Psychologue spécialiste des relations amoureuses, Sabrina Philippe pensait en connaître tous les mécanismes. Jusqu’à ce qu’elle rencontre son âme sœur. Une expérience qui l’a profondément transformée.
En quoi la rencontre de l’âme sœur a bouleversé vos croyances ?
La vie est assez ironique. J’étais psychologue, experte des sujets de l'amour, du couple, de la relation. J'ai travaillé pour la télévision, et fait 6 ou 700 émissions en quatre ans pour une quotidienne. J'en parlais à ce moment-là de façon très « cadrée » dans le domaine de la psychologie, de la psychanalyse, de la fixation pathologique, du déconditionnement, des couples, de l'enfermement amoureux.... Et puis j'ai fait cette rencontre extraordinaire, que je n'ai absolument pas comprise lorsque je l'ai vécue. Ce fut une leçon de vie. J'avais pour autant déjà été amoureuse, mais j'avais l'impression que ce n'était pas du tout dans la même chose. Bien sûr qu'il y avait ce sentiment amoureux extrêmement fort, mais aussi des éléments extraordinaire, des manifestations, de la télépathie, des visions… Je me suis dit
« je suis en train de devenir psychotique, de péter un câble ». Et en même temps je me suis dit que « non », parce que je n'étais pas dans la tristesse, une joie commençait à grandir, que je ne m'expliquais pas.
Quand j'ai vécu cette rencontre rien n'existait sur le sujet, ce courant où la science et la spiritualité essayent de se retrouver n’existait pas encore. On était soit dans un domaine complètement folklorique de médium, soit cartésien. J'ai donc d'abord relu mes classiques de psychologie et de psychanalyse, qui ne m'ont pas apporté de réponse satisfaisante. Puis j'ai relu de la littérature et j'ai cherché dans la religion: La Torah, la Bible, les évangiles. Je cherchais partout ce qui m'était arrivé, et ce qui m'arrive encore parce que c'est un processus qui ne s'arrête pas. Et peu à peu j'ai commencé à avoir des débuts de réponses sur le fait qu’il pouvait y avoir des rencontres « extraordinaires » et qui n'étaient pas forcément pathologiques. Cela a ouvert tout un champ de conscience différent, une totale autre vision de nos vies, de notre présence sur cette terre, de l'au-delà. Des champs qui jusqu'à présent ne m'avaient pas vraiment interpellée.
Cela a ouvert tout un champ de conscience différent.
Ces rencontres ont-elles selon vous un sens particulier ?
Ce que j'ai pu comprendre de ma propre expérience c'est que lors de ces rencontres on n'est pas du tout dans le cadre de l’amour terrestre tel qu'on le conçoit de façon romantique,
« ils s'aimèrent et eurent beaucoup d'enfants ». Et que ces rencontres vous font parcourir en quelques secondes un chemin spirituel, initiatique que vous mettriez normalement 20 ans à vivre. La déflagration est donc très importante. Mais ensuite il faut bien faire le chemin à rebours, pas seulement pour comprendre, mais pour intégrer. C'est un peu comme si le ciel s'ouvrait. Et s’il s'ouvre c’est que ces rencontres viennent rectifier un parcours de vie qui prenait un chemin qui ne lui était pas destiné, et que la personne qui la vit a quelque chose à transmettre, une mission. Pour moi le but de ces rencontres, même si elles sont amicales, est cet amour très puissant pour les hommes, qui va percuter l'autre très fort pour le transformer.
Pas forcément de manière agréable d’ailleurs, mais pour qu'il puisse à son tour transmettre quelque chose. Dans cette transformation il y a quelque chose de fondamental qu'il y a dans tout chemin initiatique : l'égo doit s'effacer. Si nous ne sommes pas prêts à effacer l'égo, on peut cristalliser, et tomber malade. Il y a des gens qui n'arrivent pas à accepter la transformation, et qui peut-être ne la comprennent pas. C'est l'objet de mon livre, permettre à ceux qui sont bloqués de comprendre différemment ce qu'ils vivent pour se transformer. On m'a demandé à sa sortie:
« pouvez-vous vous réjouir de la souffrance de l'autre ? ». Cette question m'a interpellé. J'ai réfléchi, puis j'ai répondu
« oui ». On peut voir la souffrance comme une opportunité de se transformer, et en ce sens on pourrait dire merci à ceux qui nous font souffrir. L'idée n'est pas de se figer dans la souffrance mais celle du mouvement. La plus grande difficulté c'est de comprendre que ce qu'apporte l'autre est en vous. L'émerveillement est en nous, toutes les capacités sont en nous, l'amour est en nous. La souffrance nous oblige à nous transformer, alors que la joie nous fige. Lorsque l'on est heureux on veut que rien ne change…
L'émerveillement est en nous.
