En 1994, une petite école du Zimbabwe fait parler d’elle tout autour du globe… Le 16 septembre se déroule un cas unique et spectaculaire en matière d’ufologie… Nous sommes à l’Ariel School, un établissement privé situé en banlieue de la ville de Ruwa. Il est 10 heures du matin, un groupe d’enfants âgés de six à douze ans est occupé à une longue récréation, tandis que leurs professeurs sont en réunion. C’est alors qu’un engin de couleur argentée et en forme de disque descend du ciel et atterrit dans un champ près de l’école. Des dizaines d’élèves observent la scène, médusés. Des créatures entièrement vêtues de noir, au visage glabre et diaphane, aux yeux noirs saillants en forme de ballons de rugby s’approchent des petits. Le phénomène est mouvant : les personnages avancent au ralenti, disparaissent, réapparaissent… Pris de panique, les élèves débarquent en trombe dans la salle des professeurs, incrédules, mais troublés par la terreur exprimée par les enfants.

Quelques années auparavant, en octobre 1990, un autre événement se joue en France, dans l’Ain. David a 17 ans lorsqu’il est bousculé par une étrange rencontre. « Je suis en conduite accompagnée avec ma mère, se souvient-il, il fait nuit et nous allons chercher ma sœur à la gare. J’aperçois ce qui me semble être un hélicoptère, qui vole à l’orée d’un bois. Mais l’engin a l’air de nous suivre… » La tension est alors palpable. Le jeune homme piqué de curiosité décide de s’arrêter – contre l’avis de sa mère – pour observer l'appareil qui s'immobilise à la verticale de leur véhicule.

« On distingue trois feux très éblouissants, formant un triangle isocèle, ainsi que des couleurs. » Fasciné, il coupe le moteur et entrouvre sa vitre. Le silence est assourdissant, l’engin paraît être en lévitation, décrit le témoin… « Ce que nous étions en train d’observer ne pouvait pas exister dans notre paradigme. J’ai alors conscience d’assister à quelque chose d’extraordinaire », se souvient-il. S’il n’aperçoit pas de personnage, contrairement aux élèves du Zimbabwe, David a le sentiment d’une conscience, d’une intelligence qui l’observe. La panique prend le dessus lorsque sa mère lui hurle de démarrer : « L’objet a alors semblé partir à une vitesse de plusieurs milliers de kilomètres-heure, comme une étoile filante… »

Plus de 30 ans sont passés depuis ces événements touchant des enfants. Peut-on, à la lumière de leur parcours, conclure que le phénomène les a conduits à des transformations profondes ? À un changement de paradigme, ou même d’orientation de leur vie ?

Les ressorts d’un traumatisme

En novembre 1994, John Mack, chef du département de psychiatrie de l’université Harvard et spécialisé en psychiatrie infantile, se rend à l’Ariel School pour interroger les jeunes témoins. Les enfants sont amenés à dessiner et à raconter ce qu’ils ont vu. Les récits des quelque 66 élèves ayant assisté à la scène sont étonnamment similaires. Chez les petits, la charge émotionnelle est palpable, alors qu’ils confient au spécialiste les ressorts d’une scène aussi étrange qu’inquiétante. Certains montrent de la curiosité, tandis que d’autres paraissent effrayés et pleurent… Mais plutôt que l’événement en lui-même, c’est l’accueil que lui réserveront les proches des enfants qui semble conduire au trauma… Ainsi, 20 ans après, Emily (qui avait 11 ans à l’époque) rapporte dans le documentaire Ariel Phenomenon⁽¹⁾ la difficulté pour elle de trouver des oreilles bienveillantes : « En parler dans mon environnement familial, très religieux, n’était pas permis. J’ai très vite été éloignée… On a plié bagage, et on est partis vivre au Canada. » Le directeur de l’école de l’époque se souvient également que « l’un des enfants était traumatisé par l’expérience ; il ne dormait pas de la nuit, parce que ses parents refusaient de parler de l’événement avec lui ».

Parfois, une période d’amnésie succède au choc. David décrit ainsi : « On n’en a pas reparlé avec ma mère. On est allés chercher ma sœur qui a compris qu’il était arrivé quelque chose de terrible, mais n’a pas posé de questions. Pour moi, c’était une espèce de brouillard flou. Je ne me souviens plus des semaines qui ont suivi, comme si mon cerveau s’interdisait d’y penser. Par contre, j’étais désormais terrorisé par la nuit. » Il faudra attendre dix ans pour que David ose confronter sa mère à cet épisode, dont la simple évocation déclenche chez elle un état hystérique. « Mon cerveau a refusé l’expérience, il a fallu du temps pour assimiler tout ça… Même dix ans après, quand je me suis autorisé à fouiller ma mémoire pour revisiter l’événement, ça me mettait dans un tel état émotionnel que j’avais des difficultés à retourner voir ces souvenirs », relate-t-il.

L’amnésie serait-elle un mécanisme naturel destiné à protéger le témoin de ce changement brutal de paradigme ? Ou une volonté de la conscience exogène ? Serait-elle une étape nécessaire pour métaboliser l’expérience, et en ressortir grandi ? L’auteur de science-fiction Whitley Strieber met des mots sur cette sensation de déchirement intérieur qui se détache des récits : « Vous ne pouvez pas y apporter de réponse, et vous ne pouvez pas y répondre non plus. Et là, il se passe quelque chose. Vous vous retrouvez dans une situation qui vous semble insupportable – alors vous grandissez. »

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