L’information aurait dû faire l’effet d’une bombe, mais le
« traitement » de l’actualité étant ce qu’il est, elle est largement passée inaperçue dans l’Hexagone. Une enquête du très sérieux New York Times, menée par notre consoeur Leslie Kean, a pourtant révélé en décembre dernier que le Pentagone avait conduit un programme de recherche sur les PAN (phénomènes aérospatiaux non identifiés) de 2007 à 2012, financé à hauteur de 22 millions de dollars. Dans le cadre de ce programme, baptisé Advanced Aerospace Threat Identification Program (AATIP – programme d’identification de menace aérospatiale avancée), un grand nombre de témoignages de pilotes civils et militaires ont été consignés, ainsi que des observations par des contrôleurs aériens et autres professionnels de l’aviation des signatures radars. Le dossier contient également plusieurs vidéos, dont une première a été déclassifiée. Elle présente des images infrarouges prises en 2004 depuis un avion de chasse F/A-18 Hornet d’un objet oblong large comme un Boeing 737, et dont les manoeuvres outrepassent largement toutes les capacités d’appareils terrestres connus…
Le Pentagone confirme
Selon les enquêteurs Leslie Kean et Ralph Blumenthal, le programme s’est poursuivi après 2012, mais il a simplement été mis fin à son financement par le Congrès. Il avait en effet été initié par le sénateur démocrate du Nevada Harry Reid, qui s’est dit
« fier » d’en avoir été à l’origine. L’existence du programme a également été confirmée par un porte-parole du Pentagone et surtout par celui qui l’a dirigé pendant toute cette période : Luis Elizondo. Ce militaire de haut rang dans le renseignement a confirmé qu’il avait eu un successeur à la tête du programme et qu’il avait lui-même continué à collaborer sur ce thème avec des officiels de la Navy et de la CIA jusqu’à sa démission en octobre 2017, regrettant une culture du secret
« excessive » et des
« oppositions internes ».
Retrouvant, en partie seulement, sa liberté de parole, M. Elizondo est intervenu depuis dans plusieurs grands médias, dont les réseaux télévisés CNN, CBS, Fox, etc., pour confirmer ce qu’il écrit dans sa lettre de démission :
« De nombreux rapports de la Navy et d’autres services font état de systèmes aériens inconnus qui interfèrent avec des plateformes d’armement militaire et manifestent des capacités allant au-delà de ce dont la prochaine génération d’appareils serait capable. Il est vital de déterminer les capacités et les intentions de ces phénomènes pour le bénéfice des forces armées et de la nation. » Lorsqu’il a pris contact avec Leslie Kean, connue pour son best-seller sur le sujet ovnis (1), ils se sont donné rendez-vous dans un hôtel de Washington, où M. Elizondo s’est assis
« le dos contre le mur » et
« gardant un oeil sur la porte ».
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Découvrir notre odysséeDes artefacts
au Nevada ?
Un autre personnage clé de ce dossier est le milliardaire Robert Bigelow, fondateur de Bigelow Aerospace, à qui une grande partie des fonds du programme a été allouée. Celui-ci, ami du sénateur Harry Reid, a révélé avoir été approché en 2007 par un officiel de la DIA (Defense Intelligence Agency) qui souhaitait visiter le ranch de l’Utah dans lequel il conduit des recherches sur les ovnis. Les fonds venant du programme AATIP ont notamment servi à sécuriser certains
bâtiments du site de Las Vegas qui
renferment… des artefacts ! On désigne
par là des objets ou morceaux de métal
(alliages) qui proviennent de
sites d’observation d’ovnis,
voire de zones de crash (voir
aussi encadré). Robert Bigelow
a déclaré dans plusieurs
grands médias qu’il était
« absolument
convaincu » que les
extraterrestres existent et que
des ovnis ont visité la Terre à
de multiples reprises. L’intérêt
du sénateur Reid pour le
sujet lui est d’ailleurs venu de
Robert Bigelow et puisqu’il
est aujourd’hui retraité du Sénat, M.
