Tout le monde s’accorde à reconnaître
en Jésus un maître intemporel. Encore
aujourd’hui, il s’adresse à tous et
encore plus aux opprimés, aux persécutés,
aux marginalisés et aux pécheurs,
comme on les appelait autrefois. Jusqu’à
l’âge de trente ans, nul ne connaît vraiment son
histoire. Sa naissance, déjà, est auréolée de mystères.
On sait seulement qu’il avait pour parents
Joseph le charpentier et Marie, qui deviendra la
Sainte Vierge « bénie entre toutes les femmes ».
Car, rappelons-le, dans l’histoire du Christ, tout
est symbole. Sa conception virginale renvoie à
sa double origine, divine et humaine. Ses premières
heures après sa naissance, déposé dans
une simple mangeoire, symbolisent sa pauvreté
et montrent qu’il deviendra une nourriture pour
le monde. Aussi, son baptême par Jean Baptiste
dans les eaux du Jourdain atteste de la descente
du Saint-Esprit sur lui, représenté sous la forme
d’une colombe. C’est le premier événement de
sa vie publique.
«
Les auteurs des (trois) évangiles
synoptiques, tout en donnant des descriptions très
différentes, s’accordent pour y reconnaître (là) le
moment où Jésus est devenu une figure notoire sur
la scène politique et religieuse de son temps », explique
Laurence Freeman, moine bénédictin anglais (1). Jésus représente dès lors une rupture avec
l’ancien monde. S’il acceptait les usages de son
époque, il s’insurgeait contre les détournements
du pouvoir religieux. Jésus, l’homme libre, le rebelle,
le progressiste a répandu sa parole plus encore
sur les routes de Galilée et de Judée que dans
les temples. Les chefs religieux, disait-il, peuvent
abuser de leur autorité et en faire un obstacle à la
croissance spirituelle et à la liberté du peuple. Son
langage était simple et imagé. Il usait de paraboles
empruntées au monde végétal et animal afin de
se faire comprendre de tous. Son enseignement,
entièrement oral, a été transmis puis consigné
dans quatre Évangiles – Marc, Jean, Matthieu et
Luc – du nom de ses principaux disciples. Ces
Évangiles sont quatre versions ou visions d’un
même discours. Ils s’enrichissent mutuellement,
forment une sorte d’unité et touchent le coeur, en
fonction de la sensibilité propre à chacun. Ainsi,
le philosophe et historien des religions Frédéric
Lenoir raconte que la première fois qu’il a lu
l’Évangile de saint Jean dans une ancienne abbaye
cistercienne en Bretagne, il s’est mis à pleurer
pendant des heures (2). «
J’ai ressenti une présence
vivante d’amour », se souvient-il. Et l’amour, c’est
bien évidemment ce qui va marquer l’essentiel du
message du Christ.
« Aimez-vous les uns
les autres…
… comme je vous ai aimé » (Évangile
selon saint Jean, 13, 34), dit Jésus.
Comment passer à côté de ce message
si novateur ? «
On assiste à un renversement
des valeurs. Jésus introduit une notion nouvelle :
l’amour du prochain devient inséparable de l’amour
de Dieu », explique le Révérend Père Gérard de
la Old Roman Catholic Church (l’église vieille-catholique
romaine).
Cette notion d’amour du
prochain et de charité se retrouve dans la parabole
du jugement dernier, très explicite dans
l’Évangile selon saint Matthieu : «
Alors le Roi dira
à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de
mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé
pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais
faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif,
et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et
vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé
; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en
prison, et vous êtes venu jusqu’à moi !” » (Évangile
selon saint Matthieu 25, 34-36). Frédéric Lenoir
décrit ici une spiritualité universelle fondée sur
l’amour : «
Je trouve cette parole extrêmement puissante,
car elle montre que le seul véritable critère du
Salut, ce n’est pas l’observance du rituel et de la loi,
mais l’amour du prochain. Pour cela, Jésus donne
des exemples très concrets : visiter les prisonniers, aider
les malades, donner de la nourriture à ceux qui
ont faim, etc. »
Le Christ ne juge pas, il pardonne,
même à la femme adultère montrée du doigt par
les scribes et les pharisiens : «
Celui d’entre vous
qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une
pierre. » (Évangile selon saint Jean, 8, 7) Comme
le faisait Jésus, le Révérend Père George, prêtre
exorciste, ne ferme la porte à personne et soigne
tout le monde, au nom de l’amour et sans jugement.
Pardonner est avant tout un bienfait pour
soi-même, précise-t-il : «
Il faut tout d’abord admettre
que les attributs négatifs de mon
prochain sont aussi présents en moi. En
lui pardonnant, je me pardonne. J’arrête
de me faire du mal et d’empoisonner
mon âme. » (
L’Exorcisme – Guérison des
maladies de l’âme, éd. Guy Trédaniel, 2018)
Quand Pierre vient demander à Jésus combien
de fois il doit pardonner à un frère qui lui a causé
du tort : «
Serait-ce jusqu’à sept fois ? » Jésus
répond : «
Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais
jusqu’à soixante-dix-sept fois ! » Un nombre symbolique
qui signale la démesure du pardon et sa
proximité avec l’amour absolu. C’est ainsi que
le Christ accepte de mourir sur la croix sans en
vouloir à Judas, celui qui l’a trahi, ni aux Juifs qui
l’ont cloué dessus, en déclarant : «
Pardonne-leur,
ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Évangile selon
saint Luc, 23, 34). Par cette parole, il nous signifie
que celui qui fait du mal fait toujours au
mieux selon son état de conscience.
