Lorsqu’elle s’installe dans ce ranch de l’Utah en 1994, la famille Sherman (Terry et Gwen, fermiers et éleveurs de bétail, et leurs deux enfants) ne sait pas encore qu’elle va être témoin d’un nombre considérable d’événements paranormaux et qu’elle n’y restera que 18 mois. Leur première mésaventure commence un soir où, en rentrant chez eux, ils tombent nez à nez avec un loup gris d’une taille disproportionnée. Il arrive en effet à la hauteur du torse de Terry Sherman qui s’en est approché. Soudain, le loup saute dans l’enclos à bétail et s’empare d’un veau. Terry lui tire dessus avec son magnum 44, mais les balles ne semblent pas l’atteindre. Le fils Tadd s’empare d’un fusil qui peut tuer un élan à 200 mètres, mais là encore les coups tirés ne lui font qu’une petite égratignure. Le loup finit quand même par partir et les Sherman, lancés à sa poursuite, perdront sa trace, comme s’il s’était volatilisé. La famille se rend au commissariat, tenu par la police tribale (nous sommes en terres amérindiennes), mais les policiers sont catégoriques : il n’y a pas de loups dans la région, uniquement des coyotes…
Malédictions et légendes amérindiennes
La famille est victime, ensuite, d’une série invraisemblable de déplacements d’objets. Ce sont les courses qu’Ellen a rangées qui se retrouvent de nouveau dans les sacs, les ustensiles de cuisine qui changent de place, les serviettes de la salle de bain, présentes quand on entre dans la douche, mais qui en sont absentes quand on en sort, les machines agricoles qui sont déplacées, les écluses des canaux qui bougent sans cesse et même une foreuse à poteaux que l'on retrouve dans un arbre, etc. Leur premier réflexe est d’interroger les voisins. Ils apprennent que les tribus Utes et Navarro, peuples amérindiens ayant vécu sur les lieux précédemment, se sont fait une guerre à coup de malédictions. Leur ranch est donc un endroit à la fois sacré et maudit. Les Utes raconte aux Sherman leur croyance en l’existence de
Skinwalkers, des sorciers transformistes, capables de prendre la forme d’un animal et d’en avoir les caractéristiques. Ils se déplacent extrêmement vite, ont la capacité de disparaître comme ils sont apparus et certains auraient des yeux rouges luminescents (ceci n’est pas sans rappeler la légende du
Mothman, voir
Inexploré n° 36). Seraient également présents sur le site, des
Triskers, sorte d’esprits farceurs malfaisants. Comme si cela ne suffisait pas, les Amérindiens racontent qu’au siècle dernier, une réserve de soldats noirs, appelés
buffalos, s’était installée sur les lieux et se serait adonnée à de la magie noire. Leur cimetière est d’ailleurs encore visible sur les terres des Sherman. La famille, bien que curieuse de trouver une explication à ses mésaventures, a bien des difficultés à croire à toutes ces légendes.
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Découvrir notre odysséeLa multitude d’ovnis
Une nuit que le père et le fils Sherman observent les étoiles, ils voient des phares approcher dans la lande. En regardant mieux, ils se rendent compte que les lumières flottent au-dessus de la route, en dévient soudainement et s’envolent au-dessus du champ. L’objet qu’ils distinguent ressemble à un gros frigo, avec deux lumières. Tout à coup, il disparaît. Cela pourrait être ce que l’on appelle au Brésil un
chupas une sorte d’ovni très souvent observée dans ce pays. Ce n’est que le début d’une multitude d’apparitions de lumières d’origine inexpliquée sur leur territoire, ainsi que d’ovnis de différentes formes. De jour, de nuit, un peu partout dans le vaste terrain du ranch…
Le plus souvent, les Sherman sont témoins d’une forme ronde de lumière orangée qui se maintient au-dessus de l’horizon, comme une « pleine lune orange », parfois plutôt ovale. Un jour, Terry Sherman regarde cette forme à la lunette astronomique et il voit, au milieu d’elle, un bout de ciel bleu, comme si c’était une « fenêtre » sur un autre ciel.