Reid n’a pas hésité à affirmer dans une interview que les États-Unis disposaient
désormais de
« preuves scientifiques » de
l’existence des ovnis. Pour les quelques
voix sceptiques qui se sont élevées suite à
ces révélations, l’argumentation s’est limitée
au classique : ces
« objets volants » sont
« non identifiés », par conséquent il est
impossible d’affirmer qu’il s’agit d’engins
extraterrestres. Cela est pourtant bien entendu
et tous les protagonistes se gardent
bien d’une telle affirmation.
Le sénateur Reid
n’a pas hésité à affirmer
que les États-Unis
disposaient de "preuves
scientifiques" de
l’existence des ovnis.
Intentionnalité et
manoeuvres impossibles
Si l’on applique cependant le principe
du
« rasoir d’Occam », c’est-à-dire d’économie
des hypothèses, il se trouve que
l’hypothèse extraterrestre peut facilement être inscrite en haut du tableau. Comme
le soulignent les observateurs expérimentés,
les capacités de manoeuvre des
phénomènes observés démontrent d’une
part une
« intentionnalité », excluant
tout phénomène naturel de type météorologique
ou autre et, d’autre part, des
déplacements et des vitesses excluant à
leur tour l’hypothèse d’engins secrets, de
prototypes russes ou chinois, ceux-ci restant
l’obsession de la défense américaine.
Mais l’apparente possibilité de maîtriser
également des paramètres de type énergie/
matière et dimensions/informations
rendent le phénomène plus complexe
qu’on pourrait le croire, en privilégiant
la piste dite
« tôle et boulons », celle de
vaisseaux interstellaires pilotés par des
êtres venus d’ailleurs. C’est pourquoi il
faut se garder de spéculer sur l’origine du
phénomène – sans avoir pris au moins
la peine de se pencher sur les différentes
pistes de réflexion dans ce domaine – et
s’en tenir à l’aspect, précisément, phénoménologique.
À cet égard, le témoignage
du Commander (Lieutenant-colonel)
David Fravor est édifiant. En novembre
2004, ce pilote chevronné de la Navy,
qui cumule des milliers d’heures de vol,
se trouvait en mission de routine avec
Jim Slaight à bord d’un chasseur F/A-18
Hornet. Accompagné d’un deuxième
appareil, ils se situaient au large de San
Diego, au-dessus de l’océan Pacifique.
Un « tic-tac » géant
Ils reçoivent un message radio du USS
Princeton, un croiseur lance-missiles,
leur indiquant que le bâtiment traque
au radar depuis deux semaines des
« aéronefs
» au comportement étrange :
l’un d’eux a été observé à 80 000 pieds
(25 000 mètres), puis s’est précipité vers la surface de l’eau, s’est arrêté à 20 000 pieds (6 000 mètres) en vol stationnaire, et a disparu de l’écran radar avant de réapparaître tout aussi brutalement. Arrivés sur le site, les pilotes ne voient d’abord rien de particulier, avant de remarquer une zone où la surface de l’eau est agitée d’écume, comme si des rochers affleuraient. Quelque chose se trouve juste sous la surface et, environ 15 mètres au-dessus, ils voient un objet blanchâtre d’une douzaine de mètres et de forme ovale. La forme rappelle celle des bonbons
« tic-tac » et l’objet sera baptisé ainsi. Il se déplace de façon erratique, à droite, à gauche, en haut, en bas, au-dessus de la zone d’écume et de mousse, ce qui donne l’impression que l’eau est en train de bouillir, rapporte David Fravor. Le jet entame une descente circulaire et l’objet s’élève alors à son niveau et dans sa direction. Fravor poursuit sa route, droit sur lui. Mais soudain, l’objet s’échappe.
« Il a accéléré d’une façon que je n’ai jamais vue », raconte le pilote. L’autre avion est resté en observation au-dessus et les quatre pilotes ont vu la même chose : en fait,
« toute une flotte » de ces objets...