Choisissons-nous de faire ce type de rencontre avant notre incarnation?
La vision que j'ai, c'est que l'on choisit notre incarnation. La question du choix est fondamentale. Pourquoi serions-nous venus dans cette famille, avec pourtant parfois tant de souffrance à la clé, pourquoi ce parcours parfois douloureux ? Qu'est-ce que nous avons à apprendre ? Il me semble que l'on choisit son incarnation pour faire évoluer son âme. C'est une leçon, on descend à l'école, celle de notre vie. Et quand on n’a pas appris notre leçon, la vie nous la sert de nouveau. Et on ne doit certainement pas venir seuls, mais avec nos familles d'âmes pour s’aider mutuellement. Ce serait comme dans une pièce de théâtre ou avant d'entrer en scène on prédétermine nos rôles :
« tiens, tu as été mon fils dans une autre vie, tu serais bien mon mari. » C'est pour cela à mon sens qu’avec certaines personnes il y a cette connexion directe. Qu’en est t’il des âmes sœurs ? Dans l'idée de l'âme sœur il y a cette notion de cette scission d'une même cellule comme l’a dit Platon, pour en faire deux qui se retrouveraient. Peut-être est-ce cela ? Qui peut le dire aujourd'hui ? L'âme sœur est-elle quelqu'un avec qui l’on vit toutes ses incarnations ? Est-ce autre chose ? En tout cas je pense qu'il y a quelque chose de l'ordre du spirituel qui est très fort. C’est pour cela qu’aujourd’hui je fais de la thérapie « psycho spirituelle », parce que c’est l’âme que l’on fait évoluer.
La vie n’est-elle au final qu'un jeu de piste perpétuel pour l'évolution de l'âme ?
J'avais lu une phrase qui expliquait que la vie est comme une tapisserie. On ne voit pas le motif en la tissant, mais on le découvre uniquement à la fin. J'aime bien cette idée. Je me suis rendue compte que je n'avais pas choisi grand-chose dans mon parcours. Par exemple je n’ai pas choisi la médiatisation. Ça s'est vraiment imposé à moi à chaque fois. Et mon livre a d'abord été refusé par tous les éditeurs. Je pense que l'égo était encore un peu trop présent. Je me suis dit que j'avais déjà fait un livre sur l'amour, et que j'allais bien trouver un éditeur qui allait l’accepter puisque j’étais médiatisée. Mais ils ont tous refusé. Pourtant j'avais le sentiment intime que c'était ce qu'il fallait que je fasse, J'ai même arrêté de travailler pour cela. Et puis mon livre est arrivé chez les éditions Eyrolles, sans que je le choisisse. Je pense que lorsque l’on veut quelque chose, la vie nous dit parfois
« bien non c'est pas le bon moment, c'est pas la bonne personne, c'est pas ce qu'il faut pour toi. »
On est au début d'une transformation majeure.
Nous vivons une phase de transition importante pour l'humanité. Il y a-t-il une augmentation selon vous de ce genre de phénomènes?
On est au début d'une transformation majeure, c'est la fin d'un monde et les balbutiements d'un nouveau. Et c'est pour cela que je me vois comme une fourmi qui travaille au même titre que plein d'autres fourmis à la transformation, comme vous le faites avec Inexploré. Il y a des ouvertures de conscience, d'autres façons de voir la vie et la mort qui émergent. C'est la fin d'un monde matérialiste qui malheureusement passera par des événements extrêmement douloureux comme des guerres, pour arriver à autre chose. Malraux disait
« le siècle sera spirituel, religieux, ou ne sera pas. » Je le vois beaucoup chez mes patients, il y a des transformations importantes. Je ne pense pas d’ailleurs que les rencontres patients-thérapeutes se fassent par hasard…