« Nous avons vu des ouvertures circulaires d’une trentaine de mètres apparaître dans l’air, quatre embrasures orangées comme superposées, ouvertes en spirale », raconte Terry. Une fois, il aperçoit même un genre de vaisseau en sortir,
« un petit vaisseau furtif d’environ 20 mètres sur 15, presque carré avec des ailes courtes, qui volait comme s’il quadrillait la zone, en envoyant des petits éclairs de lumière vers le sol ». Pour Sherman c’est sûr : cette forme orangée est une « porte ».
Un autre soir, les époux voient un « globe bleu » voleter au-dessus de l’enclos à bétail et qui s’approche d’eux à environ 6 mètres.
« C’était une boule en verre de la taille d’une balle de baseball, contenant deux sortes de fluides bleus qui s’entremêlaient. C’est la chose la plus effrayante que je n’aie jamais vue de ma vie », raconte Terry. Étrangement, ils sont saisis d’une peur panique (alors qu’ils n’en sont pas à leur première apparition). L’objet disparaît finalement. Ils ne comprennent pas pourquoi ils ressentent une telle angoisse, à tel point qu’ils se demandent si l’objet n’a pas provoqué volontairement en eux cet état émotionnel. Outre ces multiples apparitions d’ovnis, les Sherman entendent très souvent des bruits de ferraille venant du sommet des collines ou bien de l’intérieur même de la terre.
Des animaux mutilés
Ce qui va vraiment inquiéter les Sherman, c’est ce qui va arriver à leurs bêtes. Un jour d’hiver, le fils Tadd cherche une génisse qui s’est perdue. Elle est bloquée dans un petit canal d’eau et son veau est un peu plus loin. L’adolescent part récupérer le veau et lorsqu’il revient prendre la génisse, il manque tout l’arrière-train ! Ensuite, ce n’est pas moins de 14 bêtes qui vont disparaître ou être mutilées, en 18 mois.
« À chaque disparition, on interrogeait tout le monde, on cherchait partout, les vaches s’étaient comme volatilisées », raconte Terry. Ces vaches d’élevage pèsent environ 450 kilos, elles ne sont donc pas « enlevables » facilement. Mais surtout elles coûtent 2 000 dollars par tête ! Étrangement, les animaux charognards n’approchent pas les cadavres des bêtes retrouvées qui se décomposent très lentement.
Là encore, les Sherman en parlent aux voisins et à la police tribale. On leur répond qu’il y a toujours eu des « lumières volantes » et des mutilations de bêtes inexpliquées dans la région, surtout depuis les années 1960-1970. Quelques fédéraux avaient enquêté à l’époque, mais cela n’a pas eu de suite. C’est un dernier événement qui va avoir raison de la patience de cette famille à bout. Un jour, Terry Sherman aperçoit un gros objet orange qui plane au-dessus d’une ligne d’arbres. Il ne s’en étonne même plus vraiment, si ce n’est que « cela » lance des éclairs bleus qui paniquent ses chiens. En s’approchant, il s'aperçoit que c’est le globe bleu qu’il avait déjà vu avec sa femme et qui les avait tellement angoissés. Pris de colère, il commande à ses chiens d’attaquer. Ceux-ci se ruent sur l’engin et le suivent derrière un buisson. Et là, Terry Sherman comprend son erreur, entend des hurlements significatifs et retrouve une énorme boule de graisse noire et poilue, bloc calciné des restes de ce qui avait été ses chiens. Les Sherman décident de vendre.
L’appel aux voyants
Le NIDS va faire appel à cinq voyants pour qu’ils observent le ranch sur une carte et livrent leurs impressions. L’un va dire qu’il s’agit d’un lieu comprenant le vortex d’une autre dimension, un deuxième dira que c’est un lieu de recherche pour des observations militaires secrètes, et trois vont expliquer qu’ils « voient » sous la terre comme des entresols et des équipements électroniques. Les Sherman se souviennent qu’en achetant le ranch, il y avait une clause interdisant de « creuser ou de créer des soubassements » et qu’ils ont très souvent entendu, provenant du sous-sol, des bruits métalliques ou de machines. Une base secrète enterrée sous terre ? Encore une énigme pour ce ranch qui, décidément, n’en manque pas.