Fravor en rend compte à l’officier du Princeton qui lui indique de se rendre à un point de rendez-vous situé à une centaine de kilomètres. Les deux chasseurs sont en route, encore à 60 kilomètres de la destination, quand le radio du Princeton les rappelle, car le radar a capté de nouveau le signal :
« Vous n’allez pas le croire ; ce truc se trouve à votre point de rendez-vous ! » Quand ils y parviennent, il n’est plus là…
Léonard de Vinci
et la télécommande
La vidéo d’une partie de la chasse impressionne, mais cela n’empêche pas quelques sceptiques d’insulter l’expertise des pilotes, en évoquant un drone ou un avion conventionnel. La révélation de ces informations est majeure, car les États-Unis niaient s’intéresser au sujet depuis le fameux projet Blue Book des années 1960. Celui-ci avait été clos officiellement parce que, bien que plus de 700 cas sur des milliers d’observations restaient inexpliqués, il n’apparaissait pas justifié de l’étudier
« ni pour des raisons de sécurité nationale ni dans l’intérêt de la science », comme l'avait déclaré Robert Seamans, secrétaire de l’Air Force à l’époque ! Le ton a aujourd’hui changé, et l’intérêt du sujet est reconnu pour ces deux mêmes raisons, mais le hiatus est énorme.
La frilosité des autorités vis-à-vis de la divulgation s’explique en effet fort bien quand on comprend qu’il s’agit en fait de reconnaître qu’elles sont totalement dépassées sur ces deux fronts : la sécurité nationale et la connaissance scientifique.
« Nous sommes dans la position de Léonard de Vinci à qui on donnerait une télécommande de porte de garage », a déclaré Harold Puthoff, ingénieur physicien connu pour avoir participé aux recherches sur la perception extrasensorielle pour le compte de la CIA dans les années 1970.
« Il essaierait d’abord de comprendre ce qu’est ce morceau de plastique et il n’aurait aucune idée des signaux électromagnétiques impliqués ni de leur fonction. »
Puthoff fait partie des scientifiques consultés par Robert Bigelow, au sein d’un groupe désormais dirigé par Luis Elizondo depuis sa démission du Pentagone, l’Académie des arts et des sciences de la société de production To the Stars (Vers les étoiles), fondée par un autre personnage assez baroque, l’ex-chanteur du groupe Blink 182, Tom DeLonge. Celui-ci a décidé de mettre sa notoriété au service de cette cause et il est également l’auteur – probablement de façade – d’un livre
« incroyable » intitulé Sekret Machines : Gods, Man and War, préfacé par Jacques Vallée, qui fait clairement partie du processus de divulgation. Il y est notamment question de
« rétroingénierie », c’est-à-dire de tentatives de comprendre le phénomène à partir d’artefacts recueillis ici et là, dont des
« alliages » inconnus, faisant dire à Nick Pope, ex-responsable du programme d’investigation des ovnis du ministère de la Défense britannique, que
« les États-Unis possèdent bien du métal mystérieux en provenance d’ovnis » ! De nouvelles affaires que nous ne manquerons pas de suivre dans Inexploré.
Des « isotopes » inconnus
Lors d’une conférence donnée en décembre dernier à l’invitation de l’Institut Métapsychique International, le célèbre ufologue et chercheur Jacques Vallée a parlé de l’existence d’objets concrets étudiés en laboratoire dans le cadre de l’investigation du phénomène ovni.
Il a notamment évoqué des « éjectas », matériaux retrouvés sur des sites d’observation, dont la composition comprendrait des isotopes (atomes qui possèdent un nombre variable de neutrons dans le noyau) inconnus sur terre (et même dans l’espace) dans au moins un cas à ce jour, issu d’une apparition au Brésil en 1957. Jacques Vallée souhaite que davantage de moyens soient attribués à ce type de recherche.