte, au
temple de la Vallée, où chaque pierre du mur d’enceinte
pèse entre 200 et 400 tonnes. Göbekli Tepe, en
Turquie, ne fait pas exception. Après que le premier
site a été volontairement enfoui, ses successeurs ont
ajouté des éléments, de piètre qualité comparativement
à l’édifice originel. Enfin, entre autres déclinaisons,
Ahu Vinapu est le site le plus ancien de l’île de
Pâques, et aussi le mieux construit, avec ses gigantesques
pierres taillées. D’autres, plus récents, plus
petits, trahissent une qualité de construction moindre,
et ont fini par s’effondrer...
Grande pyramide : le nombre d’or
Les dimensions de la grande pyramide de Gizeh ne semblent pas
relever du hasard. On retrouve le nombre d’or (Phi) et Pi déclinés
un grand nombre de fois dans le rapport entre ses proportions.
À titre d’exemple, la surface des quatre faces divisée par celle de
la base donne Phi. En divisant le demi-périmètre par la hauteur
totale, on trouve encore le nombre d’or, mais au carré… On retrouve
également le nombre sacré dans les dimensions de la chambre du
roi. Cette dernière a pour autre particularité d’être le seul élément
de la pyramide à être constitué de dalles de granit, dont la résistance
permet de conserver ses dimensions dans le temps. Enfin, tout
comme certaines grottes du site de Barabar (Inde), elle résonnerait
à la fréquence de 528 Hz. Pourquoi de telles caractéristiques ?
Pourrait-on imaginer que la pièce ait eu une autre fonction que
celle qu’on lui prête, un savant mécanisme énergétique ?
Retournons en Égypte, sur le site des pyramides de
Gizeh (-2500). La grande pyramide impressionne,
avec ses 230 mètres de côté, 140 mètres de hauteur
et deux millions de blocs assemblés, pesant chacun
plusieurs tonnes. Pourtant, aucun texte ne décrit sa
construction. À ce jour, on ne sait pas quels outils ont été utilisés, et les méthodes de
construction sont purement spéculatives. Au temple
de Louxor, certains ouvrages, comme de gigantesques
têtes sculptées, étonnent par leur précision. Christopher
Dunn, ingénieur, traque l’outillage des Égyptiens
depuis 20 ans. D’après lui, celui retrouvé dans
les fouilles archéologiques ne permet pas de réaliser les
artefacts de cette période, telle une tête de granit attribuée
à Ramsès II dont la symétrie frôle la perfection,
au tiers de millimètre près. Certaines techniques ou
certains outils de construction ont-ils disparu de nos
radars ? Graham Hancock, journaliste et écrivain spécialiste
des civilisations disparues, explique que dans
le cas de l’Égypte,
« la période de transition entre un
stade de développement primitif et une société paraît si
courte qu’elle peut être tenue pour négligeable », et que
« des savoir-faire technologiques dont l’acquisition aurait
dû normalement prendre plusieurs centaines, voire plusieurs
milliers d’années furent mis en oeuvre presque du
jour au lendemain – et, apparemment, sans antécédent
d’aucune sorte ». Pourrait-on alors envisager que les
Égyptiens aient reçu un héritage, celui de mystérieux
savoirs leur permettant de construire ces monuments
avec des techniques encore inconnues ? À moins
qu’ils ne soient pas les auteurs des pyramides, mais
simplement leurs héritiers ?
Des traces d’un même savoir
à travers le monde
Pour Robert Schoch, professeur agrégé de sciences
naturelles, le sphinx de Gizeh serait bien plus
ancien que communément admis et daterait d’une
période entre 5000 et 10 000 av. J.-C. Selon lui,
des traces d’érosion visibles sur ses flancs seraient
principalement dues aux effets de l’eau, indiquant
qu’une catastrophe aurait effacé toute trace de cette
civilisation :
« Sur le corps du sphinx et les murs qui
se trouvent autour, j’ai trouvé des traces importantes
d’érosion et ma conclusion est qu’elles n’ont pu être
causées que par des pluies très intenses. Pourtant,
le sphinx est assis en bordure du désert Sahara et la
région est aride depuis 5 000 ans », indique-t-il.
Cette pluie intense rappelle le déluge dont il est
question dans de nombreux mythes. À l’époque de
Sumer (- 3300), l’épopée de Gilgamesh raconte que
dans un passé lointain, les dieux en colère contre
l’humanité auraient créé une gigantesque inondation
détruisant tous les hommes à l’exception de
quelques-uns, préservant les
« germes » des civilisations
futures. En Mésopotamie (IIIe siècle av. J.-C.)
il est dit qu’après qu’une civilisation a périclité suite
à une inondation cataclysmique, le dieu Oannes
serait sorti de la mer pour enseigner aux Babyloniens
l’écriture, les sciences et les principaux arts.
Les représentations le montrent souvent avec une
sorte de
« panier » dans la main.
Graham Hancock note que les mêmes types de
paniers sont sculptés sur les bas-reliefs de Göbekli
Tepe... On retrouve aussi ce motif dans la main
d’une divinité d’Amérique centrale, qui prendra plus
tard le nom de Quetzacòatl, apporteur de la civilisation…
Comme si d’un bout à l’autre de la Terre, il
y avait eu, à un moment, une influence commune.
Si aucun écrit ne fait référence à l’Atlantide en
Égypte, des prêtres auraient fait graver une histoire
sur les murs du temple d’Edfou, ainsi que le décrit
G. Hancock :
« Les prêtres de cette époque, vers 330
av. J.-C., ont hérité des archives des temples précédents.
Au milieu de ces archives, écrites sur des peaux d’animaux
très abîmées et tombant en pièces, se trouvait
l’histoire d’un temps où « les dieux » vinrent en Égypte après la destruction de leur région d’origine qui était
une île ! Ils apportèrent le don de la civilisation. » (...)