Pourquoi les rencontres rapprochées avec des ovnis et leurs « occupants » n’en finissent-elles pas de nous interroger sur notre humanité et nos connaissances tant scientifiques, philosophiques que spirituelles… ? Les révélations récentes laissent émerger des hypothèses audacieuses en matière de relations observateur/observé.
Le 31 juillet 1968, sur l’île de la Réunion, un homme cueille des herbes pour ses lapins dans une clairière isolée bordée d’acacias. Soudain, il entend derrière lui un grésillement, comme un
« arc électrique », et se retourne. Il se trouve alors face à un curieux objet situé à une vingtaine de mètres de distance, en suspension à quelques centimètres au-dessus du sol.
Le témoin décrira un objet « en verre » d’environ cinq mètres d’envergure, en forme de ballon de rugby, mais doté d’une base et d’un sommet évasés semblant faits de métal. Les extrémités de la structure ovoïde sont bleutées, « d’un beau bleu nuit », rapporte le témoin. Deux occupants se trouvent à l’intérieur de l’objet, vêtus de combinaisons évoquant le « bonhomme Michelin » (ou Bibendum). L’observation dure une trentaine de secondes et
l’objet disparaît dans un flash lumineux intense. Quand les gendarmes se rendent sur place quelques jours plus tard, ils détectent des traces de radioactivité sur le site et sur les vêtements du témoin.
Vitrine, miroir et absurdités
Pour les experts en « rencontres rapprochées », ce cas est typique d’un « effet vitrine », c’est-à-dire que l’ovni semble là pour montrer, sinon démontrer, quelque chose au témoin, de façon
« transparente ». La forme ovoïde, que l’on retrouve dans de nombreuses observations, évoque « l’œuf cosmique », la
« matrice universelle ». Le bleu nuit rappelle le cosmos profond. Les occupants Bibendum représentent les astronautes et la conquête spatiale, à une époque où les sorties extra-atmosphériques
viennent à peine de débuter. Pour Éric Zurcher, ufologue et historien, qui rapporte le cas dans son dernier livre
(1), on peut aller plus loin et noter que les formes évasées au-dessus et en dessous de la forme ovoïde rappellent un sablier, symbolisant le passage du temps.
«
Rappelons que, depuis cinquante ans, les ufologues subodorent des déformations temporelles à proximité des ovnis », souligne-t-il. Ce cas dit de la plaine des Cafres est emblématique de nombreuses caractéristiques du phénomène ovni identifiées au fil du temps. Outre l’effet vitrine, on parle d’un « effet miroir », par lequel l’apparition semble refléter les préoccupations humaines de l’époque, mais aussi nos capacités de compréhension, limitées et limitantes. L’apparition présente également, et surtout, un caractère « absurde », que l’on peut
résumer par : «
des bonshommes Michelin dans un œuf transparent vide de toute technologie et exempt de tout système de propulsion ». Le philosophe Aimé Michel a très tôt pensé ce «
festival d’absurdités » associé au phénomène ovni, et Éric Zurcher s’inscrit dans cette filiation intellectuelle. Selon Aimé Michel, le phénomène ovni nous place «
face à une hyperphysique qui se manifeste ponctuellement dans notre environnement ». Et une hyperphysique renvoie nécessairement à quelque chose qui nous dépasse de tous bords.
Ce sujet vous passionne ?
OVNIS : vous souhaitez approfondir et tout connaître de cette thématique ? Inexploré vous propose son parcours initiatique numérique…
Découvrir notre odyssée Hyperintelligence ?
Une hyperphysique renvoie d’abord à une hyperintelligence. Elle signifie que notre connaissance des lois de l’Univers est inévitablement incomplète et doit continuer à progresser en intégrant précisément les caractéristiques
« absurdes » de ces phénomènes, ce qui traduit une vision évolutive de l’humanité. «
Il faut donc s’attendre à des expériences et des témoignages au plus haut niveau d’étrangeté, et donc d’absurdité », soulignait Aimé Michel. Hyperphysique implique également métaphysique, une pensée de l’au-delà des apparences. «
Pour Aimé Michel
il s’ensuit que l’ovni, métaphoriquement parlant, n’est rien d’autre qu’un miroir qui nous renvoie à notre propre statut encore limité, pour ne pas dire archaïque », écrit Éric Zurcher. Mais c’est aussi un miroir qui fait signe, qui introduit un « paramètre disruptif » dans notre conception de la réalité. La notion de signe impose alors une approche sémiotique, sémiologique. Éric Zurcher souligne également l’incommensurabilité, soit le décalage impossible à évaluer entre l’espèce humaine et une éventuelle intelligence non humaine dans la pensée d’Aimé Michel. «
Les ovnis sont des vérités déguisées en mensonges », disait ce dernier, ainsi que le rapporte Bertrand Méheust dans un livre qui présente leur correspondance tardive
(2), et il avait fini par haïr ce travestissement. Avant cela, il estimait qu’en matière de vérité, au sens de l’
alètheia grecque (qui distingue
faits et opinions), «
la seule est celle qui remonte du terrain ». L’approche sémiologique consiste donc à étudier les faits de terrain en les considérant comme des signes ou des signaux relevant d’un métalangage. Selon Éric Zurcher, l’effet miroir, ou « dimension spéculaire », est sans doute la clé de compréhension de l’ensemble des caractéristiques du phénomène ovni : «
À la fin du XIXe siècle, on parle de ballons dirigeables. Plus tard, on parlera de soucoupes volantes, et au Moyen Âge ou avant, on parlait de chariots volants. » De même, poursuit-il,
«
dans les années 1950, les ovnis venaient de Mars. Dans les années 1970, certains ont dit qu’ils venaient d’un peu plus loin, de Ganymède et Titan, les lunes de
Saturne et Jupiter, donc toujours dans le système solaire. Maintenant, on dit qu’ils viennent de l’espace profond. Mais il suffit de lire quelques centaines de cas pour comprendre que les ovnis ne viennent pas
de l’espace profond. »
Pour Aimé Michel, il s’ensuit que l’ovni, métaphoriquement parlant, n’est rien d’autre qu’un miroir qui nous renvoie à notre propre statut encore limité, pour ne pas dire archaïque.
Secret de famille
(...)