Morceaux choisis et commentés
Nombreux sont ceux qui s’inspirent du message de Jésus
au quotidien. Ils se sont sentis aidés, épaulés, consolés,
conseillés, inspirés, guidés…
« Demandez, on vous donnera ;
cherchez, vous trouverez ;
frappez, on vous ouvrira.
En effet, quiconque demande
reçoit ; qui cherche trouve ;
à qui frappe, on ouvrira. »
(Évangile selon saint Matthieu, 7, 7-8)
Gabrielle : « Je l’ai testé plusieurs
fois : pour la réussite à un concours,
l’achat d’un appartement, un
contrat à négocier… Il suffit de
savoir demander pour obtenir !
Mais encore faut-il y croire,
demander avec le coeur et surtout
fournir un effort, autrement dit y
mettre de l’énergie. Aussi, il faut
apprendre à recevoir. J’ai traversé
une période difficile. Je me suis
séparée de mon ancien conjoint, je
n’avais plus ni travail ni logement.
Pour remonter la pente, je n’ai
cessé d’appliquer ce message de
Jésus. Et cela a marché ! »
« Toutes choses concourent au
bien de ceux qui aiment Dieu. »
(Romains 8, 28)
Anne : « Si cette phrase paraît
laconique, pour moi, elle veut dire
beaucoup. J’affronte actuellement
deux épreuves difficiles : mes deux
parents malades, dont l’un qui a
perdu presque toutes ses facultés
mentales et physiques, que je
dois supporter seule en tant que
fille unique, et mon licenciement.
Par ce mot “tout”, le Christ me
rappelle chaque jour que toutes
les épreuves de la vie ont un sens,
qu’elles sont là pour me forger et
me faire croître. Il m’aide aussi à
entrer dans l’acceptation de ce que
je vis. Il m’apporte l’espérance…»
« Ainsi, celui qui entend les
paroles que je dis là et les met
en pratique est comparable
à un homme prévoyant qui a
construit sa maison sur le roc.
La pluie est tombée, les torrents
ont dévalé, les vents ont soufflé
et se sont abattus sur cette
maison ; la maison ne s’est pas
écroulée, car elle était fondée
sur le roc. Et celui qui entend de
moi ces paroles sans les mettre
en pratique est comparable à un
homme insensé qui a construit
sa maison sur le sable. »
(Évangile selon saint Matthieu, 07, 24-25-26)
Alex : « Après treize ans de relation
stable avec la mère de mes
enfants, nous restons une famille
soudée malgré la séparation :
les fondations étaient solides,
construites sur du roc. Puis j’ai
découvert les relations toxiques,
bâties sur du sable, me projetant
dans des situations psychologiques
délicates. Dès la première tempête,
tout s’est effondré. Pour construire
en amour, il s’agit de bien choisir
son rocher et surtout de rester
conscient que le sable ne se
transforme jamais en roc ! »
« Si quelqu’un s’adresse aux
morts et aux esprits, pour se
prostituer après eux, je tournerai
ma face contre cet homme, je le
retrancherai du milieu de son
peuple. »
(Lévitique, 20, 6)
Sandrine : « Avant, je consultais
des médiums avant de me rendre
compte que les prévisions sur mon
avenir n’étaient en réalité que le
reflet de la direction vers laquelle
je tendais dans le moment présent.
Cette confusion entretenait
chez moi le doute plutôt que la
confiance. Quand je ne sais pas,
je préfère me mettre à l’écoute
des messages que la vie m’envoie
plutôt que de m’en remettre à une
tierce personne qui entretient une
médiation avec les morts. Je me
mets dans une posture d’humilité.
Le Christ lui-même l’a dit : “Aie
confiance !” Je sais que, malgré les
épreuves, je ne suis jamais seule. »
« Celui qui a recevra encore, et
il sera dans l’abondance ; mais
celui qui n’a rien se fera enlever
même ce qu’il a. »
(Évangile selon saint Matthieu, 13, 12)
Fabrice : « J’ai médité longtemps
sur la parabole des talents… Je ne
la comprenais pas, jusqu’au jour où
j’ai été éclairé. Ici, il est question
de dons. Jésus nous invite à les
découvrir et à les faire fructifier. Je
l’ai remarqué en tant que musicien.
Plus je travaillais, plus je me voyais
récompensé pour mes efforts et
développais ce qu’il y avait de bon
en moi. En revanche, l’absence
de travail réduisait rapidement
à néant les quelques dons qui
m’étaient accordés. Ce qui renvoie
à cette loi de la nature : le positif
attire le positif, le négatif attire le
négatif… »
Un guérisseur
Non seulement Jésus pardonne, écoute, mais
aussi il guérit. Dans les Évangiles, on le voit
soigner la lèpre, la cécité ou encore la paralysie
par la parole ou le toucher.
Il ne guérit pas
seulement le physique, mais également l’âme.
Après avoir rendu la mobilité à un paralysé depuis
trente-huit ans, il déclare : «
Amen, amen, je
vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même,
il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce
que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le
Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait.
Il lui montrera des oeuvres plus grandes encore, si
bien que vous serez dans l’étonnement. Comme le
Père, en effet, relève les morts et les fait vivre, ainsi
le Fils, lui aussi, fait vivre qui il veut. » (Évangile
selon saint Jean 5, 19-21).
Deux mille ans après sa
naissance, alors que l’on commence à reconnaître
le corps énergétique et le pouvoir de l’intention
dans la guérison, Jésus apparaît encore comme
un pionnier. (...)