Le NIDS
Les Sherman entrent alors en contact avec le NIDS (National Institute for Discovery Science), organisme privé américain, dirigé par l’homme d’affaires Robert Bigelow. Spécialisé dans les recherches sur les phénomènes paranormaux, le NIDS est composé de chercheurs, de physiciens, de vétérinaires et de scientifiques de plusieurs pays. Colm Kelleher, biologiste, est l’un d’entre eux, il écrira un livre entier sur son expérience(1). Le NIDS achète immédiatement le ranch. Un lourd matériel sophistiqué d’étude et d’enregistrement est installé et un mobil-home est monté sur les lieux.
« Mars 1997. Terry Sherman nous a appelés d’urgence. Nous n’étions pas encore installés. Un animal avait été retrouvé mutilé. Je me suis rendu sur place et j’ai constaté qu’un veau avait été entièrement vidé de ses organes, la cage thoracique était apparente, il n’y avait plus de chair non plus dans la zone de l’abdomen, un des fémurs avait été arraché et jeté dix mètres plus loin…, raconte Colm Kelleher. Nous avons fait des analyses dans deux laboratoires différents et ils ont relevé des traces de coupures venant de deux instruments extrêmement tranchants, mais aussi des déchirures et de la mastication. Mais le plus étonnant, c’est qu’il n’y avait absolument aucune trace de sang sur place.» Finalement toutes les études ne feront que poser davantage de questions, sans apporter de réponses. Les scientifiques vont être assez déçus par les photos qui seront apparemment toujours floues. Ils vont toutefois répertorier un bon nombre d’observations
d’ovnis, de lumières inexpliquées et d’apparitions d’animaux étranges. Colm Kelleher conclura :
« Il y avait une forme d’intelligence qui agissait sur le site, c’est certain, mais nous avons été témoins de séries de phénomènes qui ne se répétaient jamais, en tant que scientifique, ce que nous cherchons, c’est quelque chose qui se reproduit lorsqu’on l’étudie. Nous n’avons jamais su ce qui était à l’origine de ces phénomènes. »
L’après NIDS et l’État
Le NIDS va rester dix ans sur place, mais les événements vont se raréfier. Un jour, les caméras de surveillance vont être vandalisées :
« Elles étaient reliées et se filmaient les unes les autres. Un jour, elles se sont toutes arrêtées en même temps. On s’est rendu compte, alors qu’elles étaient installées en hauteur, que les fils avaient été coupés et que les cassettes avaient disparu. On ne peut pas du tout expliquer qui a fait cela parce
qu’on est arrivé immédiatement sur place et qu’on n’a trouvé personne » raconte le colonel à la retraite John Alexander, qui a collaboré avec le NIDS. Ce personnage a d’ailleurs été sujet à polémique, car il faisait partie de l’armée américaine avant d’entrer au NIDS. Le mystère reste entier sur la collaboration du NIDS avec l’État et la CIA. Pour certains, si les recherches n’ont donné lieu qu’à peu de publications, c’est parce qu’elles sont essentiellement du ressort du « top secret ». Le NIDS sera dissout en 2004 et deviendra le BAAS (Bigelow Aerospace Advanced Space Studies), mais ne continuera pas les recherches sur le site officiellement. En 2007, l’AATIP
(Advanced Aviation Threat Identification Program), dévoilé en 2017
(voir Inexploré n° 38)un organisme d’État dédié notamment à la recherche sur les ovnis, est dépêché sur place, mais les résultats sont classifiés. Racheté en 2016 pour une somme colossale par un investisseur anonyme, le ranch est depuis fermé à quiconque veut y entrer, mais les recherches scientifiques continueraient...